Le Pays Malouin

Les élus de la Rance se rebiffent

En colère car la gestion du surenvasem­ent de l’estuaire de la Rance piétine depuis trop longtemps, l’associatio­n Collectif des maires des bords de Rance s’échauffe un peu plus.

- N.F

as de plan pérenne 20232043 et pas de financemen­t stable de la gestion des sédiments de l’estuaire de la Rance. « On va finalement se retrouver avec un plan transitoir­e sur la période 20242029, peu ambitieux ».

P« Colère froide » et « exaspérati­on »

David Boixière, son président, avait beau avoir déjà détaillé la situation dans un courrier la semaine passée, l’associatio­n Collectif des maires des bords de Rance était au sortir du Copil (comité de pilotage) sur la gestion des sédiments de la Rance maritime qui s’est tenu à Dinan vendredi 29 mars 2024, toujours remontée comme une horloge.

« Déception », « colère froide », « exaspérati­on » quant au temps perdu, les mots n’ont pas manqué lors de la conférence de presse programmée après la réunion présidée par le préfet de Région Philippe Gustin.

Plan transitoir­e a minima

Pour rappel, un Plan de gestion pérenne de gestion devait succéder au plan expériment­al 2018-2023 jusqu’à échéance de la concession de l’usine marémotric­e de la Rance en 2043.

Après un plan expériment­al déjà décevant (30 000 m3 de sédiments extraits, hors piégeage à Lyvet, contre un objectif de 250 000 m3, et une valorisati­on des sédiments congrue), le nouveau plan transitoir­e 2024-2029 prévoit l’extraction de 320 000 m3 de sédiments sur cinq ans. Loin du volume idéal de 200 000 m2/ an à extraire attendu pour à la fois stabiliser l’apport en sédiments et extraire du stock, précise l’associatio­n qui dénonce un financemen­t trop étriqué.

Tarificati­on verte

EDF n’en prend que 50%, quand les collectivi­tés locales contribuen­t à 25%. « Nous réclamons que l’État et son concession­naire EDF assument la responsabi­lité de la concession et prennent en charge le coût de gestion des sédiments », indique David Boixière, dont l’associatio­n réclame, depuis plusieurs années, « une tarificati­on verte pour l’énergie produite par l’usine marémotric­e de la Rance. » C’est-à-dire un tarif du prix d’achat réévalué qui viendrait financer la gestion des sédiments. La question de ce tarif était suspendue à la fin du plan expériment­al. Elle sera réabordée lors d’un rendez-vous fixé le 24 avril à Paris avec Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique. « On n’avance pas. Il faut des décisions politiques. Il y a une seule usine marémotric­e en France, il faut un régime dérogatoir­e », considère le sénateur des Côtes-d’Armor Alain Cadec, présent à Dinan, vendredi.

Un conseil scientifiq­ue local indépendan­t

Pour sa part, l’associatio­n Collectif des maires va demander une visite sur site au ministre. Agacée par les revirement­s du conseil scientifiq­ue, elle annonce aussi accompagne­r la création d’un autre local et indépendan­t, comme observer et soutenir l’action en justice menée par Rance Environnem­ent contre l’Etat et EDF pour déterminer quelles sont leurs responsabi­lités dans le surenvasem­ent de l’estuaire de la Rance. Et donc quelle est la part financière, dont ils doivent s’acquitter. Une audience devrait se tenir fin mai.

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