Le Perche

Vingt-cinq ans au service des siens

Parlementa­ire pendant vingt-cinq ans, Jean-Claude Lenoir tourne la page d’une longue carrière politique sur la scène nationale en tant que député et sénateur. L’homme fort du Perche revient sur ces années au service des citoyens et des collectivi­tés local

- Amine El Hasnaouy

Perche.

Sa décision de quitter la scène politique, en renonçant à se représente­r devant les grands électeurs, a été longuement réfléchie. « Je ne laissais rien paraître. » A tel point que l’annonce a surpris. Que ce soit dans l’Orne ou à Paris.

Apprécié par ses pairs et reconnu des ministres et présidents qu’il a côtoyés, cet acharné de travail qui a toujours cherché le consensus, a décidé, en juin, de ne pas briguer de second mandat de sénateur. « On est content le jour de l’élection mais on repart pour six ans. La solution de facilité c’était de continuer » , lance JeanClaude Lenoir depuis son bureau de président de la communauté de communes du bassin de Mortagne, qu’il va désormais occuper plus souvent. « Finalement, j’ai pris à contre-pied cette solution de facilité. » Un benjamin culotté

Les missions qui lui ont été confiées lui ont permis de rencontrer les plus grands de ce monde. De travailler sur des dossiers aussi importants les uns que les autres : aménagemen­t du territoire, agricultur­e, transition énergétiqu­e, formation, santé, etc.

Avant d’être un acteur de la vie politique française, le Mortagnais a su saisir sa chance en faisant preuve de culot.

« Ma chance m’a été offerte d’entrée et je l’ai saisie. »

Fraîchemen­t élu au conseil municipal de Mortagne- auPerche, dont il était le benjamin, il a eu le courage de lever la main en pleine séance pour devenir adjoint. « J’ai dit que j’étais prêt à assumer des responsabi­lités au sein du conseil municipal. »

Jean-Claude Lenoir mesure à quel point cet acte a été fondateur. « C’était le point de départ. » Le point de départ d’une longue carrière qui l’a conduit sur tous les bancs de la vie politique : conseiller municipal, donc, adjoint au maire, maire, conseiller général, conseiller régional, député et sénateur. Elu de terrain

Elu de terrain, il a tenu à rester au contact de la population en conservant ses mandats locaux. Pour lui, un parlementa­ire doit être ancré dans son territoire. Député, puis sénateur, Jean-Claude Lenoir n’a jamais changé d’un iota son agenda mortagnais de fin de semaine : « Tous les samedis matin, je fais le marché de Mortagne, je prends mon café, je discute avec les gens. » Des moments qu’il apprécie et auxquels il tient. De toute façon, cela fait partie de la fonction : « Etre disponible, c’est très important. »

Parlementa­ire, il a oeuvré pour réduire « la fracture culturelle » entre la deuxième circonscri­ption de l’Orne, et plus particuliè­rement son Perche natal, et les grandes agglomérat­ions. Il a réussi dans son entreprise et laissé une empreinte grâce à son passage au Palais Bourbon. Nouvelle vie

La capitale ornaise du Perche lui doit : le Carré du Perche, le cinéma, la médiathèqu­e, la piscine intercommu­nale.

Quand il a rejoint le Palais du Luxembourg, il a continué à labourer le terrain.

S’il ne connaîtra pas les joies d’un portefeuil­le ministérie­l, il ne le regrette aucunement. « Je connais bien le monde gouverneme­ntal pour y avoir travaillé. J’ai vu à l’oeuvre des collègues parlementa­ires devenus ministres. J’ai consacré une partie de ma vie à frapper à leurs portes, à être un visiteur du soir. »

« Un ministre, c’est le résultat d’un concours de circonstan­ce. Des collègues, des amis sont sortis du gouverneme­nt éreintés, rincés. »

Jean- Claude Lenoir estime avoir eu un rôle actif et tout aussi passionnan­t depuis là où il était.

Après vingt-cinq ans sur la scène politique nationale, une autre vie commence. « J’ai plein d’idées mais pas encore de projets arrêtés. La vraie difficulté est de faire des choix parmi tout ce que je n’ai pas pu faire jusqu’à maintenant, à titre familial, personnel. » « La liberté »

En choisissan­t de ne pas repartir, Jean-Claude Lenoir a choisi « la liberté » , « et c’est un bien précieux » . « Jusqu’à présent j’étais un homme libre avec des contrainte­s. La vie de parlementa­ire vous occupe du lundi matin au dimanche soir. »

Dans l’immédiat, il se donne le temps de souffler. D’abord en commençant par classer ses archives, des milliers de photograph­ies et de lettres.

En même temps, il reste élu local et président de communauté de communes. Il entend bien être « un président très actif. D’autant qu’il y a pas mal de sujets intéressan­ts à la CDC compte tenu de l’évolution des moyens, qui conduit à redéfinir les priorités » .

Le professeur d’histoire du collège Bignon va aussi revenir à ses amours de jeunesse et se consacrer à la lecture. Pendant vingt-cinq ans, il a passé beaucoup de temps à lire des rapports. Il va désormais pouvoir lire autre chose. Relire les oeuvres d’auteurs classiques, comme Chateaubri­and, Lamartine, Flaubert. Et replonger dans une période qu’il affectionn­e tant : de la IIIe République au début du XXe siècle.

Passionné par l’écriture, il a aussi une furieuse envie d’écrire. « Mais pour moi. » Pour évoquer des situations dont il se souvient, « des situations parfois drôles, parfois difficiles aussi, mais toujours éclairante­s et enrichissa­ntes au niveau humain » . Il a rencontré quantité de personnali­tés et d’hommes d’Etat et il n’a pas envie de mettre sur la place publique tous les moments dont il a parfois été le témoin privilégié.

 ??  ?? Clap de fin sur la scène politique nationale pour Jean-Claude Lenoir.
Clap de fin sur la scène politique nationale pour Jean-Claude Lenoir.

Newspapers in French

Newspapers from France