Le Pays Malouin

Marie-Annick raconte son exode

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Marie-Annick Robin Massé, qui fait partie du groupe de témoins de la guerre, apporte des souvenirs inédits en relatant l’exode vers l’Auvergne, qu’elle a connu, enfant.

Marie-Annick habite La Gouesnière depuis août 1957, et elle n’a pas connu le conflit mondial dans la commune. Mais elle participe aux rencontres avec les autres témoins de la guerre, et son expérience personnell­e a fait connaitre aux autres , un aspect différent de ces semaines de 1940. Car à la Gouesnière, les habitants sont restés chez eux, dans leur ferme, avec leurs bêtes !

Marie-Annick est née en décembre 1933, elle a donc 7 ans lorsque les troupes allemandes envahissen­t la France et elle habite à Betton, avec ses parents, et ses cinq frères et soeurs.

À l’annonce de l’arrivée proche des Allemands, ne croyant sans doute pas qu’ils envahiraie­nt tout le territoire, ses parents décident de quitter la ville pour aller se réfugier chez la grand mère, en Auvergne .

Marie-Annick est la seule du groupe a avoir connu ce départ sur les routes, avec la peur des bombardeme­nts et des soldats.

« Un Iclaire très méchant »

Elle raconte : « Après une période incertaine pendant laquelle on parlait d’un certain ‘Iclaire très méchant’ il a été décidé que nous partirions pour Vabret, la maison de notre grand-mère paternelle, très loin, en Auvergne. Nous voici donc en voiture (une petite Simca 5) cinq enfants (les grands) à l’arrière, notre mère au volant, tante Jeanne à côté d’elle, le bébé sur les genoux , et le véhicule bourré de toutes sortes de choses. Nous avons roulé cinq jours, couché en route quatre nuits, dans des lits, sur la paille...une fois nous nous sommes arrêtés sur une place, panne sèche. Le pompiste n’avait plus d’essence. Des gens ont entouré la voiture, en s’exclamant : ‘Des enfants, que d’enfants, il te reste bien un peu d’essence !’ Il en a retrouvé un fond de cuve, et nous sommes repartis. »

Marie Annick ne se souvient pas des autres voitures, fuyant comme eux, mais son frère Michel lui a dit que par moment on ne pouvait pas avancer, à cause des embouteill­ages. Elle ajoute : « Notre mère ne s’est jamais montrée affolée, ni même inquiète, j’ai donc toujours eu l’impression que tout était normal. Notre père nous a rejoint plus tard, traversant en vélo la ligne de démarcatio­n, se cachant dans les fossés. » Pour la petite fille, une bonne partie de la guerre se passera à la campagne, puis en pension, assez éloignée des tumultes de la guerre. C’est plus tard qu’elle viendra habiter La Gouesnière. • Recueilli par notre correspond­ante, Françoise BOCQUILLON

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Marie-Annick Robin Massé

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