J’ai testé pour vous, la cueillette des cèpes
L’automne étant pour l’instant doux et humide, il y a des cèpes à profusion. Notre correspondant Jérôme Andrillon est parti en forêt et n’est pas revenu bredouille. Récit.
Tourouvre-au- Perche. C’est une année à cèpes. Les pluies à répétition et la douceur du temps ont fait pousser les cèpes en forêt ces derniers jours et ils sont nombreux après plusieurs années de disette.
Il y a même des coulemelles et des chanterelles mais, attention à ne pas ramasser n’importe quoi car certains champignons ressemblent aux comestibles et peuvent être dangereux voire mortels. Les mauvais poussent également et profitent de ces conditions favorables et tout champignon comestible a son cousin version toxique. Au bord des routes
Je profite de ce lundi humide et légèrement pluvieux pour aller faire un tour en forêt du PercheTrappe, tout près de Bubertré. En sortant de la voiture, je ressens cette odeur caractéristique du champignon. « Ca sent le cèpe à plein nez » , la récolte devrait être prometteuse. Je rentre dans une parcelle de feuillus et de conifères, parfois accidentée, en longeant un chemin car cette année, inutile de pénétrer trop loin dans la forêt car les champignons sont même présents sur le bord des routes.
A peine quelques mètres parcourus, je trouve déjà des cèpes tout jeunes, à peine sortis de terre. Il paraît que ce sont les meilleurs. Je remplis mon sac de toile, faute de panier, car on m’a conseillé d’éviter les sacs plastiques. Autre conseil suivi, ne pas arracher le champignon mais faire une rotation à la main pour le déterrer ou alors se servir d’un couteau pour éviter de ramener trop de terre ou de feuilles. « Ils poussent à vue d’oeil »
Un peu plus loin, je croise Jean-Claude Delier de Tourouvre. Il a déjà son sac à moitié plein. « Je parcours près de 15 km par jour et la forêt, je la connais par coeur, indique-til. C’est une bonne année. Il y a de tout cet automne. Il y a eu des girolles dans l’été et là, depuis quelques jours, il y a de grosses poussées de cèpes. Trois jours avant la nouvelle lune et trois jours après, si les conditions sont bonnes, ça pousse à vue d’oeil. Vous savez, si vous revenez au même endroit quatre à cinq heures plus tard, le cèpe aura repoussé » .
Nous continuons notre chasse aux bolets et aux cèpes. Il y en a partout, au pied des arbres, en lisière de forêt et même dans les fougères. On arrive même à en écraser tellement ils sont nombreux et parfois se confondant avec les feuilles mortes. Il y a des petits mais aussi des plus gros, même pas abîmés ni pourris. C’est un plaisir d’en trouver autant. « Attention, faut pas ramasser n’importe quoi, explique Jean-Claude. Il y a des cèpes au pied orangé ou au pied plus fin. Ça, on laisse. Ils ne sont pas mortels mais ne présentent aucun intérêt. »
On m’avait appris dans la Creuse, où j’ai pris goût à la cueillette, que la couleur des spores des cèpes est importante. Sachez que ceux qui ont des spores blanches sont les cèpes jeunes, très prisés. Les spores deviennent ensuite jaunes puis vertes. On a alors affaire à un cèpe plus vieux. Bon, ça va cet après-midi, pas de cèpes vieux mais que des « jeunots ». Il faut aussi se méfier des bolets de Satan dont les spores sont rouges. Ils provoquent de nombreuses intoxications. Ni mardi, ni jeudi
Chacun de son côté, la récolte est surprenante malgré la pluie qui passe à travers les feuilles. Nos sacs sont bien remplis. Inutile de continuer car il y a aussi une réglementation à respecter. Un panier quotidien pas plus et interdiction de ramasser les champignons le mardi et le jeudi sinon, c’est l’amende et la confiscation du panier.
Au retour à la maison, il faut les nettoyer sans les passer sous l’eau. On les essuie en retirant la terre ou les morceaux un peu abîmés et après on les coupe en morceaux, on les met dans des sacs congélation et direction le congélateur. Mais, l’idéal reste de les consommer dans la journée. D’abord, pour éviter les moisissures et donc, les intoxications, mais aussi parce que « les champignons sont bien meilleurs quand on vient de les ramasser » .
Pour les cuisiner, il y a des tas de recettes. De mon côté, ça sera avec une omelette en les faisant revenir avec de l’huile d’olive et de l’ail coupé fin. Bon, c’est décidé, mercredi j’y retourne car la météo va rester douce et donc ça devrait encore pousser. Je ne vais pas donner mon endroit secret mais, la forêt du Perche est vaste autour de Tourouvre et à coup sûr, en ouvrant bien les yeux, vous ne reviendrez pas bredouille.
Alors, bonne cueillette et bon appétit !