Comment recycler ses pneus
Encombrants, polluants et nuisibles, les pneus de silos sont un problème pour les agriculteurs. Pour la deuxième année consécutive, les agriculteurs peuvent les faire recycler. Une des seules opérations de ce type en France.
Écologie. Ils ont disparu. Sur l’exploitation de Nicolas Tison, président des GVA (Groupe Vivre en Agriculture), de l’Orne et du groupement de Bellême, plus aucuns pneus ne viennent lester les grosses bâches à silo. A la place, une géomembrane et des boudins viennent recouvrir l’herbe et le maïs. C’est l’année dernière qu’il a franchi le pas grâce à une collecte de pneus usagers organisée par les GVA et financée par le conseil départemental.
En 2015, 235 agriculteurs Ornais ont sauté sur l’occasion pour se débarrasser de leurs pneus de silos. Les 36 collectes, réservées aux adhérents des GVA, ont permis de collecter 975 tonnes de pneus. « Vu le contexte de l’époque, je n’étais pas très confiant mais ils m’ont donné tort » , se réjouit Nicolas Tison. L’opération a été un succès. Dix tonnes par exploitation
L’idée de l’opération est venue du terrain. Les GVA organisaient déjà depuis une quinzaine d’années des collectes de maté- riaux plastiques. Ce sont les agriculteurs qui ont fait remonter le problème des pneus de silos.
Bien qu’utiles, les roues en caoutchouc sont en passe de devenir un véritable problème pour l’environnement. Ils se dégradent peu, risquent de polluer, voire même d’intoxiquer les animaux à qui l’ensilage est destiné.
« Par dégradation, des petits bouts de métaux peuvent être ingérés par les vaches, ce qui entraîne une mort de l’animal. En les recyclant on évite aussi les nuisibles, les incidents et les risques d’incendie » , explique le président des GVA. On estime aujourd’hui que sur chaque exploitation il y aurait en moyenne 10 tonnes de pneus don 5 recyclables immédiatement. Valorisation des déchets
« Il y a eu une prise de conscience et une responsabilité écologique qui est maintenant ancrée chez les agriculteurs » , affirme Nicolas Tison. Cette opération serait une suite logique « de ce qu’il se faisait avant avec la collecte des plastiques » .
Le service proposé n’est cependant pas gratuit. Chaque agriculteur doit débourser 135 hors taxe par tonne pour pouvoir recycler les pneus. Solidaire de l’opération, le conseil départemental participe à hauteur de 20% pour aider les agriculteurs à s’en débarrasser.
Après avoir été collectés, les déchets sont envoyés dans la Manche pour y être broyé. Une fois transformés, ils seront vendus a des entreprises de cimenterie pour alimenter leurs fours. Une manière de valoriser les déchets alors qu’ils auraient très bien pu être enfouis. Opération éphémère?
Cette année encore, l’opération est reconduite à partir du mois de juin. Mais les agriculteurs seront- ils au rendezvous? « Pour certains, ce que je comprends totalement, ça ne sera pas une priorité. Je suis un peu sceptique cette année sur le succès de l’opération » , regrette Nicolas Tison. Si l’année dernière les signaux de la crise agricole étaient « orange rouge » , cette année c’est encore pire.
Pour ne rien arranger, la loi NOTRE, qui transfère la compétence économique du département à la région, risque de mettre du plomb dans l’aile à l’une des seules opérations de ce type en France. Pour pouvoir bénéficier d’aides, il faudra tout recommencer au niveau régional.