Un généreux voisin, atteint de la maladie d’Alzheimer
La Chapelle- Montligeon.
Un homme de 70 ans a comparu lundi devant la cour d’appel de Caen (Calvados), accusé d’avoir abusé de la faiblesse de son voisin, atteint de la maladie d’Alzheimer à La Chapelle-Montligeon.
« Il avait toute sa tête, c’est certain » . A la barre, J-C. C n’en démord pas. Il n’a pas tiré profit de l’état de santé de son voisin « et ami » , M.D. Les deux hommes se connaissent, s’apprécient. Ils partagent la même passion, la pêche, qui les réunit plusieurs fois par semaine. « Je lui rendais des services, il me payait en retour » , résume le prévenu. Fourgon, quad et camping-car
Au coeur du litige : trois prêts d’argents dont l’accusé a bénéficié pour s’acheter un fourgon Renault, un quad « et même un camping-car » , détaille le président de la cour d’appel. En trois ans, « son ami » lui a ainsi prêté près de 35.000 €. Lui, affirme l’avoir remboursé « en nature » . Plomberie, maçonnerie, élagage… Le retraité assure en effet l’entretien de la maison et du terrain de son voisin.
Seulement, pour la fille de M. D, aujourd’hui hospitalisé en Ehpad, l’amitié de ce voisin serait très intéressée. Son père souffre de problèmes de mémoire, attestés par un expert en 2013. Les médecins diagnostiquent une maladie d’Alzheimer. Les largesses de « pépère »
C’est elle qui s’inquiète de la situation quand elle découvre que son père, « seul et vulnérable » , s’apprête à signer un devis de 17.000 € pour l’installation d’une pompe dans l’étang de sa propriété. « C’est pratique pour l’amoureux de pêche que vous êtes » , relève alors le magistrat, à l’attention de J-C. C.
« Il ne pouvait pas ignorer l’état de faiblesse de son voisin, c’est impossible » . Pour l’avocat de la victime, c’est indéniable : J-C. C a bien abusé des largesses de son voisin. L’homme aurait d’ailleurs conseillé à l’épicier du village d’aller lui-aussi emprunter de l’argent à « pépère » , en cas de besoin. Le prévenu dément. Il explique avoir remarqué « quelques pertes de mémoire » , mais rien de plus.
Surtout, relève son avocat, les deux hommes ont signé en 2012 un bail pour la location d’un terrain « devant un notaire » , qui a alors en face de lui « deux hommes en pleine possession de leurs moyens » . Les troubles cognitifs ont été diagnostiqués en mai 2013, six mois après le dernier prêt accordé à l’accusé.
Un argument qui a, semble-t-il, convaincu les magistrats. Après en avoir délibéré, la cour a en effet relaxé J-C. C.
En première instance, il avait été condamné à 15.000 € d’amende par le tribunal correctionnel d’Alençon et à verser 37.000 € de dommages et intérêts à son voisin. L’avocat général avait demandé la confirmation de ce jugement.