Être figurant dans un téléfilm avec Virginie Ledoyen
J’ai testé pour vous la figuration dans un téléfilm qui se tournait dans la cité médiévale de Moncontour. Une expérience qui demande beaucoup de patience et d’endurance.
L’histoire débute en janvier L dernier. On apprend que Moncontour s’apprête à accueillir l’équipe de tournage du téléfilm Sur la dalle, réalisé par Josée Dayan.
Les acteurs Yvan Attal, Virginie Ledoyen ou encore Claire Nebout sont à l’affiche de l’adaptation du dernier roman policier de Fred Vargas. La production lance alors un casting et cherche des figurants locaux.
Plus de 1000 candidats
Lundi 29 janvier, par un bel après-midi ensoleillé, je me rends à la mairie de Moncontour. Le casting rencontre un franc succès. Je comprends que je suis le 259e à postuler physiquement et que plus de 900 personnes ont candidaté via internet.
On me donne une feuille à remplir. Il s’agit d’un questionnaire basique: nationalité, mensurations, profession, signes particuliers, sports pratiqués... Pour la nationalité, j’indique que je suis Breton. Histoire de sortir un peu du lot.
Je me dirige ensuite vers Camille, une des responsables, et lui tends ma feuille. Elle rit en lisant ma nationalité et s’attarde sur mes tatouages dont un qui rend hommage à mon attachement pour ma région. Ensuite, je vais à la rencontre de Manon, dans une autre pièce. Appareil photo à la main, elle est chargée de photographier chaque candidat en mode portrait et en pied.
Cela aura duré quelques minutes à peine.
Sélectionné !
Les semaines passent. Toujours aucune nouvelle de la production. Plutôt confiant au départ, mes espoirs s’amenuisent au fur et à mesure que la fin du mois de février approche. Et puis, surprise ! Mercredi 13 mars, alors que je n’y pensais même plus, je reçois un mail de la production.
Le rendez- vous est donné mardi 19 mars dans un des bâtiments de l’Hospitalité SaintThomas de Villeneuve. D’abord à 17h, puis à 15h, ensuite à 14h45 et finalement à 15h15. Quand il s’agit de tournage télé, le timing n’est jamais vraiment connu à l’avance !
On me demande d’apporter trois tenues sombres dont une exclusivement noire sans marque apparente. Je fais partie des premiers à arriver sur place. Manon m’accueille avec un large et joli sourire qui ne la quitte jamais vraiment.
Secte
Au total, dix figurants sont attendus. Cinq hommes et cinq femmes âgés de 20 à 75 ans environ. Fanny, la costumière, s’assure que les tenues que nous avons apporté respectent sa volonté.
Chaque détail compte : « Vous pouvez enlever ce piercing si besoin ? » Habillés d’une longue cape noire et le visage dissimulé soit derrière un masque en papier mâché, soit un simple foulard, nous patientons.
Certains apprennent à se connaître, d’autres se connaissent déjà. Comme Martine, la doyenne, et une jeune femme qui ont tourné ensemble sur le film Fleur de Tonnerre en 2015. Puis, nous écoutons les règles essentielles dictées par Manon. « Toujours rester à proximité et ne jamais regarder la caméra. »
Le scénario des trois scènes que nous allons tourner circule entre les mains des figurants. Nous jouons « les capuchons, des villageois embrigadés dans une secte dirigée par Marie Serpentin. » Peu avant 17h, nous sortons du bâtiment et descendons la rue de la Pompe.
De nombreuses maisons aux façades en torchis offrent leurs charmes aux marcheurs attentifs. Là encore, nous patientons plusieurs dizaines de minutes. La figuration, c’est essentiellement de l’attente figurez-vous.
Des curieux observent les techniciens s’affairer sur le plateau installé au milieu de la rue. Claire Nebout demande un sandwich. Virginie Ledoyen passe devant nous.
La réalisatrice Josée Dayan s’appuie sur deux hommes pour se déplacer jusqu’à l’entrée de la cave d’une maison. Son timbre de voix rauque heurte les vieilles pierres de la maison qui date de plusieurs siècles.
Intérieur et extérieur
Nous montons ses marches, traversons le couloir et nous rendons vers l’accès à la cave. Ce qu’on nous demande paraît simple : descendre les escaliers en colimaçon et nous arrêter au milieu de la cave.
Ce sont des essais avant les répétitions. Seulement, la cape est longue et la capuche nous tombe sur les yeux. Nous ne voyons plus rien et chacun, tour à tour, heurtons une ou deux poutres consécutives. Je remercie le masque de m’avoir assurément épargné d’une belle balafre au front.
Nous répétons la scène entière une bonne dizaine de fois. Sabine, jouée par Virginie Ledoyen, se poste à ma droite et fait face à Marie Serpentin, jouée par Claire Nebout. C’est essentiellement cette dernière qui parle.
La tension est rendue palpable par le fort caractère de la réalisatrice. Elle est très autoritaire. Chaque détail, chaque position, chaque geste, chaque lumière est un rouage essentiel de la composition de la scène. Peu avant 20h, nous allons dîner dans la salle des fêtes. Puis, nous reprenons le travail.
La deuxième scène se passe dans le salon. Sabine frappe à la porte de la maison austère de Marie Serpentin. Nous sommes postés autour d’une table et observons en silence, plongés dans notre rôle. Devant nous, se trouvent des fioles, une boule de cristal, un jeu de cartes... Toutes sortes d’objets étranges que l’on pourrait trouver chez une sorcière.
En vérité, la maison est la propriété de la soeur d’une des figurantes. « Cela fait bizarre de voir à quel point ils l’ont transformé ! » La fatigue commence à se faire ressentir. Vers 22h, nous nous positionnons en file indienne. Nous devons avancer vers les personnages principaux et récupérer une fiole distribuée par la sorcière avant de sortir de la maison.
Là encore, la scène est découpée en plusieurs séquences. Pas de fou rire entre les acteurs, cela file droit ! Et ça s’écharpe toujours entre le caméraman et la réalisatrice pour une sombre histoire de focale dont je vous passe les détails.
Pour finir, après une bonne heure d’attente et après avoir salué le dernier plan tourné par Claire Nebout, nous jouons notre dernière scène. On nous demande de sortir précipitamment de la demeure en cherchant à en découdre avec « Le boîteux ».
Dans la nuit noire, nos pas résonnent sur le bitume rendu volontairement mouillé par l’équipe du film. Il est 1h du matin et nos voix s’élèvent dans le village endormi.
Une journée de figuration dans le téléfilm Sur la dalle, en tant qu’habitant du village faisant partie d’une organisation secrète. MANON POUDOULEC ET CAMILLE ARCHAMBEAUD, responsables du casting
Silence ! Le moteur est demandé. C’est cadré. Action !