Le Pays Malouin

« On n’avait jamais vu l’eau déborder comme ça », indique le maire de Saint-Malo

La cité corsaire a connu une série de grandes marées et des tempêtes avec une houle assez inédite occasionna­nt d’importante­s inondation­s. Saint-Malo agglo répare la digue de la Brasserie qui a été malmenée par ses aléas climatique­s.

- Thomas SAVALLE

« On n’avait jamais vu l’eau déborder comme ça. » Gilles Lurton, le président de Saint-Malo agglo, est revenu sur les dernières grandes marées qui ont frappé la digue du Sillon. En mars, le coefficien­t a atteint les 117 avec neuf marées successive­s qui ont dépassé le niveau marin de 12,50 mètres.

Même si les coefficien­ts étaient moins élevés en avril, la houle a généré une importante submersion. « La rue Hippolyte de la Morvonnais et le quai Duguay-Trouin ont été complèteme­nt inondés. Ce qui n’était jamais arrivé à un tel niveau », poursuit le maire de Saint-Malo, ce jeudi 18 avril. En 2020, Saint-Malo Agglo a repris la gestion de la digue avec la compétence Gémapi (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondation­s.)

Les détritus

Cet épisode exceptionn­el a été amplifié par des déchets qui ont bouché les avaloirs, empêchant la mer de s’évacuer. La mairie avait demandé aux riverains de ne pas laisser leurs poubelles dehors, ce mardi 9 avril, jour de grandes marées. L’eau ruisselait dans les rues perpendicu­laires à la digue jusque dans le port. « Quand nous sommes en alerte vagues-submersion, le niveau de l’eau du port est baissé pour laisser la mer s’écouler », poursuit Gilles Lurton.

Le point fragile

Saint-Malo a subi une succession de tempêtes assez inédites ces derniers temps. Même l’été dernier, au mois d’août, la houle a frappé fortement le Sillon. C’est rare de voir ce phénomène qui se produit généraleme­nt l’hiver.

En février 2023, la dépression Karlotta conjuguée aux grandes marées a laissé des traces sur la digue de la Brasserie. C’est le point le plus fragile et le plus exposé à l’assaut des vagues sur les 1,9 km de la digue. Environ 20 à 25 m2 de pierres avaient été arrachés par la force des vagues. « On a découvert les dégâts quand la mer est descendue », précise le président de Saint-Malo agglomérat­ion.

Face à cette situation, la collectivi­té a pris « des mesures de consolidat­ions d’urgence. » Le restaurant de la Brasserie du Sillon a même fermé deux jours. Les quatre logements ont été évacués.

Un chantier à 93 000 €

Les équipes de l’agglo et son prestatair­e Eiffage ont démarré la réparation de la digue cette semaine. Ces chantiers chiffrés à 93 000 € s’étaleront par tranches successive­s jusqu’à la fin du mois de juin. Les technicien­s effectuent ces travaux lorsque les coefficien­ts sont bas.

En 2013, des travaux avaient déjà été réalisés sur cet ouvrage. « Le niveau de la mer monte plus vite que les prévisions. On s’inquiète pour cet immeuble », lâche Gilles Lurton.

De plus en plus de spectateur­s

Ce n’est pas la seule source d’inquiétude pour le maire. Les grandes marées attirent de plus en plus de spectateur­s. « On prend des arrêtés pour interdire l’accès, mais on a du mal à les faire respecter ». La mer peut rejeter des brise-lames ou des cailloux. « C’est un gros risque pour les personnes. On ne prend pas cet arrêté par plaisir mais pour protéger. »

Pour le moment, la police municipale ne verbalise pas, laissant une certaine tolérance aux spectateur­s, mais peutêtre qu’un jour elle changera. Car dans l’équipe municipale, certains sont favorables aux amendes.

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