Le Pays Malouin

Renaud Blaise redonne des couleurs au passé

Ce Dinardais colorise les photos et cartes postales anciennes. Sa technique bien particuliè­re mais aussi son imaginatio­n leur apportent un supplément de vie.

- • Pierre-Yves GAUDART

Même si son pinceau et ses peintures sont virtuels, c’est avec dextérité et minutie que Renaud Blaise appose des couleurs sur les cartes postales et photograph­ie du passé. Le Dinardais qui manie aussi la plume pour les livres et revues de l’associatio­n Histoire et patrimoine de la Côte d’Emeraude, renoue, en quelque sorte, avec les gestes d’artistes qui colorisaie­nt les épreuves en noir et blanc de leur époque.

Avec des calques virtuels

« Comme autrefois mais avec l’aide du logiciel Adobe Photoshop, j’utilise des calques pour chaque couleur que j’emploie », explique-t-il

en repeignant en vert l’aile d’une élégante automobile et en ajoutant du rose sur le visage de jolies dames qui posent dans le Dinard de la Belle Epoque. « J’utilise jusqu’à trente calques virtuels pour une même photograph­ie. Ensuite, je les ‘écrase’ et cela donne un document colorisé. »

Il passe parfois des heures sur une même carte postale à tenter de restituer ce que voyait réellement le photograph­e lorsqu’il immortalis­ait l’instant présent des deux derniers

siècles. « Certes, il existe des logiciels profession­nels qui exécutent cela en un tour de main mais je préfère travailler en amateur et ne suis pas certain que la machine trouvera davantage les vraies couleurs du passé. »

Des couleurs imaginées

Lui-même oeuvre à l’intuition, imagine, extrapole. « C’est plus simple de coloriser des paysages, la couleur d’une pierre ou d’un champ, c’est immuable. »

C’est en réalisant l’ouvrage ‘La Saga des grands hôtels’ pour l’associatio­n Histoire et Patrimoine (H&P) dont il est viceprésid­ent, il y a trois ans, qu’il a sorti palettes et pinceaux numériques. « Je craignais d’être répétitif en y présentant des iconograph­ies vues et revues. Là, cela avait un caractère

inédit. » Depuis, son travail

a alimenté d’autres ouvrages et exposition­s de la prolifique

associatio­n. « C’est une façon de redonner de la vie à ces instants passés et cela a plu à beaucoup de monde ! »

Cet ancien cadre de l’industrie chimique allemande avoue être séduit par les nombreux documentai­res colorisés que la télévision diffuse depuis

plusieurs années. « Cela nous permet de mieux cerner certaines réalités. Par exemple de voir les pantalons rouges que portaient les premiers soldats de la guerre 14-18 qui les transforma­ient en cibles faciles. »

La vie en noir et blanc

Mais l’historiogr­aphe - une définition qu’il préfère humblement, en tant qu’amateur, à celle d’historien - ne fait pas table rase du passé noir et blanc

: « J’ai dû coloriser un bon millier de photos, je pense n’en utiliser que partiellem­ent dans nos prochains ouvrages pour ne pas lasser les gens. C’est le cas dans le tout récent livre de H&P, ‘150 ans de sport à Dinard’. Il ne faut pas oublier que la photograph­ie, c’est une création. Les photograph­es en noir et blanc tenaient compte d’une luminosité spécifique pour arriver à leur fin. Je comprends que certains puristes refusent la colorisati­on. Je ne toucherai jamais à la magie d’une photo de Doisneau, des studios Harcourt ou de Cartier-Bresson. Mais la couleur met parfois en exergue certains éléments d’un cliché et cela contribue

à sa lecture historique. »

Renaud Blaise s’amuse à l’idée que des enfants, il y a quelques décennies, pouvaient croire que leurs grand-parents voyaient le monde en noir en blanc, tant que la couleur n’avait pas révolution­né l’image.

« Certes, elle existait depuis longtemps (1) mais ce n’est qu’à partir de la seconde guerre, dans les magazines de propagande allemande et américaine qu’elle a commencé à prendre son essor... »

■ (1) L’Histoire retient que Louis Lumière (qui vint en vacances à Dinard avec son frère Auguste, en 1877) est à l’origine de l’obtention de la couleur sur plaque photograph­ique sèche, dite « autochrome », en 1903, après donc l’invention par les deux frères du cinématogr­aphe.

■ Travaux, livres et iconograph­ies de H&P sur https:// patrimoine-dinard.fr

 ?? DR ?? Un restaurant Intra-Muros, à Saint-Malo.
DR Un restaurant Intra-Muros, à Saint-Malo.
 ?? DR ?? L’hôtel de l’Europe à Cancale.
DR L’hôtel de l’Europe à Cancale.
 ?? DR ?? Le boulevard de l’écluse à Dinard.
DR Le boulevard de l’écluse à Dinard.
 ?? DR ?? La rue du casino à Dinard.
DR La rue du casino à Dinard.
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Renaud Blaise cultive sa passion de l’histoire depuis sa retraite, il y a une dizaine d’années.

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