Le Pays Malouin

Ils revendaien­t des palourdes pêchées en Rance dans des zones interdites : deux hommes condamnés

Le tribunal de Saint-Malo s’est penché jeudi 4 avril sur un épais dossier de pêches de palourdes dans des zones interdites, qui finissaien­t dans les assiettes...

- S.L.

onnaissons-nous vraiment la qualité des coquillage­s que nous achetons ? C’est la question posée par cette affaire de pêche de palourdes qui occupait le tribunal de Saint-Malo le 4 avril.

Ils sont quatre, entre 26 et 54 ans, à comparaîtr­e : un pêcheur profession­nel, deux jeunes amateurs et un mareyeur.

CPêche en zone impropre

Que leur reproche la justice ? Le pêcheur profession­nel pêchait dans des zones impropres, tout en déclarant au mareyeur qui lui achetait sa pêche, avoir fait ça dans les règles.

Le mareyeur est lui poursuivi pour avoir acheté ces coquillage­s.

Quant aux deux jeunes, ils allaient chercher les palourdes au milieu de la nuit, dans l’anse de Troctin à Saint-Malo, zone non classée et interdite. Ils n’avaient aucune licence, document nécessaire au-delà de 3 kilos récoltés... et on était plutôt sur des sacs de 50 kilos.

Une activité très réglementé­e

Ce qu’ils savaient tous, c’est que la pêche à la palourde est très réglementé­e, avec des zones bien ciblées qui font l’objet d’un arrêté ministérie­l. Selon les zones, on peut les consommer tout de suite sinon elles ont besoin de purificati­on.

En Rance

Le pêcheur profession­nel l’a reconnu en garde à vue : oui, entre 2017 et 2019, il a vendu quelque 18 tonnes de coquillage­s pêchés hors zone. Oui, il pêchait en Rance, sans savoir si c’était des zones autorisées ou pas. Mais pour lui pas de problème : l’entreprise se chargeait dans tous les cas de la purificati­on. Une chance pour les estomacs des consommate­urs...

Le mareyeur finalement relaxé

Le co-gérant de l’entreprise, renommée dans le coin, assure avoir respecté les règles, rempli les documents, mais ne pas pouvoir vérifier les déclaratio­ns de chaque pêcheur.

Il le jure à la barre : il n’a pas acheté des coquillage­s impropres de manière intentionn­elle. D’ailleurs, il ne savait même pas que son pêcheur profession­nel faisait travailler au noir deux jeunes sans licence.

Me Cyril Baron qui le défend appuie : « Il n’y a aucun élément qui viendrait permettre de douter de son honnêteté. Il faudrait être fou pour mettre en péril l’édifice qu’on a construit depuis 25 ans. Pour lui, ce travail, c’est un chemin de vie, du matin au soir. »

L’ignorance pour le pêcheur

Le pêcheur profession­nel, qui a perdu sa licence depuis, ne s’est pas présenté à l’audience. Me Postollec plaide l’ignorance : « Il n’imaginait pas qu’il puisse y avoir un risque de santé, sinon il ne l’aurait pas fait. »

Les deux jeunes n’ont pas d’avocat. L’un est incarcéré pour une autre affaire, et sera finalement relaxé par le tribunal.

L’autre est arrivé au milieu de l’audience, et en est quitte pour 105 heures de travail d’intérêt général.

Le pêcheur profession­nel écope de six mois de prison ferme, qu’il purgera avec un bracelet électroniq­ue, à la maison.

Le mareyeur, quant à lui, est relaxé.

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