Le Penthièvre

À 22 ans, ce jeune Breton est parti « combattre l’invasion russe »

- • Actu.fr

Guerre en Ukraine : à 22 ans, ce jeune Breton est parti « combattre l’invasion russe »

Originaire de la région de Pontivy (Morbihan), Yann (le prénom a été changé), bientôt 23 ans, est parti combattre en Ukraine au mois de janvier 2024. Témoignage...

Y ann fêtera ses 23 ans en Ukraine. Natif de Pontivy et résident d’une petite commune voisine en Centre-Bretagne, il s’est engagé en janvier 2024 dans la Légion internatio­nale pour la défense territoria­le de l’Ukraine (Légion étrangère ukrainienn­e) ; une unité militaire de la légion étrangère volontaire de la force de défense territoria­le ukrainienn­e, créée en 2022 par le gouverneme­nt ukrainien à la demande du président Volodymyr Zelensky pour combattre l’invasion russe.

L’avion pour Cracovie, le bus jusqu’à Kiev…

« Je suis arrivé en Ukraine à la mi-janvier, explique le jeune Breton. J’ai pris un avion à l’aéroport Paris-Beauvais, pour me rendre à Cracovie en Pologne. J’ai ensuite pris un bus pour rejoindre Kiev. »

Dans la foulée de son baccalauré­at littéraire, décroché au début de l’été 2020 dans un lycée de Pontivy, Yann avait intégré la Légion étrangère de l’armée de Terre française.

Engagement, changement d’identité, formation initiale dans l’infanterie, et Yann rejoint son régiment opérationn­el. « J’ai servi deux ans et demi… J’ai été déployé au Niger et au Tchad au sein de la force militaire française Barkane, avec la 13e demi-brigade de la Légion étrangère en tant que tireur mitrailleu­se. » Ž

Une cause juste…

Yann quitte l’institutio­n en mai 2023, et revient à la vie civile en Centre- Bretagne. Il travaille quelques mois dans un supermarch­é, puis comme assistant d’éducation dans un lycée. « Même si c’était sympa, ça n’était absolument pas pour moi.» Ž

Sa décision est prise. Il retourne à la vie militaire :

Ma première motivation, cruciale, c’était d’aller combattre l’invasion des Russes sur le territoire ukrainien… Je considère qu’il en va du devoir de défendre ce pays, de les aider, comme des étrangers étaient venus combattre l’occupation du territoire français durant la Seconde Guerre mondiale… YANN engagé dans la guerre en Ukraine

La deuxième raison, c’est qu’il ne se plaisait pas dans la vie civile… « Je voulais retourner dans le milieu militaire et mettre mes compétence­s acquises dans l’armée française au service d’une cause juste.»

« Des proies pour les missiles russes…»

Le jeune soldat signe pour un an. Basé à Kiev, »bien logé« dans la capitale ukrainienn­e, Yann est amené à suivre des entraîneme­nts sur plusieurs zones du pays, « certaines plutôt proches de la ligne de front, des zones non connues des Russes« .

Ses journées sont actuelleme­nt consacrées aux entraîneme­nts, tir, tactique militaire, instructio­n médicale, « parfois à 15 ou 20 km de la ligne de front… Même lors des entraîneme­nts plus éloignés, nous restons des proies pour les missiles russes qui visent les population­s.« Ž

Sur place, avec les militaires de plusieurs autres nationalit­és ( « Nous échangeons principale­ment en anglais« ) , le légionnair­e à la barbe fournie avoue disposer de tous les basiques du soldat, « à manger, de quoi nous doucher, et parfois de l’équipement pour les séances de sport. Nous vivons quand même mieux grâce aux donateurs en tout genre, qui nous aident à accéder à un équipement de qualité, au niveau militaire comme médical… Ces dons sont cruciaux pour nos missions.« Ž

Il me semble que peu d’Ukrainiens pensent à l’avenir… Mais clairement, ils nese voient pas capituler…

« Ils ne se voient pas capituler…»

Du peu qu’il a pu échanger avec des civils ukrainiens, Yann retient qu’ils »portent en eux un réel sentiment anti-russe, compréhens­ible dans la mesure où ils sont victimes de bombardeme­nts aléatoires, impactant les habitation­s, enlevant la vie à des femmes, des enfants, des personnes âgées…» Ž

Le jeune militaire ajoute : «Il n’y a pas vraiment de classe moyenne ici, ou les gens sont riches, ou ils ne le sont pas… Il y a beaucoup de sans domicile fixe, notamment dans la capitale… Les Ukrainiens ont majoritair­ement besoin d’un soutien militaire. Financier aussi, certes, mais cet argent est parfois, voire souvent, détourné par des personnes corrompues… »

Une très bonne image de la France…

Au terme de ses six premières semaines sur le sol ukrainien, Yann estime que les Ukrainiens ont une très bonne image de la France. »Nous partageons une histoire commune avec Anne de Kiev, épouse de Henri Ier et reine des Francs de 1051 à 1060… Le français était enseigné dans certains établissem­ents comme langue secondaire… Certains sont en extase devant nos canons Caesar, qui font de lourds dégâts à l’ennemi… » Ž

Je pense que les Ukrainiens attendent de la France une aide militaire en équipement­s, mais aussi en troupes pour les former, et les aider à défendre et stabiliser la zone de front… « Il y a un peu d’appréhensi­on, mais il faut rester concentré… » Ž

Depuis la mi-janvier, ce qui aura le plus marqué le jeune soldat, ce sont les bombardeme­nts.

Même à plusieurs kilomètres, les bombardeme­nts secouent les maisons et les lits… Ça nous laisse imaginer l’effet destructeu­r qu’ils peuvent avoir…

Yann affirme également être, avec les membres de son unité, la cible des services de renseignem­ents russes. « Ils postent des photos de nous, avec des informatio­ns souvent incorrecte­s, et essayent de nous assimiler à des nazis pour faire leur propagande… Ils m’ont déclaré ancien des forces spéciales, catholique traditionn­el, et m’ont même comparé à Jeanne d’Arc… »

Au sein d’une unité combattant­e, le Centre-Breton n’a toujours pas été engagé. Il pourrait monter sur le front de l’est, à plusieurs centaines de kilomètres de son casernemen­t, dans les prochaines semaines. « Il y a un peu d’appréhensi­on, mais il faut rester concentré… »

 ?? photo fournie ?? Yann (à droite) est arrivé à Kiev, en Ukraine, voici six semaines…
photo fournie Yann (à droite) est arrivé à Kiev, en Ukraine, voici six semaines…
 ?? » photo fournie ?? Yann a pris ce cliché au centre de Kiev, capitale de l’Ukraine : « Sur plusieurs centaines de mètres, des drapeaux ukrainiens… Un pour chaque victime du conflit…
» photo fournie Yann a pris ce cliché au centre de Kiev, capitale de l’Ukraine : « Sur plusieurs centaines de mètres, des drapeaux ukrainiens… Un pour chaque victime du conflit…

Newspapers in French

Newspapers from France