Le Perche

Soupçons de pédophilie chez les prêtres : la vie religieuse locale est-elle impactée ?

Des soupçons de pédophilie secouent l’église catholique. Au sein de la paroisse Sainte-Céronne, on évoque ces problèmes, en voulant protéger les enfants et les parents, dans une démarche intelligen­te et raisonnée.

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Vie paroissial­e.

Au sein de la paroisse Sainte-Céronne, la vie est paisible. Le Don* RenéFranço­is Charbonnel, curé de la paroisse, nous accueille au sein du presbytère de Mortagne-auPerche. Sincère et libre de ses pensées, le curé évoque l’actualité. « Il faut mettre des mots dessus »

Une actualité marquée par les récentes affaires de pédophilie qui secouent l’Eglise « Cela a un impact même au niveau local, pour la vie de nos paroisses, souligne René-François Charbonnel. Il faut en parler, mettre des mots dessus car c’est important. Ce sont des événements difficiles. De tels agissement­s ne sont pas possibles même s’il faut laisser la Justice faire » .

Mais étrangemen­t, « ce ne sont pas les parents qui viennent en parler aux prêtres. J’en discute directemen­t avec les familles. Lors des retraites notamment pour les jeunes qui se préparent à recevoir le sacrement de la confirmati­on. Nous avons instauré des protocoles qui sécurisent à la fois les enfants bien sûr, les prêtres et les parents. D’ailleurs, s’ils ne sont pas là, il n’y a pas de retraite » . Un fonctionne­ment intelligen­t, de bonnes pratiques, « il faut prendre conscience des impacts et dégâts que cela peut faire » .

Et puis au sein de la paroisse Saint-Céronne, « les gens nous font confiance. Il y a un rapport franc et direct » . Apostasie

Pour autant, ce genre d’actualité se traduit-il par un rejet ou une perte d’identité religieuse des paroissien­s ? Il semblerait que non. « Depuis 2009 que je suis dans le diocèse de Séez, je n’ai eu qu’un cas de débaptisat­ion. Suite à un événement ponctuel, une blessure dans sa vie, cette personne a fait cette démarche, que j’ai acceptée » .

L’apostasie, le fait de renier publiqueme­nt sa foi chrétienne, est pour Don René- François Charbonnel, « dire que je ne veux plus porter le nom de chrétien. Comme un rejet de Dieu, comme une soeur ou un frère qui ne veut plus porter le nom de la famille » . Pour les prêtres de la paroisse, c’est triste et dur.

Mais comme il le souligne, « ce type de démarche est anecdotiqu­e au regard de tous les paroissien­s » .

Répartie dans 25 communes pour 27 clochers, Sainte- Céronne en accueille 400 personnes. « Ce nombre corres- pondant aux personnes qui viennent régulièrem­ent soit aux messes, aux animations et aux événements » . Faire vivre les petits clochers

Et la jeunesse y est bien représenté­e. « Nous comptons une vingtaine d’enfants. La pastorale des jeunes est vivante et au catéchisme, ils sont 150 répartis entre Mortagne-au-Perche, la Bazoche et la Chapelle Montligeon » . Toutes les génération­s sont concernées, « une communauté intergénér­ationnelle importante » .

La volonté de la paroisse : « faire vivre les petits clochers. Nous nous déplaçons pour être proches des autres » .

À l’année, environ 70 baptêmes sont célébrés : « Il y a plusieurs catégories, souligne René- François Charbonnel. Parmi elles, celle pour qui le baptême, porte d’entrée à l’initiation chrétienne, est une redécouver­te du chemin spirituel » (lire ’’Pourquoi s’engager dans la religion’’).

Si le nombre de pratiquant­s est en légère baisse, la raison est démographi­que. « Notre population est vieillissa­nte, il y a une majorité d’anciens, des personnes retraitées. C’est à l’image du territoire » .

Mais c’est aussi la même chose pour les prêtres, « parmi les 150 prêtres qu’a connus le diocèse de Séez, 100 ont plus de 75 ans » .

*Fondée en Italie en 1976, la Communauté Saint-Martin a adopté l’usage italien d’appeler ses prêtres avec ’’Don’’.

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