Une Mortagnaise championne de France
Dimanche 22 octobre, le Serbotel, salon dédié à l’hôtellerie-restauration, à Nantes, accueillait le championnat de France de sculpture sur glace. La mortagnaise Veronica Bustamante est montée sur la première marche du podium.
Mortagne-au- Perche.
Elle a le sourire accroché aux lèvres, depuis l’annonce du verdict. Veronica Bustamante, 38 ans, est la nouvelle championne de France de sculpture sur glace. La Mortagnaise a devancé ses sept concurrents avec une oeuvre audacieuse, représentant trois personnages : un pêcheur sur le point de prendre la mer, sa femme accrochée à son épaule, et sa petite fille, priant pour qu’il revienne en vie. 300 kg de glace à sculpter
Installée depuis un peu plus de deux ans à Mortagne- auPerche, Veronica Bustamante a préparé l’épreuve aux côtés de son compagnon, Gérard Taurin. Un expert, en matière de glace : il a remporté le titre de meilleur ouvrier glacier de France en 2000 et celui de champion du monde en 2003. Le coaching a payé. Après être passée tout près du titre en 2015 (elle avait fini deuxième, à seulement quelques points d’écart de la gagnante), Veronica Bustamante a tenu sa revanche, dimanche 22 octobre, au parc des expositions de la Beaujoire, à Nantes.
Le championnat de France était organisé à l’occasion du Serbotel, salon dédié à l’hôtellerie-restauration. « Nous avions trois heures pour réaliser une sculpture collant au thème Loire-Atlantique, histoire maritime » , explique la candidate.
Pour être fin prête le jour J, Veronica Bustamante s’est entraînée pendant des heures, dans la cour de sa maison située dans le centre-ville de Mortagneau-Perche. « Les débuts étaient catastrophiques » , avoue celle qui n’avait pas travaillé la glace depuis de nombreux mois : « J’étais enceinte, j’avais fait une pause » .
Car le défi est physique. « Il s’agit de sculpter un bloc de 300 kg de glace. Pendant près d’1 h 30, le travail se fait à la tronçonneuse » , indique Gérard Taurin.
Veronica Bustamante s’est inspirée d’un tableau qui l’a touchée : « Il raconte la vie des pêcheurs, à l’époque où ces derniers devaient quitter leurs familles pendant des mois sans être certains de revenir. Il raconte aussi et surtout l’angoisse des épouses, patientes, capables d’attendre des années » . En Espagne, le pays d’origine de Veronica, beaucoup de sculptures rendent hommage à ces femmes. Une première, niveau technique
Un choix périlleux - « le niveau technique était très élevé, avec de multiples collages à réaliser. C’est la première fois que je vois une sculpture appréciable des deux côtés » - mais pertinent : « Les bateaux et les ancres étaient sans intérêt car déjà vus. En réalisant trois expressions humaines, Veronica s’est distinguée devant le grand jury » , se réjouit Gérard Taurin, fier de la prouesse accomplie par sa compagne.
Avant que l’oeuvre ne se transforme en flaque d’eau, le couple l’a exposée quelques heures dans la poissonnerie de Mortagne. N’est- ce pas frustrant, de voir disparaître le fruit de son travail ? « Non, au contraire, l’éphémère me plaît. La sculpture prend vie en même temps qu’elle meurt. En fondant, elle change, s’embellit parfois » , confie la championne de France.