Les techniques de défense de la porte Saint-Sauveur
En partenariat avec Bellême Patrimoine, Bellême Boutique et la Fondation du Patrimoine, Le Perche vous fait découvrir une chronique hebdomadaire autour du Porche et espère obtenir des dons pour sa restauration.
Peu d’études sont disponibles pour décrire les techniques de défense mises en oeuvre au cours des siècles dans un ouvrage militaire tel que celui dont le Porche constituait la principale entrée. Cependant le diagnostic archéologique réalisé à Bellême par Florian Bonhomme en septembre 2013 avant l’engagement des travaux de restauration en cours, a pu apporter un éclairage salutaire. Grâce aux conclusions de cette étude, confortée par celles de Johann Touchard, Architecte du Patrimoine chargé de conduire les travaux de restauration, la manière dont le système de défense de la forteresse bellêmoise s’est élaboré nous est mieux connue. Forteresse militaire du XIIe siècle
La structure médiévale de Bellême avec ses remparts, ses escarpesi et contrescarpesii est encore facilement visible dans la ville actuelle. La Porte SaintSauveur, aujourd’hui appelée Porche, subsiste presque entièrement après de nombreuses transformations au cours des siècles. Le schéma en 3D cidessous, réalisée par Johann Touchard, suggère ce qu’était la forteresse médiévale.
Dans sa dernière phase moyenâgeuse, le passage de porte était défendu par au moins une herse, un assommoir et des venteaux au milieu du couloir. En avant de ce système, une barbacane en U fût vraisemblablement érigée au XIIIe ou au début du XIVe siècle. Ce type d’ouvrage extérieur de fortification, en maçonnerie ou en bois, était généralement construit pour défendre un point important, un pont, une route ou un passage, mais le plus souvent comme ici à Bellême, une porte dans un rempart dont elle protégeait l’accès. La très lourde grille de fer qu’était la herse, coulissait verticalement dans et au-dessus de l’ouverture, au moyen d’un système de poulies. Par l’assommoir consistant en une autre ouverture ménagée au-dessus de la porte fortifiée, la défense pouvait assommer l’assaillant en y laissant tomber de lourds blocs de pierre. Enfin les venteaux, panneaux mobiles pivotant sur des gonds, commandaient l’accès intérieur.
Des techniques défensives qui évoluent avec les types d’armes.
Les deux tours construites en façade de la porte entre la fin du XIIe et la fin du XIIIe siècle, étaient percées d’archères à étrier, le pied de l’ouverture étant élargi pour faciliter le tir vers le bas. Les archères permet- taient aux défenseurs de tirer des flèches sur les assaillants, ou des carreaux d’arbalète. Cette dernière arme utilisée du Xe au XVIe siècle, s’avéra très adaptée à la défense d’une place forte, car puissante et précise, elle portait jusqu’à 150 mètres, pouvant même percer une armure. Petit à petit, la transformation des archères en bouches à feu va permettre de tirer sur les assaillants avec des bombardes puis couleuvrines. Lorsqu’au XIVe siècle apparaissent les premières armes à feu, elles coexistent encore avec les armes traditionnelles, et ce jusqu’au XVIe, en raison de la difficulté à se procurer de la poudre mais aussi des dangers pour les personnes autour de ces armes. Mais au cours de ce même siècle, l’usage des armes à feu qui se généralise et qui per- met à l’artillerie de s’affirmer, va permettre de surmonter toutes ces difficultés.