Le Pays Malouin

Avec Ker Bâti, des clients sur le carreau

Ce sont des victimes collatéral­es de la liquidatio­n de l’entreprise de constructi­on Ker Bâti, filiale du groupe malouin Onyx. Une Brestoise explique comment elle a perdu 12 500 € en versant un acompte pour des travaux jamais réalisés.

- Pierre-Yves GAUDART

er Bâti était une société de constructi­on, basée à Pleudihen-sur-Rance, filiale du groupe malouin Onyx qui exploitait une vingtaine de supérettes, en France, sous franchise avec Monoprix et Franprix. Onyx avait créé cette société de constructi­on pour la rénovation et l’aménagemen­t de ses commerces alimentair­es mais cet édifice économique s’est effondré en quelques mois.

KOnyx Liquidée

Après les supérettes, c’est Ker Bâti qui a fait l’objet d’une liquidatio­n judiciaire en mars. Puis Onyx, qui n’avait plus de raison d’être, a été liquidée, à son tour, il y a trois semaines.

Les salariés de ces structures ne sont pas les seuls à faire les frais de ce désastre économique et précipité. Une Brestoise, Virginie Bénard, explique que Ker Bâti a encaissé un acompte de près de 12 500 € pour réaliser une extension de sa maison qui ne se fera jamais. Et pour cause, la société n’existe plus.

Mais elle estime que les responsabl­es, connaissan­t les difficulté­s de leur entreprise, n’auraient pas dû s’engager. « Ils auraient pu me rembourser en février alors que j’ai eu plusieurs échanges avec Laurent Castel, l’un des deux associés d’Onyx, voyant que les travaux ne démarraien­t pas. A plusieurs reprises, on m’avait promis de m’indemniser après avoir annulé le devis. On m’a fait patienter en vain. J’ai compris que je ne reverrais pas mon argent lorsque Laurent Castel m’a appris, le 5 mars, que Ker Bâti venait d’être liquidée, le jour même. »

Signalemen­ts aux tribunaux

Virginie Bénard découvre alors les nombreux articles sortis sur le groupe Onyx. Elle apprend que Laurent Castel était interdit de gestion depuis décembre 2019, pour cinq ans (1) et décide de ne pas en rester là. « Je ne roule pas sur l’or, je suis assistante maternelle. L’extension était destinée à mieux accueillir les enfants. J’ai contracté un emprunt qui me coûte 976 € mensuels pour ces travaux. J’ai donc sollicité UFC que Choisir, la Répression des Fraudes, et écrit au tribunal de Libourne qui a prononcé l’interdicti­on de gérer de Laurent Castel en 2019 ainsi qu’au tribunal de Neuilly et au procureur de Brest dans l’intention de porter plainte. »

Un client de St-Nazaire également

Virginie Bénard est persuadée qu’elle n’est pas la seule victime collatéral­e du groupe Onyx. « Je suis en contact avec une personne de Saint-Nazaire qui aurait un préjudice de 27 000 €», assure la Brestoise.

Contacté, Alexis Desilles, l’ex-PDG de feu Onyx, assure que Virginie Bénard est la seule particuliè­re à connaître ce préjudice. « J’en suis désolé. En difficulté­s, nous avons proposé à la dame de faire réaliser son chantier par des entreprise­s partenaire­s mais elle a fini par refuser. »

Les 12 500€ d’acompte auraient-ils été reversés aux entreprise en question si le chantier avait pu voir le jour ? « Cellesci acceptaien­t de réaliser les travaux pour le montant fixé dans le devis. Elles nous rendaient service », répond Alexis Désille, plutôt évasivemen­t. En tout cas, impossible, pour lui, de rembourser la somme. « Je n’ai plus d’argent, j’ai parlé de cette situation à l’administra­teur judiciaire. Pour ma part, je ne peux plus prendre aucune décision. »

Quant aux 27 000 € concernant un chantier de Saint-Nazaire, ils seraient dus, non pas à un particulie­r mais à un profession­nel de l’immobilier, ce qui n’enlève rien au préjudice.

« Où est passé mon argent ? »

Virginie Bénard, très mécontente, assure qu’elle fera tout pour faire payer les 12 500 € envolés aux deux ex-associés d’Onyx. « Si j’ai refusé que d’autres entreprise­s reprennent mon chantier c’est parce que je n’avais plus aucune confiance en Ker Bâti que j’avais trouvée sur une plateforme internet. Je n’allais pas prendre le risque de verser les 2/3 du devis restants, encore une fois pour rien. Où sont passés mes 12 500 € ? Laurent Castel m’a dit qu’aucun matériau n’avait été acheté pour mon chantier. Je trouve anormal de voir des gens prendre de l’argent à leurs clients et se réfugier derrière la liquidatio­n de l’entreprise pour ne pas rembourser. C’est malheureus­ement fréquent. Nous, particulie­rs, si on a une défaillanc­e, on est fiché à la Banque de France. Si Monsieur Desilles est désolé pour moi, pourquoi ne m’appellet-il pas ? »

■ (1) L’intéressé se défend en disant qu’au sein d’Onyx dont il était associé à parité avec Alexis Desilles - il était directeur du développem­ent et non pas gérant, bien qu’il prenne de nombreuses décisions.

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