Le Perche

« Avisé et prudent » le commercial nie avoir grillé la priorité au stop

Un automobili­ste de 37 ans a contesté devant la cour d’appel de Caen (Calvados) être responsabl­e d’un accident de la circulatio­n, en juillet 2014.

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Saint- Mar t in - duVieux-Bellême.

En première instance, le prévenu avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis et à verser 2 000 € de dommages et intérêts à sa victime. Une voiture, une moto et une collision. Sur le papier, l’accident semble presque banal. Sauf pour les magistrats de la cour d’appel qui ont examiné le dossier, lundi dernier. Et pour cause, « nous avons trois versions différente­s, autant que de personnes impliquées » , souligne le président de la cour, Jean-François Villette. Pas simple alors de s’y retrouver. Surtout quand « les témoins de l’accident se contredise­nt » , soupire le magistrat. Refus de priorité ? Condamné par le TGI d’Alen- çon, Édouard Cornu nie catégoriqu­ement les faits. Le commercial l’assure : il s’est bien arrêté au stop quand il a vu une voiture arriver sur sa droite. Comment un motard est-il alors entré en collision avec sa Mégane ? « Il a voulu doubler la voiture située devant lui. Quand il m’a vu arrêté sur sa gauche, au stop, il a pris peur » , explique le prévenu. Benoit Lebarbier aurait alors perdu le contrôle de son deux-roues, qui aurait glissé au sol avant de venir percuter sa voiture.

Problème, l’intéressé n’a pas du tout le même souvenir de la scène. Pour lui, c’est évident : l’automobili­ste lui a grillé la priorité. Il se serait engagé sur la route sans en avoir le temps. La collision était alors inévitable. L’avocat du prévenu en doute. Son client fait 60,000 km par an. Pour Didier Lefevre, « c’est un conducteur avisé et prudent » . Histoires contradict­oires

L’avocat général n’est pas du même avis. Il s’appuie sur le témoignage de la conductric­e de la deuxième voiture impliquée. Entendue par les enquêteurs, l’étudiante a confirmé que le trentenair­e n’a pas respecté la priorité au stop. « Elle lui a même directemen­t reproché de s’être engagé sans freiner » , remarque le magistrat.

Problème, « victime et témoin se contredise­nt » , remarque l’avocat du commercial. En effet, le premier certifie avoir vu l’automobili­ste s’engager sur la route après avoir marqué un arrêt. Le second assure que le prévenu n’a pas marqué le stop.

Leurs déclaratio­ns ne convergent que sur un point : la Mégane mise en cause aurait fait marche arrière après l’accident, pour se reposition­ner au niveau de la banche blanche marquant le stop. Pour l’avocat général, c’est la preuve que le prévenu n’est pas tout à fait honnête. « Ses déclaratio­ns ne collent pas au résultat de l’accident » , conclu Marc Faury, qui requiert une peine d’amende à son encontre et une suspension de son permis de conduire. « La prison avec sursis est excessive » , convientil. La cour d’appel a mis son arrêt en délibéré au 8 novembre.

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