Nouvelle vie, nouveau métier
Du jour au lendemain, ils ont décidé de quitter leur travail pour changer de métier. Par choix ou par obligation, la reconversion professionnelle demande du courage et de la détermination. Rencontre avec des professionnels heureux.
Mortagne-au- Perche.
Le midi, elle est aux fourneaux, prend soin de bien préparer les assiettes qui vont quitter la cuisine. Lui, en salle, prend le temps. Le temps, justement, c’est une des composantes qui ont poussé Stéphanie Saget et Christophe Christmann à quitter leur ancienne vie pour en construire une nouvelle.
Les deux Percherons d’adoption ont laissé derrière eux le poids de la vie parisienne (bouchons, pertes de temps, fatigue, - « J’arrivais à saturation » , se souvient Christophe) pour s’offrir une vie qui, finalement, leur ressemble. Les mains libres
Chercheurs dans un laboratoire de renommée, ils ont repris, il y a sept ans, le Café de France. Non sans risque. Financièrement, ils gagnaient mieux leur vie. Mais ils voulaient tourner la page après vingt ans à Paris. Alors, après avoir longuement réfléchi leur projet, ils se sont lancés dans une nouvelle aventure.
Mais entre l’idée de départ et la réalité du terrain, leur projet a évolué. « Au début, nous voulions faire un barbrasserie, explique Christophe. Nous pensions développer les deux à fond. Aujourd’hui, par rapport à notre vision, nous axons beaucoup plus sur la brasserie et sur l’apéritif le soir. »
A la tête de leur petite entreprise, les nouveaux patrons ont les mains libres. « En tant qu’entrepreneur, nous avons le plaisir de faire des choix et nos décisions sont directement liées à notre travail. »
« C’est très enrichissant mais c’est aussi dangereux par rapport à un emploi salarié. C’est l’avenir de ta société qui est en jeu. » Le temps En tant que salarié, l’ancien chercheur dans un grand laboratoire ne se rendait pas compte du modèle social français qui, selon lui, est « un frein à l’entreprenariat » . « C’est un système qui est vieux et très lourd. Il ne correspond plus à notre modèle. »
Et pour que la boucle soit bouclée, la vie sociale a permis au couple de s’épanouir pleinement. « Sans les amis, nous ne nous sentirions pas tout à fait heureux. Nous n’aurions pas été tout à fait satisfaits. »
« Ici, tout se trouve dans des proportions humaines. On prend le temps de discuter avec les gens. »
Christophe ne regrette pas d’avoir tout quitté. « La vie parisienne, dans ses pertes de temps, nous a désociabilisés. »
Faire marche arrière ? « C’est impossible. »