Gênés par le bruit de ses poules, ils poursuivent leur voisine en justice
La vie à la campagne n’est pas un fleuve si tranquille même si les problèmes de voisinage diffèrent de ceux de la ville, comme en Côtesd’Armor où des volailles créent des remous.
Ah la campagne ! Sa A tranquillité, sa verdure et ses animaux. Mignons ou utiles, ceux-ci peuvent aussi engendrer de véritables nuisances, olfactives, sonores, voire entraîner des dégâts collatéraux. C’est d’ailleurs ce que reprochent les voisins directs de Vanessa Flandre qui élève poules, coqs ou encore canards et bientôt pigeons, à Lanvallay, près de Dinan.
Un élevage ‘familial’
Un hobby que l’habitante de Lanvallay depuis 2018 assume. Elle qui est partie de Rennes, l’année précédente, pour vivre à la campagne, assure tout faire pour que poules et voisins vivent en bonne intelligence.
Une vingtaine de poules, essentiellement des Coucous de Rennes et des Noires de Janzé gambadent, en ce moment, à l’arrière de sa maison.
Bien sûr, le cheptel s’agrandit temporairement lorsqu’il y a des poussins, mais Vanessa déclare toujours rester dans les clous d’un élevage « familial » , devant comprendre moins de 50 poules de plus de 30 jours. Ce que la mairie de Lanvallay confirme, un adjoint s’étant rendu sur place en 2022, les problèmes de voisinages des habitants du hameau de Saint-Piat ayant été portés à sa connaissance.
Des coqs enfermés
Alors, si ça caquette, volette et glougloute, tout cela semble se faire dans la plus grande légalité. D’autant que les volatiles restent entre filles, pas de coq à l’horizon. « Ah si, j’ai des coqs, temporise Vanessa Flandre, mais je les enferme là-bas, dans le cabanon, car j’ai conscience qu’ils peuvent déranger. »
De fait, quatre gros coqs de races devenues rares, dédiés à la reproduction, se retrouvent sous cloche pour ne pas importuner le voisinage.
Il est vrai que, ces dernières années, les affaires de coqs et de voisins défraient la chronique, notamment en Bretagne où de nouveaux arrivants, allergiques au cocorico, sont la risée des populations locales.
Mais Vanessa se défend de provoquer des nuisances avec ses coqs « enfermés 24h sur 24. » Cependant, le cabanon des coqs jouxte la propriété voisine, tout comme celui de cinq poules de races rares.
Déplacer le poulailler
Il se peut donc que les voisins subissent des gênes, des odeurs, du bruit, dont Vanessa aimerait connaître la teneur.
Car depuis plus de deux ans, et un mot des voisins épinglé sur un portail assurant qu’ils vivaient « un enfer » , Vanessa assure qu’elle n’arrive pas à savoir ce qui lui est reproché.
La télé à Saint-Piat
Contactés, les voisins s’expriment cependant sur leurs ressentis et prétendent les avoir expliqués depuis le début à l’éleveuse.
Ils balayent ses arguments un à un en regrettant un tel tapage autour d’une affaire qui prend des proportions hors normes, des caméras de TF1 et de France 2 s’étant déplacées à Saint-Piat.
« Contrairement à ce qui a été dit, nous ne sommes pas des néo-ruraux, nous arrivons d’un village de 600 habitants, mon père était agriculteur, mon grand-père aussi. C’est comme ça que je sais qu’on ne met pas de poulaillers au ras des maisons, aucun agriculteur ne ferait cela !, se défend le voisin incriminé, qui souhaite rester anonyme. Je ne sais pas qui sont les néoruraux dans l’histoire... »
Rats et mouches
Les nuisances, qu’il estime quotidiennes, il a demandé à un commissaire de justice de les constater : « Le nombre de volailles, le bruit et l’état de non- propreté. Où va le fumier ? Le poulailler n’est pas nettoyé régulièrement et nous avons des rats dans la maison et de très nombreuses mouches l’été. C’est nous qui sommes victimes. »
C’est d’ailleurs le déplacement de ce commissaire qui a mis le feu aux poudres à SaintPiat, déclenchant la pétition de Vanessa Flandres pour sauver son élevage, et le contact avec la presse locale.
Les voisins se sont également rapprochés d’une avocate qui a pris le dossier en main avant une action en justice.
« J’élève des poules extrêmement rares, certaines sont uniques en France comme la Corne de boeuf, la Sicilienne ou l’Espagnole à face blanche et si elles ne sont pas conservées, elles s’éteindront. Ce n’est pas un poulailler pour avoir trois oeufs! » , insiste Vanessa Flandre à qui son voisin reproche de s’arranger avec la réalité.
Premières nuisances en 2021
Lorsque les voisins sont arrivés, en juin 2020, un petit poulailler préexistait, avec quelques animaux seulement.
Quelques mois plus tard, en août, Vanessa Flandre décide de s’occuper de races en voies de disparition et d’agrandir son cheptel. Les premières nuisances sont remontées par les voisins dès 2021, alors que le poulailler s’étend le long de leur maison.
Depuis, si l’enclos principal a été déplacé de quelques mètres, deux cabanons, avec les races rares, demeurent en limite de propriété.
« Autant de volailles si près des maisons, ce n’est pas un truc familial. Nous voulons que les nuisances cessent. Elle pourrait continuer son élevage en louant un peu de terrain à un agriculteur, éloigné d’habitations, mais non, elle veut l’avoir derrière chez elle. »
Ce sera sans doute à la justice, entre les mains desquelles souhaitent désormais se remettre les voisins, de trancher...
• Agnès ESTEVES DA SILVA
■ Pétition en ligne sur change.org : Soutien aux Poulettes de St Piat, races menacées d’extinction contre néo-ruraux
On a racheté un grand terrain à d’autres voisins et on peut déplacer le poulailler sans problème aujourd’hui, mais il faudrait que l’on sache ce qui ne va pas. VANESSA FLANDRE
Son élevage fluctue et est plutôt proche des 60 à 70 volailles avec parfois des oies, des canards et même des faisans. Et il y a eu jusqu’à 6 ou 7 coqs, dont un qui chantait toutes les 6 secondes, c’était invivable ! LE VOISIN DE VANESSA FLANDRE