La belle success-story des pochettes de Linda
Lorsqu’elle était infirmière, Linda Lemarié n’en pouvait plus des crayons qui tombaient de la poche de sa blouse. De là est née son entreprise dont le succès est allé crescendo. Elle emploie aujourd’hui huit personnes à La Gouesnière.
Si on m’avait dit en 2015 que j’en serais là, j’aurais répondu que ce n’était pas possible... » Linda Lemarié est aujourd’hui à la tête d’une entreprise qui a réalisé environ 600 000 € de chiffres d’affaires en 2023. Et hop dans la poche !, c’est le nom de sa société, fabrique et vend des pochettes à rabat aimanté. Cela fait travailler huit personnes, à La Gouesnière, dans des locaux plutôt discrets de 150 m2, dans la zone artisanale de L’Outre. Ici, on gère environ 80 commandes par jour. Une vraie success-story.
«Un problème agaçant
Pourquoi ? Parce que Linda Lemarié, qui a été infirmière durant 12 ans à la polyclinique de La Rance, à Dinan, a trouvé une solution à un problème quotidien des soignants, qui l’agaçait prodigieusement : les crayons qui tombent de la poche des blouses, parfois dans des endroits gênants, et qu’on ne trouve plus au moment où on en a besoin. « Un soir, je suis allée à ma machine à coudre et j’ai réalisé ma première pochette, que j’ai amenée fièrement le lendemain à la clinique. »
Sa trouvaille séduit rapidement ses collègues : elle se cale bien dans la poche des blouses blanches. Plastifiée, elle se désinfecte facilement. Avec le rabat aimanté, les crayons restent en place. Et quand ils coulent, pas de tâche sur la blouse.
Le grand saut... avant le Covid
« Quelques mois plus tard, j’ai créé mon autoentreprise parce que les demandes allaient au-delà de la clinique. Je n’avais pas spécialement d’ambition. Je voulais juste être dans la légalité ! » Grâce au bouche-à-oreille, aux réseaux sociaux, puis à une première petite boutique en ligne, les demandes n’ont plus cessé d’affluer. « Avec mes trois enfants, plus mon travail, j’étais un peu envahie. Je suis passée en trois-quarts temps, puis à mi-temps. » En 2018, elle crée la société. Elle finit par prendre un congé sabbatique « pour écouler le retard », puis fait enfin le grand saut : « J’ai démissionné en mars 2020... juste avant le Covid ! » En 2021, l’entreprise déménage de Saint-Méloir-desOndes à La Gouesnière en doublant sa superficie.
Ultra-personnalisées
L’une des clés du succès de Et hop dans la poche !, c’est « l’ultra-personnalisation » des pochettes, qui va bien au-delà des couleurs et des motifs. On peut y mettre, classiquement, son prénom et sa fonction, mais aussi la photo d’un animal, des enfants, une phrase drôle (du style « ne vous en faites pas tout Fabien ») ou pas, un surnom... « Dans le soin, on ne peut pas avoir les cheveux détachés, porter de bijoux ou de vernis à ongles : alors les pochettes permettent d’apporter un peu de couleurs et de paillettes ! »
Pour un établissement de santé, elles simplifient la gestion des blouses règlementaires : pas besoin de les personnaliser, la pochette s’en charge. Certains Ehpads demandent à ce que l’écriture soit très grosse pour permettre aux résidents de lire. La pochette peut aussi se glisser dans un sac, contenir d’autres objets, plaire à des étudiants infirmiers, des enseignantes, des agents d’usine qui travaillent en blouse, etc. « Mais les soignants constituent 98 % de nos clients. »
Les Imparfaites
Entre 2018 et 2023, le chiffre d’affaires a été multiplié par dix. Et Linda Lemarié a pu s’entourer de salariés. Particularité, elle n’a embauché que des gens qu’elle connaissait déjà par ailleurs. « Je ne suis pas très organisée alors je mise sur des compétences différentes des miennes », sourit la chef d’entreprise. Quitte à provoquer une reconversion : « Fanny était cuisinière, elle n’avait jamais touché une machine à coudre. »
Florian, quant à lui, a été troisième meilleur apprenti de France en pâtisserie ; il est désormais en charge de la promotion chez Et hop dans la poche ! et vient de lancer un nouveau site Internet dédié aux « Imparfaites ». Y sont vendues, à prix réduit, des pochettes ayant été écartées à cause d’un raté dans la personnalisation, tout en étant fonctionnelles.
« Plein d’idées »
« On a encore plein d’idées mais on manque de temps pour les mettre en oeuvre », avoue Linda, qui a eu du mal à se débarrasser du « syndrome de l’imposteur ». « Je me dénigrais, je me sentais toute petite. » Fonctionnant à l’instinct, elle n’a pourtant jamais hésité à saisir des opportunités. Elle a aussi fait des choix audacieux, comme celui de confier la découpe des rouleaux de tissus à l’atelier de la prison des femmes de Rennes. « C’est du lien social, ça me tenait à coeur. C’est une source de revenus pour les détenues. » Est-ce aussi un gain financier pour l’entreprise ? « Non, ça serait plus rentable pour mois d’embaucher une personne à temps plein. »
« Atypique »
Ses salariés, justement, profitent d’un environnement de travail « flexible », avec des horaires souples, la possibilité d’amener son animal au travail, etc. « On est une entreprise atypique, c’est possible car nous sommes une petite équipe », sourit Linda.
Et l’avenir ? Récemment, l’ancienne infirmière a bénéficié d’une formation à l’ESSEC Business School, subventionnée par la fondation Goldman Sachs dans le cadre de l’opération 10,000 Small Businesses, s’adressant aux dirigeants de petites entreprises. « C’était une formation sur quatre mois, à La Défense. C’était incroyable. Le but était d’établir un plan de croissance, mais ça m’a surtout permis de savoir où j’allais. J’ai décidé de rester à cette échelle. L’enjeu aujourd’hui c’est d’optimiser l’existant. » Et ainsi de continuer à « mettre des paillettes » dans le quotidien des soignants !
■ À partir de 15€ la pochette personnalisée. Site Internet : www.ethopdanslapoche.net
■ Pour Les Imparfaites : imparfaites-ethopdanslapoche.net (à partir de 10€ la pochette).