Les contours du bateau de Jacques Cartier se dessinent
Brieg et Tugdual Guyon veulent réaliser la réplique du bateau de la découverte du Canada par Jacques Cartier en 1534. Des étudiants et historiens ont planché sur ce projet qui se concrétise de plus en plus.
➜ Brieg Guyon, en quoi consiste le projet Jacques Cartier 2034 ?
Nous souhaitons réaliser une réplique de ce que devait être un des deux bateaux de la première expédition du Malouin Jacques Cartier qui a découvert le Canada, alors qu’il cherchait un passage vers la Chine. Nous avons prévu, avec ce bateau, de rallier le Québec, 500 ans plus tard, donc en 2034.
➜ Ce bateau ne sera pas une réplique exacte ?
Non, c’est impossible puisqu’on ne sait quasiment rien de ce navire. Seule indication relevée dans les récits de Jacques Cartier : il faisait 60 tonneaux et a embarqué 31 hommes d’équipage. Il n’y a pas de plan, on ne connaît pas non plus le nom de ce navire. Nous le baptiserons Nouvelle Hermine car un des bateaux de la 2e expédition, en 1535, s’appelait la Grande Hermine et l’hermine est un symbole de la Bretagne.
➜ Comment allez vous procéder à la reconstitution ?
Nous avons sollicité des historiens, des archéologues sous-marins, des spécialistes ; consulté des documents, des illustrations pour dresser les contours de ce bateau du XVIe siècle. Quinze élèves de l’école nationale supérieure des techniques avancées nous ont consacré 2 500 heures cumulées pour étudier le dimensionnement, les techniques de construction de l’époque et le prédimensionnement du navire.
➜ A quoi devrait ressembler la Nouvelle Hermine ?
Nous partons sur un trois mâts, à la silhouette ronde, capable d’accueillir donc 31 hommes d’équipage et 60 tonneaux - il en existe plusieurs variétés, mais nous avons retenu des tonneaux bordelais - dans sa cale. Nous avons construit une maquette pour les simulations. La Nouvelle Hermine fera 22 mètres de long et 6 mètres de large avec une quille de 14 mètres et un creux de 4 mètres. Nous pourrons affiner par la suite avec un historien qui connaît les bateaux du XVIe siècle.
➜ S’agira-t-il d’une construction à l’ancienne ?
Non, la Nouvelle Hermine est, comme son nom l’indique, un nouveau bateau, qui sera construit avec des méthodes modernes pour des raisons de délais et de budget. Il s’agit de l’évocation d’un navire ancien mais il doit accueillir des méthodes de propulsion moderne afin d’embarquer simplement cinq hommes d’équipage pour le manoeuvrer. Pour accueillir des passagers, il doit être équipé de matériel de sécurité, électricité, radar, etc.
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Jacques Cartier financerat-elle le projet évalué à un million d’euros ?
Des étudiants en master 1 d’entrepreneuriat de Rennes ont planché sur le sujet. Nous avons commencé à démarcher des entreprises, mais il faudra donner de la visibilité au projet, savoir s’il est possible de construire dans le port de Saint-Malo (en 2028-2029) dont nous avons rencontré les responsables. Nous souhaitons solliciter les collectivités locales, départementales, régionales. L’important, c’est aussi d’avoir un projet économique après le voyage à Québec, en 2034.
➜ Quel projet économique ?
Exploitation touristique, musée à ciel ouvert sur la marine du XVIe siècle, complément d’un musée à Saint-Malo ou au Québec ? Etre le vecteur de l’histoire de Jacques Cartier, personnage central de Saint-Malo, mais aussi de la construction navale dans l’embouchure de la Rance ? Les discussions sont ouvertes.
Recueilli par Pierre-Yves GAUDART
■ Contact : association Jacques Cartier 2034 : 06 72 83 16 57. Site : https://jacquescartier2034.org/