Le Perche

Manoir de la Fresnaye : sept siècles d’histoire à découvrir

- Ouvert sans nécessité de rendez-vous, du 1er juillet au 15 septembre. Les mardis, mercredis, jeudis, vendredis, sauf jours fériés, de 13 heures à 19 heures. Pour demander un rendez-vous : 02 33 83 57 64 ou manoirdela­fresnaye@free.fr.

Longtemps, les spécialist­es ont cru que la tour maîtresse du manoir de la Fresnaye, à SaintGerma­in-de-la-Coudre, était un vrai donjon. En effet, depuis la fin de la guerre de Cent Ans, elle dominait fièrement la campagne du haut de ses vingt mètres. Le logis des seigneurs

Le manoir de la Fresnaye est le seul manoir privé du secteur à être régulièrem­ent ouvert au public, intérieur comme extérieur. Il va rouvrir le 1er juillet (voir pratique).

L’archéologu­e Fabrice Morand a expliqué que tous les niveaux du « donjon », de la cave au sommet, sont conçus d’une manière particuliè­re : une grande pièce carrée occupe le centre, et elle est entourée de pièces secondaire­s en forme de demi-lunes. A l’origine, les grandes pièces carrées étaient aveugles.

Les ouvertures qui les éclairent aujourd’hui remontent, on le voit bien, à des périodes plus récentes. Or, observe l’archéologu­e, nos ancêtres, même au Moyen Âge, n’auraient pas accepté de vivre dans des pièces totalement obscures. Il leur fallait un minimum de lumière naturelle.

L’expert conclut que le « donjon » servait en réalité à entreposer les redevances ou les fermages en grains versés par les paysans à leur seigneur. Ces provisions se trouvaient ainsi à l’abri des pillards.

Cette nouvelle idée contribue à expliquer la minceur relative des murailles. Les murs des vrais donjons avaient facilement deux ou trois mètres d’épaisseur, afin de résister aux coups de boutoir. A la Fresnaye, les seigneurs vivaient dans un logis peu fortifié attenant au « donjon ».

En cas d’alerte, ils pouvaient se réfugier dans les pièces en demi- lune de ce dernier, qui servaient à la fois à l’habitation provisoire et à la défense. La hauteur de cette tour maîtresse dissuadait sans doute les assaillant­s potentiels, qui croyaient avoir affaire à un vrai donjon. Sept siècles d’histoire

A la fin de la guerre de Cent Ans, la sécurité est revenue dans nos campagnes. Les seigneurs du lieu ont trouvé qu’il était dommage de consacrer une si belle tour à la protection des récoltes, qu’on pouvait entreposer dans des bâtiments moins prestigieu­x. Ils ont donc entrepris d’habiter le « donjon » de façon permanente. Le style des ouvertures (portes et fenêtres) qu’ils ont pratiquées ans la maçonnerie permet de les dater du tout début du XVIème siècle.

C’est à la même époque que le « donjon », dont le toit était, comme beaucoup d’autres, en terrasse, a été couvert afin d’éviter les infiltrati­ons d’eau ou de neige : l’examen des solives révèle une date de 1501 (règne de Louis XII).

Dans les dernières années du même siècle, la nouvelle demeure ainsi aménagée a été embellie par la famille de Fontenay, qui était alors la plus distinguée du Perche, avec ses différente­s branches. Elle a notamment installé dans la cage d’escalier médiévale un nouvel escalier en spirale. On l’appelle escalier suspendu, car il est dépourvu d’axe, et donc fixé d’un seul côté. Cet ouvrage audacieux et emblématiq­ue est le chef d’oeuvre d’une famille de maçons de Bellême, les Crénière.

Sous Louis-Philippe, le donjon, en mauvais état par manque d’entretien, risquait de s’écrouler sur les paysans qui avaient rem- placé les aristocrat­es. Il a donc fallu le décapiter, et remplacer son sommet par l’actuel grand toit, qui donne à la Fresnaye sa silhouette originale.

Malgré ces vicissitud­es, le souvenir des seigneurs successifs reste très vivant en ce lieu. Le manoir va rouvrir au public le 1er juillet, durant tout l’été, à raison de quatre jours par semaine.

Sept siècles d’histoire vous attendent, plus une belle vue sur le sud du Perche.

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