Ludovic Souliman s’est fait le conteur de la mémoire d’Erquy, transmise par les anciens

Un livre qui conte les souvenirs des anciens sur la vie d’antan à

Erquy est en cours d’édition, financé par la municipalité. À l’origine de ce projet, Ludovic Souliman, dont le métier est de raconter des histoires, et qui a collecté tous ces souvenirs.

e projet s’appelle Graines L de mémoires et il est mené depuis plusieurs mois par le conteur Ludovic Souliman, qui a roulé sa bosse dans de nombreux endroits du monde, mais qui aime toujours revenir à ses racines, en terres réginéennes.

80 interviews

L’aventure a commencé il y a 3 ans, lorsque Ludovic a travaillé avec les enfants de l’école Joseph-Erhel sur le thème Graines de mémoire.

Puis il est allé à la rencontre des habitants, des anciens : Yves, François, Léon... Des marins ou des terriens qui ont la mémoire d’Erquy, de ce qui s’est passé, avant. « Le nom d’une maison, des rochers aux larges, il n’y a qu’eux pour nous en expliquer l’origine, constate le conteur.

Alors il est allé interroger, ces hommes, ces femmes, qui n’avaient parfois pas l’habitude de parler. Qui ne savaient même pas, pour certains, qu’ils savaient des choses, si cruciales pour la mémoire collective. 80 interviews au total.

Une fée dans les dunes

Ainsi Paule, 93 ans, était petite fille lorsqu’elle est allée, toute seule, se promener sur les dunes. On est à la fin des années 1930, le petit train des Côtes-duNord arrive jusqu’à Erquy, livrant ses plages de sables blonds aux Parisiens et Parisiennes, élégamment vêtus.

Paule est trop petite pour comprendre : lorsqu’elle voit l’une de ces belles dames, pieds nus, sa robe vaporeuse voletant dans la brise, «elle croit voir une fée, rapporte Ludovic. La jeune femme est danseuse à Paris, se met à danser sur le sable et emmène la petite fille.»

Fortunes de terre et fortunes de mer

Le rêve éveillé de Paule est dans le livre dont Ludovic a écrit les textes qui sont illustrés par les photographies de Caroline Lameloise.

On y parle aussi du coin menteur, près du Cap, des naufrages et des histoires incroyables racontées chez Marinette, des souvenirs de terre-neuvas, ou des paysans qui ont travaillé pour le comte de Bienassis. Léon, l’un des derniers témoins du drame, y fait aussi le récit poignant du 3 août 1944 et des 11 Réginéens fusillés par les Allemands.

❝ La parole n’est belle que si elle est partagée, d’où l’idée de ce livre.

Quelques pages sont également consacrées aux paroles des enfants de l’école Joseph-Erhel.

Fortunes de terre, fortunes de mer sera édité à 150 exemplaires. Il n’y aura pas de vente, mais l’ouvrage sera remis aux participants et quelques exemplaires seront consultables à la bibliothèque du Blé en Herbe.

Helen HERAULT