Le hangar de la discorde : « Allez porter plainte », répond Arnaud Salmon à Frédéric Lemoine
Pour pouvoir investir, la Ville va souscrire 2 M€ d’emprunt auprès de la Banque des territoires et 5 M€ auprès de la Caisse d’épargne. Une partie va financer la construction d’un hangar de stockage des matériels techniques de la Ville dans le parc d’activités de Dinard. Sa livraison est espérée pour l’automne 2024.
Alors que cela avait été voté l’an dernier, le sujet du hangar destiné au stockage des services techniques est revenu sur la table du conseil municipal du 23 avril 2024. « On augmente l’endettement de la Ville de 7 M€ et on s’aperçoit qu’à hauteur de 4 M€ pratiquement, il s’agit de l’acquisition d’un hangar. 4 M€, c’est 80% de ce que vous investissiez par an en 2021 et 2022. Sauf erreur de ma part, cette opération n’a jamais été regardée dans le détail par la commission des finances du conseil municipal. Je ne comprends pas l’utilité de ce hangar. Je ne sais pas quelle est la mise en concurrence qui a pu être faite », s’exclame Frédéric Lemoine, conseiller municipal d’opposition (Dinard naturellement).
Une « opération douteuse » ?
Mais l’élu d’opposition a poussé l’argumentaire encore plus loin : « Il s’agit d’une acquisition auprès d’une société qui est liée à un groupe de travaux publics. Société avec laquelle votre propre société, M. le Maire a travaillé de nombreuses fois. Pourquoi acheter ce hangar à cette société ? »
C’est Pascal Guichard, conseiller municipal de la majorité, qui s’est chargé de répondre : « Je ne sais pas ce qui vous permet de dire ça, M. Lemoine. C’est moi-même qui ai présenté ce projet au conseil municipal. Il y a eu des études de faites. On a expliqué que ce sont dans les coûts normaux de ce type de hangar. On a fait une présentation spécifique pour justement éviter ces remarques à 100 balles. » L’opposition répond par un trait d’humour : « En tant que colonel à la retraite, veillez à ne pas vous associer à des opérations douteuses. » « Moi, j’estime ne pas être associé à une opération douteuse. Vous pouvez penser ce que vous voulez. N’hésitez pas à porter plainte », rétorque Pascal Guichard. « M. le Maire a délégué un sbire pour me répondre, mais j’aimerais que ce soit lui qui réponde », assène Frédéric Lemoine. Le maire a pris la parole : « M. Lemoine, tenez vos propos s’il vous plait. Je vous interdis de traiter mon collègue de sbire. »
« Allez porter plainte »
« Sur tous les liens que vous sous-entendez, je ne vais pas tomber dans ce débat », a indiqué le maire. « Dans ce cas, faites ce que mon collègue Pascal Guichard vous a proposé, allez porter plainte. Je n’accepte pas qu’on remette mon intégrité en question. C’est un sous-entendu malveillant, toxique, diffamatoire, populiste. »
Le dernier terme employé a fait bondir Frédéric Lemoine : « Arrêtez de me taxer de populisme. En général, le populisme est considéré comme le fait de faire des promesses et de dépenser l’argent des contribuables. Pas de veiller à la bonne utilisation des fonds publics. »
« Un achat d’opportunité »
« Pourquoi on a investi dans ce hangar ? Parce que la Ville a trop souffert de projets qui se voyaient, qu’on pouvait qualifier parfois de paillettes. Mais il faut investir dans le dur aussi, pour la gestion quotidienne de cette collectivité, comme on le fait aussi dans l’assainissement, la voirie ou dans les équipements », a exprimé l’édile. « Il n’y a plus un seul terrain en zone d’activité. Il y a une grosse tension et c’était un achat d’opportunité, non prévu. À 100 000 € par an jetés par les fenêtres (la Ville loue actuellement des locaux de stockage, NDRL), et bien moi, je préfère investir dans un bâtiment qui servira à la bonne gestion des deniers des Dinardais. »
Sur cette affaire, c’est Yannick Loisance, l’ancien adjoint aux finances, qui a fini par enfoncer le clou : « Je tiens à souligner que la commission des finances de début novembre n’a pas évoqué ce sujet. C’est probablement une des raisons majeures de ma démission parce que cette décision a été perçue par le fait d’un seul, vous-même, M. le Maire, sans aucune concertation. »