Dodik Jégou, l’âme bretonne de Saint-Malo
La célèbre céramiste bretonne Dodik Jegou s’est éteinte à l’âge de 89 ans. Elle laisse derrière elle un héritage « artistique inestimable ».
J’ai appris avec tristesse le décès de Dodik Jégou », a annoncé, mercredi 3 avril, le maire de Saint-Malo Gilles Lurton. La célèbre céramiste bretonne s’en est allée l’année de ses 90 ans, laissant derrière elle un héritage « artistique inestimable ».
«Née à Quimper
Celle qui composa toute sa vie « des oeuvres d’une grande poésie qui touchent à l’universel » était née, en 1934, Marie-Charlotte Le Berre, à Quimper, aînée d’une fratrie de neuf enfants. Son père, héritier d’une famille de brodeurs, était l’inventeur du « kabig ». Il était aussi un homme engagé, régionaliste et membre du mouvement artistique Seiz Breur.
Contes et légendes bretonnes
Enfant, Dodik avait été initiée aux contes et légendes bretonnes qui inspireront toute son oeuvre. Aux Beaux-Arts de Quimper, elle rencontre le sculpteur qui allait devenir son mari, Gwen Jégou.
Arrivés à Saint-Malo en 1956
Tous deux s’installent, en 1956, comme potiers et céramistes, place de la Poissonnerie à Saint-Malo.
Il fallait aux deux artistes une ville « ouverte sur le monde », racontait l’artiste au Pays Malouin, en 2021. C’est ici, donc, que Dodik se met à peindre « les plus belles légendes bretonnes sur des petits carreaux de faïence ».
L’hommage de l’Unesco
L’art de la « conteuse céramiste » est salué bien au-delà de la région. Dodik a exposé dans toute l’Europe, réalisé des fresques jusqu’en Australie ou en Asie et ses réalisations ornent une cinquantaine de lieux publics et privés en Bretagne et en France. En 1985, l’Unesco lui a rendu hommage en exposant ses oeuvres autour des « légendes des pays celtiques ».
En 1997, elle est décorée des Palmes Académiques. Un an plus tard, en 1998, elle reçoit la plus haute distinction bretonne, le Collier de l’Hermine.
Les grands noms de la culture bretonne
« Femme de lettres, Dodik avait aussi créé en 1979 avec son mari Gwen le Petit Théâtre ‘Rencontres chez Gwen et Dodik’ où ont été accueillis les grands noms de la culture bretonne : Per Jakez Elias, Youenn Gwernig, Irène Frain, Glenmor, Michel Le Bris... » rappelle Gilles Lurton.
La Maison Internationale des Poètes et des Écrivains
En 1990, c’est elle encore qui ouvre « avec le soutien du maire René Couanau et de son adjoint Henri-Jean Lebeau la Maison Internationale des Poètes et des Écrivains (Intra-Muros). Ce lieu emblématique, elle a su le faire vivre pendant trente années et elle y a accueilli plus de 3 000 artistes et personnalités ».
Pour l’éternité
Le 11 décembre 2021, c’est la médaille de la Ville de Saint-Malo, qui lui avait été remise par Gilles Lurton, lors d’une exposition rendant hommage à sa « vie d’artiste » bien remplie. Dans les murs de la chapelle Saint-Sauveur, le public avait (re)découvert la force évocatrice de ses oeuvres, la poésie de ses couleurs vives et de son trait « pseudo naïf » restées intactes. Pour l’éternité.
« Dodik a rejoint Gwen, son mari, Tugdual et Gaïde, ses enfants, tous artistes », poursuit le maire de Saint-Malo qui côtoyait l’artiste depuis son enfance.
« Grâce à son oeuvre, Dodik Jéjou nous a prémunis de tout ennui, malgré notre peine de ce jour ».