Le Pays Malouin

Accusé d’avoir menacé de mort des élèves turbulents, le voisin d’une école relaxé

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La justice a finalement relaxé l’homme accusé par les élèves de l’école Montjoie à Saint-Malo de les avoir insultés et menacés avec une carabine.

e retraité avait fait parler de lui dans plusieurs médias français en février dernier, alors qu’il s’était emporté auprès d’enfants de l’école Montjoie à Saint-Malo dont il était voisin.

Ce 15 avril, le voilà jugé en comparutio­n immédiate au tribunal. Il arrive à la fois dépité et sûr de lui : il n’a jamais menacé de mort les enfants, ne les a pas insultés, et n’a pas brandi une carabine. Cette position, le prévenu va la maintenir tout au long de l’audience.

Alors que s’est-il passé le 20 février ? Les faits semblent un peu différents de ce qui avait pu être présenté initialeme­nt.

CDes coups dans sa balustrade

À la première récréation du matin, il avait constaté que des élèves tapaient dans sa balustrade, son petit jardin donnant sur la cour de l’école. Alors quand les mêmes enfants, décidément énergiques, sont revenus après la cantine pour taper dedans de nouveau, quitte à la dégrader sérieuseme­nt, il a « fait la grosse voix » nous raconte son avocat, Pierre-Yves Launay. C’est vrai aussi, il a dit qu’il fallait « les mater », dépité de constater que le surveillan­t ne réagissait pas.

Une carabine ou une branche de bois ?

Pourtant, un des enfants a assuré que l’homme de 64 ans avait brandi une carabine en les menaçant salement. Ce dernier réfute : c’était une branche de bois. Seulement voilà, les policiers ont trouvé chez lui une carabine, dans un sac, entourée de scotch. « J’étais entre deux déménageme­nts, je l’avais rangée dans un placard et pas déballée ».

« lls ne sont jamais repris par les surveillan­ts »

Les enfants ont aussi détaillé les insultes qu’ils disaient avoir entendues. « Comment ont-ils pu inventer ça ? » questionne la juge. « Mais enfin ! Je les entends dire ça à longueur de journée dans la cour de récréation ! C’est leur vocabulair­e, ce n’est pas le mien. Ils ont retourné la situation pour qu’on oublie les bêtises qu’ils étaient en train de faire. »

L’homme n’a pas la langue dans sa poche : « Ces enfants n’ont pas l’habitude d’être repris, puisqu’apparemmen­t ils ne sont jamais repris par les surveillan­ts. »

Ancien pompier

Ancien pompier profession­nel, l’homme est venu entouré de nombreux amis. Il a très mal vécu l’emballemen­t médiatique autour de cette simple « réprimande »... pour sauver sa balustrade. Depuis, « il est sous médicament, il ne dort plus et consulte un psychologu­e » explique son avocat.

« L’imaginaire des enfants »

Pour le procureur, pas de doute : le fait qu’une arme était dans un placard signe les menaces avec la carabine. Pour Me Launay, voilà qui est un peu léger : « La rumeur dit qu’il y a un fusil, on trouve un fusil, il est coupable. Non, ce n’est pas comme ça que la justice se rend. » Il évoque « l’imaginaire des enfants qui s’embrase » et surtout : le garçon qui a parlé de fusil a reconnu avoir menti. Enfin, aucun des enfants n’est représenté à l’audience.

Son client, qui a déménagé depuis, est relaxé. Une décision accueillie par les applaudiss­ements des nombreux soutiens de l’homme finalement blanchi.

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