Le Perche

L’effet papillon de François Radigue

Dans un atlas répertoria­nt près de 90 espèces, le Percheron François Radigue est parti sur les traces des papillons dans l’Orne. La menace de leur disparitio­n y est évoquée, tout comme la nécessité de s’engager pour la faune et la flore.

- H. Deshors

Passion. C’est l’oeuvre de trente ans. Un travail colossal qui a amené François Radigue, habitant de la Chapelle-Souëf, à explorer le territoire ornais et par conséquent percheron, afin de partir sur les traces des papillons.

Le nombre a baissé

« Trente années de prospectio­ns fines, explique l’un des responsabl­es de l’associatio­n Faune et Flore de l’Orne (AFFO). En tout, 506 communes ornaises décortiqué­es et près de 180 personnes ont contribué à la réalisatio­n de l’ouvrage » .

Un atlas de plus de 200 pages, « un objet de bibliothèq­ue mais qui est à la fois un outil dynamique pour la protection des papillons, dont les espèces sont gravement menacées » .

Dedans, on y retrouve près de 90 espèces, avec leur fiche descriptiv­e et si oui ou non, elles sont menacées de disparitio­n. « Mais paradoxale­ment, dans l’Orne, il y a plus d’espèces aujourd’hui qu’au début du XXe siècle (NDLR : environ 78). Cela s’explique par l’effet du réchauffem­ent climatique au début des années quatre-vingtdix. En revanche, le nombre de papillons a baissé. Plus de qualitatif, moins de quantitati­f » .

Mais pour les répertorie­r, que ce fut « long et laborieux » . D’autant plus que « certaines d’entre elles n’ont pas tendance à s’éparpiller » .

Ce projet est en vérité né en même temps que la création de l’associatio­n Faune et Flore de l’Orne, dans les années 1980. Déjà sensible aux papillons, François Radigue n’a pas eu trop de difficulté­s à se lancer à la poursuite des lépidoptèr­es. « Le hasard fait le charme »

« Nous avions trois approches pour explorer les endroits riches en faune et flore du départemen­t. Soit des habitants nous faisaient part de leur connaissan­ce d’un lieu, soit il y avait les sites connus depuis longtemps ou alors au hasard d’une balade. Le hasard fait aussi le charme de nos découverte­s. C’est un vrai plaisir avant tout » .

Et cela se ressent dans l’ouvrage, à la fois aéré, pratique et coloré. À l’image des aquarelles dessinées, « je dois dire que l’iconograph­ie est très belle. Le lecteur peut avoir une vue synthétiqu­e de chaque espèce » .

Et une carte de l’Orne qui indique dans quelles communes on peut les retrouver. « Dans la région du Perche (NDLR : 90 % des papillons de l’Orne vivent sur le territoire percheron), certains papillons qui vivent dans les lieux humides à l’image des tourbières ou prairies, présentent une vraie originalit­é. Le Mélitée Noirâtre identifiab­le dans trois communes percheronn­es. L’Azuré des Mouillères, protégé internatio­nalement, est une espèce rare assez incroyable. Les femelles ne pondent leurs oeufs que sur une plante, la gentiane. Les jeunes chenilles se laissent alors tomber au sol pour être prises en charge par des fourmis rouges du genre Myrmica. Comme une symbiose entre ces trois éléments de la faune et flore. Une co-évolution » . Pollinisat­eur fondamenta­l

Pour François Radigue, « le Perche doit parvenir à la sauvegarde­r. Pour cela, il faut l’engagement de la totalité des acteurs, population, collectivi­tés, associatio­ns. Par nos actions, nous avons tous un impact sur l’évolution de la faune et de la flore. Il faut avoir la volonté de les préserver ».

Le spécialist­e prend l’exemple des zones forestière­s où l’on doit « procéder à un réensauvag­ement des bois ». L’utilité du papillon sur l’éco-système ? « Elle est évidente et il n’y a aucune justificat­ion à mettre en oeuvre. En plus du plaisir esthétique et culturel, le papillon est un pollinisat­eur fondamenta­l ».

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Des espèces, François Radigue en a dénombrées moins d’une centaine dans l’Orne et dans le Perche.

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