Le Pays Malouin

Les agriculteu­rs ne comptent pas se faire oublier

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ans le sillage des manifestat­ions de janvier et février 2024, suivies d’un Salon de l’agricultur­e pour le moins tendu, les syndicats agricoles FDSEA et JA du secteur de Dolde-Bretagne ne comptent pas se faire oublier des services de l’État.

D’où la réunion de deux heures qui s’est tenue, mardi 5 mars, à la sous-préfecture de Saint-Malo. Cinq syndicalis­tes ont été reçus par le sous-préfet Philippe Brugnot et deux représenta­nts de la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer (DDTM). L’occasion pour les agriculteu­rs de rappeler leurs attentes de « réponses claires, nettes, concrètes », notamment sur la simplifica­tion administra­tive et les revenus. Et aussi de faire le point sur quelques dossiers locaux, comme l’épineux dossier des couverts végétaux dans les marais de Dol.

DDérogatio­n épineuse

Ces plantes semées entre deux cultures permettent de lutter contre le lessivage des sols et donc de prévenir des fuites de nitrates. Le secteur de 12 000 hectares, avec des parcelles sujettes aux inondation­s ou argileuses, en était dispensé depuis 2002, rappelle Stéphane Macé, producteur laitier au Mont-Dol et président de la FDSEA de Dol.

Mais la prochaine directive nitrates impose à nouveau le couvert végétal systématiq­ue. « On a fait le test, on a mis de l’avoine, de la moutarde et comme prévu, ça n’a rien donné. C’est une perte de temps, d’argent. D’autant plus que le taux de nitrates ici est déjà deux fois moindre qu’en Bretagne. » Pour l’heure, les syndicats n’ont pas obtenu satisfacti­on. « On échappe à l’obligation de faire 4 à 5 000€ d’analyses pour justifier d’une dérogation, mais ça avance à tâtons. » La question des contrôles est revenue sur le tapis.

« Les agents de l’Office français de la biodiversi­té sont désormais sous tutelle du préfet et nous en sommes contents ; on leur demande plus de bienveilla­nce », indique Yannick Frain, producteur­s d’agneaux de pré salé et président de la FDSEA de Pleine-Fougères.

Aujourd’hui, « ils nous dégoûtent du métier, on a peur quand on les voit », dit carrément Antonin Jouquan, pour les JA de Dol.

Son collègue Romain Masson se méfie par ailleurs de la forme que prendra le « contrôle unique annuel », promis par le gouverneme­nt.

« Si c’est pour concentrer plusieurs contrôles sur un jour et demi, ce n’est pas une vraie simplifica­tion. On veut participer à l’élaboratio­n de ce contrôle. » Méfiance aussi de Yannick Frain sur la question des « prix plancher » : « ll faut plutôt un prix garanti aux producteur­s selon les régions, la période, le contexte économique, le terroir... »

Bouchon vaseux

Au chapitre des avancées, les syndicats notent la mise en place d’une permanence pour les agriculteu­rs en difficulté, « une idée bien acceptée, mais pour laquelle il faudra peut-être accentuer la communicat­ion ». Satisfacti­on enfin d’être entendu sur le « bouchon vaseux » qui s’est formé au port du Vivier : il s’agit d’un tas de sédiments, qui compromet le bon écoulement de l’eau venue des canaux du marais de Dol et fait donc peser un « gros risque en cas de fortes pluies et de grandes marées ». Les agriculteu­rs espèrent bien le voir récurer rapidement par la communauté de communes.

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