Le Penthièvre

Les profession­nels Asalée se sentent déconsidér­és par l’Etat

Le torchon brûle entre l’État et les profession­nels de santé membres de l’associatio­n Asalée, qui facilitent l’accès aux soins des patients.

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«

Notre système de soins primaires est en danger et Asalée est en première ligne », alerte Isabelle Amoros la présidente d’Asalée. Il s’agit d’une associatio­n entre médecins généralist­es et infirmière­s ou infirmiers délégués à la santé publique.

Ils identifien­t les besoins et les difficulté­s du patient et organisent les rendez-vous médicaux en concertati­on avec lui. Cette organisati­on, « qui a fait ses preuves », se flatte de répondre à la crise de l’accès aux soins, en permettant notamment de prendre en charge davantage de patients.

Des bâtons dans les roues

« Nous faisons essentiell­ement de l’éducation à la santé, de la prévention, du dépistage de troubles cognitifs... », témoigne Laëtitia Thébault, infirmière Asalée depuis trois ans à Plessala.

Par « on », il faut comprendre l’État, qui semble ne pas voir d’un très bon oeil l’indépendan­ce des profession­nels Asalée.

Pour les rémunérer, le ministère de la Santé octroie à l’associatio­n un budget par infirmier qui est versé par la CPAM (caisse primaire d’assurance maladie). Or, la CPAM des Deux Sèvres « a reçu l’ordre de ne payer l’acompte habituel mensuel, pour le mois de février que le 4 mars 2024 et non pas le 27 février 2024 », alerte la présidente d’Asalée, Isabelle Amoros, dans un message à ses collègues.

Pour Laëtitia Thébault, c’est un mauvais signal de plus. La

Cnam a « cessé de payer les loyers et nous n’avons plus de cadre juridique », depuis qu’Asalée a refusé de signer une convention « inacceptab­le » avec la Sécurité Sociale. Elle aurait abouti, selon elle, à un « flicage des médecins ».

Une charge supplément­aire

Voici donc qu’aujourd’hui, Asalée ne peut plus régler les salaires le dernier jour du mois, mais avec un décalage de quelques jours. « Il n’y a aucune raison de faire peser à nouveau sur l’associatio­n et en particulie­r les infirmière­s et infirmiers, une charge psychologi­que et financière supplément­aire. » L’associatio­n alerte depuis un mois, par courriers recommandé­s, le ministère de la Santé et le Premier ministre. « Nous restons à ce jour sans réponse. »

Asalée a ainsi déposé un référé conservato­ire auprès du tribunal administra­tif le 23 février 2024 « pour obliger la CPAM à nous régler dès la fin du mois ».

Une pétition a également été lancée. À l’échelle nationale, Asalée, fondée en 2004, fédère aujourd’hui quelque 10 000 médecins pour 2 000 infirmiers qui suivent environ un million de patients.

❝ Notre but, c’est de faciliter les soins, à la fois pour les patients et les médecins, mais on nous met des bâtons dans les roues. LAËTITIA THÉBAULT, infirmière Asalée dans le Mené

Yann Scavarda

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