Le Perche

Regards croisés sur les relations amoureuses, avec

Joëlle Guillais et Laurence Verdier ont écrit 23 nouvelles. Authentiqu­es, ces récits racontent les relations de couples, dressent le portrait de « princes pas toujours charmants », sur un ton drôle-amer.

- Émilie JOUVIN

Mortagne-au- Perche.

C’est en échangeant sur leurs histoires sentimenta­les respective­s, que Laurence Verdier, la vingtaine, et Joëlle Guillais, la soixantain­e, ont dressé ce constat : « Les choses ne changent pas. Quel que soit l’âge, on vit les mêmes difficulté­s, les mêmes bonheurs » .

Les deux auteures ont alors pris la plume, chacune de leur côté, et couché sur le papier le récit tragicomiq­ue de leurs relations amoureuses. Des « histoires vraies » , assure la percheronn­e Joëlle Guillais, qui ont été fictionnal­isées et regroupées au sein d’un ouvrage : 23 mecs comme ça. « Difficulté­s à dire je t’aime »

Publié en 2017 aux éditions S (y) napse, le livre n’est « pas un pamphlet féministe » , précise d’emblée l’Ornaise. Les hommes, elle « les adore » : « Avec Laurence nous les remercions, sans eux nous n’aurions pas pu faire ce livre » . Et puis, les auteures l’admettent volontiers : « On pourrait tout à fait faire le portrait de 23 filles comme ça… » .

La série de nouvelles est rédigée à quatre mains, mais on ignore qui a écrit quoi. « Ce qui compte c’est le texte, pas l’auteur » . Au fil des pages, le lecteur croise les portraits d’hommes actuels, « princes pas toujours charmants » . Il y a Romain, qui « règne sur sa famille tel un chef d’étatmajor, mais le whisky règne sur lui » . Félicien, qui « pourrait remplir un bus avec ses conquêtes, mais son libertinag­e cache une blessure » . Ou Simon, qui « invite Léa à quitter l’appartemen­t sans tarder, car Juliette arrive dans une heure » .

Drôle et rythmé, 23 mecs comme ça met en exergue « les incroyable­s façons qu’ont certains hommes de mener leurs relations amoureuses » , résume Joëlle Guillais. Les dénominate­urs communs ? « La difficulté à dire je t’aime, à répondre à des messages, ou tout simplement à écouter l’autre » , liste la romancière. « D’une manière générale, il est difficile pour les femmes d’être entendues, l’art oratoire est un art masculin » , poursuit celle qui a contribué, entre autres, à l’écriture de l’Histoire des femmes en milieu rural. « Je suis écrivaine parce que je suis une crieuse, pour que les choses changent » . Retour dans le Perche

Joëlle Guillais est aussi et surtout connue pour avoir dénoncé dans ses romans (notamment La ferme des orages, 1999) l’utilisatio­n d’engrais chimiques dans l’agricultur­e et dévoilé au grand jour les accointanc­es entre l’industrie phytosanit­aire, les syndicats, les banques et les élus locaux. Devenue « infréquent­able » , l’auteur a été prise pour cible - « On a voulu me faire taire » - et a fui le Perche.

Dix ans plus tard, elle retrouve ses terres natales et ira à la rencontre de ses lecteurs, samedi 4 novembre, à la médiathèqu­e de Mortagne. « Avec Laurence Verdier, nous lirons quelques textes » . Bien sûr, elles « discuteron­t des mecs » . Ces derniers ne sont pas persona non grata : « On les invite ! » .

Rencontre - dédicace avec Joëlle Guillais et Laurence Verdier, samedi 4 novembre, à 15 h, à la médiathèqu­e de Mortagne- au-Perche. 23 mecs comme ça, éditions S (y) napse, 140 pages, 13, 90 €. À commander sur le site de l’éditeur : synapse-editions.com

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