Le Pays Malouin

Savez-vous où se trouve la rue Jules Le Clerc ?

- Marie LOQUET

Nous poursuivon­s notre série sur les rues de Cancale avec la rue Jules Le Clerc, du nom du « poète des bancs de Terre-Neuve ». Selon les écrits, le nom de Jules Lecler prend ou non un « c » (1).

a rue Jules Le Clerc se situe à Port-Mer et surplombe la plage. La rue est en fait une impasse. Elle commence sur la rue Eugène et Auguste Feyen, qui borde la plage de Port-Mer, et remonte vers l’avenue de la Côte d’Émeraude.

De belles maisons de bord de mer bordent la rue, tranquille même au coeur de l’été puisque c’est une impasse.

LIl n’y a que très peu d’écrits de et sur Jules Leclerc. C’était un poète cancalais. On retrouve ses poèmes dans un livre écrit par le Père Yvon.

Dans son livre paru en 1944, « Les grands coeurs de la Houle. Les Terreneuva­s. »,

le Père Yvon explique avec moults détails la vie sur son navire hôpital, le SaintYves, qui parcourt le « Grand Banc »

de Terre-Neuve. Comme aumônier, il apporte une présence réconforta­nte, il distribue le courrier, et, si besoin, prend en charge des malades ou des blessés. Dans ses récits, le Père Yvon raconte la vie hors norme, on pourrait même dire parfois inhumaine, « Lorsque pour moissonner dans la plaine liquide,

Nous partons en doris, sans souci du trépas,

Par le brouillard épais, la boussole nous guide,

Dans les sillons mouvants, nous semons les appâts,

Mais hélas, trop souvent, sur les grands flots perfides,

Notre esquif égaré s’abandonne au courant,

Et l’on voit sur les Bancs, les pêcheurs intrépides,

Perdus dans le brouillard et retrouvés mourants. » de ces pêcheurs qui aiment cependant leur métier.

Son livre est parsemé de poèmes empreints de la rudesse du métier et de la beauté sauvage et dangereuse de cette zone des « Grands Bancs », mais aussi de la vie « de ce temps-là », avec les poèmes de Théodore Botrel par exemple.

Certains de ces poèmes ont été écrits par un Cancalais, pêcheur lui aussi, celui que l’on nomme le « poète des Bancs », appelé aussi « Bleu pâle ». Son nom était Jules Leclerc. Né en 1882, il est mort en 1949, à l’âge de 67 ans. On ne connaît pas grand-chose sur lui en dehors des écrits du Père Yvon.

Le Père Yvon publie les poèmes de Jules Leclerc, en ne mentionnan­t pas son nom. Il dit simplement « Le poète des bancs ».

L’un de ses poèmes évoque la brume [Lire ci-dessous], qui est le grand fléau du « Grand Banc » de Terre-Neuve. De nombreux pêcheurs se sont perdus dans la brume, à bord de leurs doris. C’est la rencontre des eaux chaudes du Gulf Stream et des eaux froides du Labrador qui crée cette brume. Les doris sont alors de bien frêles esquifs loin de leur goélette qu’ils peinent à retrouver.

Un autre montre combien les terre-neuvas étaient, malgré la rudesse du métier et tous les tracas, attachés à la « Grande Pêche ».

Il faut souligner que l’on ne connaît pas d’autre retranscri­ption des poèmes de Jules Leclerc, en dehors du livre « Les grands coeurs de la Houle. Les Terreneuva­s », du Père Yvon. Le livre du Père Yvon n’est plus édité, seuls quelques exemplaire­s sont encore en circulatio­n.

(1) C’est un petit mystère mais dans les écrits que nous avons consultés, Lecler(c) est écrit en un seul mot [C’est pourquoi nous l’écrivons ainsi dans l’article]. Il n’y a que sur la plaque de la rue qu’on le trouve en deux parties. Plus étrange encore, une recherche sur un site de généalogie fait apparaître Jules Le Clerc, alors que ses parents et ses frères et soeurs portent le patronyme Leclerc...

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