« On n’avait jamais vu l’eau déborder comme ça », indique le maire de Saint-Malo
La cité corsaire a connu une série de grandes marées et des tempêtes avec une houle assez inédite occasionnant d’importantes inondations. Saint-Malo agglo répare la digue de la Brasserie qui a été malmenée par ses aléas climatiques.
« On n’avait jamais vu l’eau déborder comme ça. » Gilles Lurton, le président de Saint-Malo agglo, est revenu sur les dernières grandes marées qui ont frappé la digue du Sillon. En mars, le coefficient a atteint les 117 avec neuf marées successives qui ont dépassé le niveau marin de 12,50 mètres.
Même si les coefficients étaient moins élevés en avril, la houle a généré une importante submersion. « La rue Hippolyte de la Morvonnais et le quai Duguay-Trouin ont été complètement inondés. Ce qui n’était jamais arrivé à un tel niveau », poursuit le maire de Saint-Malo, ce jeudi 18 avril. En 2020, Saint-Malo Agglo a repris la gestion de la digue avec la compétence Gémapi (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations.)
Les détritus
Cet épisode exceptionnel a été amplifié par des déchets qui ont bouché les avaloirs, empêchant la mer de s’évacuer. La mairie avait demandé aux riverains de ne pas laisser leurs poubelles dehors, ce mardi 9 avril, jour de grandes marées. L’eau ruisselait dans les rues perpendiculaires à la digue jusque dans le port. « Quand nous sommes en alerte vagues-submersion, le niveau de l’eau du port est baissé pour laisser la mer s’écouler », poursuit Gilles Lurton.
Le point fragile
Saint-Malo a subi une succession de tempêtes assez inédites ces derniers temps. Même l’été dernier, au mois d’août, la houle a frappé fortement le Sillon. C’est rare de voir ce phénomène qui se produit généralement l’hiver.
En février 2023, la dépression Karlotta conjuguée aux grandes marées a laissé des traces sur la digue de la Brasserie. C’est le point le plus fragile et le plus exposé à l’assaut des vagues sur les 1,9 km de la digue. Environ 20 à 25 m2 de pierres avaient été arrachés par la force des vagues. « On a découvert les dégâts quand la mer est descendue », précise le président de Saint-Malo agglomération.
Face à cette situation, la collectivité a pris « des mesures de consolidations d’urgence. » Le restaurant de la Brasserie du Sillon a même fermé deux jours. Les quatre logements ont été évacués.
Un chantier à 93 000 €
Les équipes de l’agglo et son prestataire Eiffage ont démarré la réparation de la digue cette semaine. Ces chantiers chiffrés à 93 000 € s’étaleront par tranches successives jusqu’à la fin du mois de juin. Les techniciens effectuent ces travaux lorsque les coefficients sont bas.
En 2013, des travaux avaient déjà été réalisés sur cet ouvrage. « Le niveau de la mer monte plus vite que les prévisions. On s’inquiète pour cet immeuble », lâche Gilles Lurton.
De plus en plus de spectateurs
Ce n’est pas la seule source d’inquiétude pour le maire. Les grandes marées attirent de plus en plus de spectateurs. « On prend des arrêtés pour interdire l’accès, mais on a du mal à les faire respecter ». La mer peut rejeter des brise-lames ou des cailloux. « C’est un gros risque pour les personnes. On ne prend pas cet arrêté par plaisir mais pour protéger. »
Pour le moment, la police municipale ne verbalise pas, laissant une certaine tolérance aux spectateurs, mais peutêtre qu’un jour elle changera. Car dans l’équipe municipale, certains sont favorables aux amendes.