Comment faire comprendre les dangers du Grand Bé ?
En 2023, plus de cent personnes ont été piégées par la montée rapide des eaux en revenant du Grand Bé. Consciente du problème, la mairie évoque des pistes pour améliorer la communication.
On ne pensait pas que la mer pouvait monter si vite », s’étonnent des Alsaciens prêts à rejoindre le Grand Bé à Saint-Malo. Chaque année, la rapidité de la marée surprend de nombreux touristes et parfois même des locaux. Le charme de la petite montagne attire, mais n’est pas sans danger.
En 2023, les moniteurs de l’école de voile de Bon-Secours sont intervenus une centaine de fois. Et les sapeurs-pompiers ont secouru environ soixante personnes. « L’école de voile intervient en premier, car les moniteurs sont à côté », indique Erwan Cloarec, le commandant du centre de secours de Saint-Malo. De plus, les postes de surveillance de plage font aussi de la prévention l’été sans que les pompiers soient prévenus. Ces chiffres sont donc en deçà de la réalité.
«Un manque de communication
Souvent, les personnes piégées méconnaissent l’ampleur du phénomène qui reste unique au monde avec la baie du MontSaint-Michel. « Il y a besoin de perfectionner la communication », estime le chef des pompiers de Saint-Malo. « On voudrait améliorer la signalisation. Les marées à Saint-Malo sont extrêmes. Les gens ne s’y attendent pas », renchérit Florence Abadie, adjointe au maire en charge de la sécurité. « Il y a un manque d’information. Malgré les cinq panneaux, les gens ne savent pas ce qu’est un coefficient, même si on leur dit de consulter les horaires de la marée », ajoute l’adjointe.
Des QR Codes et un feu
Prochainement, la mairie va ajouter des QR Codes qui permettront de savoir précisément quand on peut se rendre sur l’îlot et quand ça devient impossible. « Ça va renvoyer sur le site de la Ville. » C’est une expérimentation que « l’on pourra dupliquer au Fort National », précise Florence Abadie. « J’ai d’autres idées plus visibles. »
L’élue songe notamment à un système de feu placé à proximité du passage du Grand Bé. Vert, on passe et rouge on stoppe.
« C’est un langage universel et accessible à tous. Ce serait un bon moyen d’avertir », approuve le chef des pompiers. Un système sonore pourrait aussi être envisagé, mais pour le moment rien n’est arrêté.
« On doit évaluer beaucoup de critères. Il faut que tout le monde soit d’accord », souligne Florence Abadie.
Qui pour remplacer Hugo Besnier ?
Hugo Besnier a bénévolement fait de la prévention pendant 13 ans. Le Sonneur des Bés a stoppé depuis peu, mais a certainement contribué à éviter de nombreux sauvetages et des drames. Aucun chiffre ne permet de dire pour le moment si les interventions sont à la hausse depuis son arrêt. Il faudrait comparer sur une année entière. Mais il a effectué un total « d’environ 1 300 marées. Je restais trois heures à chaque fois entre le Grand Bé, le Petit Bé et le Fort National ».
« C’était vraiment une bonne initiative de sa part. Des promeneurs avertissent encore, ça fait partie de la vie en communauté », indique Florence Abadie. La mairie n’envisage pas de placer une personne à chaque marée. Ce serait trop coûteux. « Notre police municipale est déjà très sollicitée. Nous n’arrivons pas à être partout », poursuit Florence Abadie.
La facturation n’est pas la solution
« Il faudrait taper dans le porte-monnaie de ces inconscients », lâche Marc sur les réseaux sociaux. Les sapeurs-pompiers peuvent facturer l’intervention 150 euros, mais ne le font jamais. « Ce n’est pas un moyen de dissuasion », estime le chef des pompiers. C’est même pire, car les victimes du Grand Bé pourraient être tentées de se jeter à l’eau pour éviter de régler la note. Donner la bonne information reste la meilleure solution envisagée.