Le Pays Malouin

Un film avec José Bové (ou presque) nous plonge dans les coulisses de l’Europe

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À Dinard et Dinan, le film Une affaire de principe a été projeté en avant-première chez Émeraude cinémas le 26 mars 2024, en présence du réalisateu­r Antoine Raimbault et de l’exdéputé européen José Bové, incarné à l’écran par le comédien belge Bouli Lanners. e film sortira en salle le 1er mai 2024. Il nous plonge dans une enquête parlementa­ire initiée il y a plus de dix ans par José Bové, lorsqu’il était député européen. Une enquête sur fond de trafic d’influence et de corruption face aux lobbies du tabac et qui pose aussi la question de l’indépendan­ce de l’OLAF, l’Office européen de lutte anti-fraude.

C➜ Antoine Raimbault, tout ce que l’on voit dans le film s’est réellement passé ?

L’essentiel est vrai. Ce qui change, c’est la forme. Il fallait mettre un peu d’action, sinon beaucoup de choses se seraient passées dans un bureau, mais ce n’est pas le genre de José qui a la bougeotte. Son histoire m’a plu. On a pu aborder à travers elle, pas mal de choses : la démocratie contre les intérêts privés, montrer les coulisses des Institutio­ns et différents protagonis­tes comme José Manuel Barroso qui était président de la Commission européenne ou encore John Dalli, l’ancien commissair­e européen à la Santé.

➜ Antoine Raimbault, estce que le tournage s’est déroulé dans les véritables institutio­ns européenne­s ?

Oui. Je n’aurais pas fait ce film si cela n’avait pas été possible de tourner là-bas. On s’est mis la pression pour qu’Une affaire de principe sorte le 1er mai, donc un mois avant les élections européenne­s du 9 juin.

➜ José Bové, pourquoi n’avez-vous pas joué votre propre rôle à l’écran ?

J’ai déjà joué mon propre rôle dans le monde réel, c’est là qu’est ma vraie nature. J’ai eu l’occasion de rencontrer le comédien Bouli Lanners, qui me représente dans le film. Nous avons trouvé beaucoup de points communs, car il est personnell­ement engagé contre le nucléaire en Belgique. Nous étions donc rapidement à l’aise pour discuter d’engagement­s. Il incarne presque naturellem­ent cette idée du contre-pouvoir.

➜ Nous sommes à quelques mois des élections européenne­s. Pourquoi faut-il aller voter le 9 juin prochain ?

Antoine Raimbault : Le film fait tout pour ne jamais renoncer à croire à la démocratie. Il y a des raisons d’être optimiste quand on voit que ce député européen fait bouger les lignes. Le droit triomphe à la fin.

José Bové : Là où est le véritable pouvoir, c’est au niveau européen. Si l’Europe ne vous intéresse pas, en tout cas, elle s’intéresse à vous. L’intérêt d’un scrutin à la proportion­nelle intégrale, c’est que chaque voix compte. Si une liste fait plus de 5%, elle aura des élus à siéger au Parlement européen. L’avantage avec ce système, c’est qu’il ne peut pas y avoir de concentrat­ion des pouvoirs par une majorité de groupe politique. Pour voter des textes de loi, il faut obligatoir­ement réunir trois, quatre, voire cinq groupes politiques qui ne sont pas d’accord sur tout, afin de trouver un consensus.

➜ José Bové, pourquoi n’êtes-vous plus député européen ? Que devenezvou­s ?

En 2009, je me suis engagé sur la liste menée par Daniel Cohn-Bendit. Une liste à moitié verte et à moitié citoyenne. J’ai eu la chance de pouvoir faire un second mandat de député européen, de 2014 à 2019. À la fin de celui-ci, j’avais alors 65 ans. C’est un âge suffisant pour arrêter et je pense qu’il est important de se fixer des limites. Je vis ma vie de retraité.

De notre correspond­ant, Matthieu BARON

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