Don d’organes : une seconde vie
Dans le cadre de la journée nationale de réflexion sur le don d’organes, Ophélie Ralu (coordinatrice des dons d’organes au Chic Alençon-Mamers) et Julie Caillard, également infirmière, ont passé la journée dans la galerie marchande du Super U. Leur mission : sensibiliser les passants au don d’organes. À leurs côtés, Marc Leblond, greffé hépatique en 2003, témoigne de son parcours personnel. « Je suis la preuve vivante que ça marche, dit-il en souriant. Cette greffe du foie m’a sauvé la vie » . Pas facile d’en parler
Si recevoir l’organe d’un autre n’est pas simple en soit (physiologiquement, les rejets existent encore, et psychologiquement), le donner l’est encore moins. En parler n’est toujours pas chose facile au sein des familles. « Nous avons eu beaucoup de demandes d’informations complémentaires, souligne Ophélie Ralu. On se rend compte que les gens ont de fausses idées, pensant par exemple qu’il y a un âge limité pour être donneur alors que ce n’est pas vrai. Il faut rappeler aussi que le don est gratuit et anonyme. Les yeux restent les organes les plus sensibles, qu’on hésite à donner : or on ne prélève que la cornée, pas les yeux ni la couleur. Uniquement la partie transparente. Mais on peut toujours spécifier si on refuse le prélèvement de tel ou tel organe » . Accord de la famille
En France, ne rien dire c’est consentir. Seul le fait de s’inscrire sur le refus national des refus (possible dès l’âge de 13 ans) fait acte d’opposition au don d’organe après sa mort. « Mais quand une personne a spécifié sur une carte qu’elle était donneur, on ne fait tout de même rien sans l’accord de la famille. Ce sont toujours des moments difficiles. Alors il faut en parler avant, pour que tout soit clair… Le don c’est parler de la vie et de la mort. Il faut savoir qu’un seul donneur peut sauver jusqu’à cinq vies » . Mort cérébrale
En Basse-Normandie, 50 prélèvements ont lieu par an, « ce qui est plutôt bien » . L’organe le plus courant est le foie, « qui peut d’ailleurs être coupé parfois en deux et sauver deux greffés » . Opéré en 2003, Marc Blondel sait qu’il doit la vie à un inconnu. Il ne saura jamais son nom « et c’est mieux ainsi » assure-t-il.
À savoir également : un don n’est possible que lors d’un décès en centre hospitalier, lors d’une mort cérébrale (1 % des décès hospitaliers en France sont de possibles donneurs). « Les gens pensent encore que la mort signifie l’arrêt du coeur. Non, c’est l’arrêt du cerveau. Ils sont mal informés et c’est notre rôle de multiplier ces rencontres. Pour sauver des vies » .