A Moulins-la-Marche, « nous ne voulons plus qu’un commerce ferme »
Moulins- la- Marche.
La vitrine est encore pleine d’objets, mais l’enseigne « Le Moulin fleuri » a mis la clé sous la porte en juin dernier. « Les fleurs sont devenues un achat secondaire » , regrette le maire, Fabrice Gloria. Hormis cet exemple, les commerces de la commune de Moulins-la-Marche (environ 750 habitants) se maintiennent bon an mal an. Tout juste déplore-t-on la fermeture de la seconde supérette, mais, de l’avis général, il y en avait une de trop pour si peu d’habitants. Environ 25 professionnels
Il reste donc une supérette, mais aussi deux boulangeries, une agence immobilière, deux banques, une maison de la presse, la Poste, un magasin de vêtements, un coiffeur, un institut de beauté, deux bars/café, une pharmacie, des ambulances, une auto-école, un restaurant, un hôtel-restaurant, des artisans et autres professionnels de santé. Soit environ 25 entreprises.
Une particularité qui aurait plusieurs explications, selon Johan Lesage, président de l’Union commerciale et artisanale moulinoise depuis juillet dernier. « Nous sommes situés entre L’Aigle et Mortagne-auPerche et les habitants des petits villages à proximité viennent car c’est plus près pour eux, explique-t-il. Nous avons aussi la chance d’avoir un collège et de ne pas avoir de déviation routière. Il y a ainsi beaucoup de passages routiers, notamment le midi. Je préfère voir quelques camions plutôt que 50 voitures en moins chaque jour. »
C’est également l’avis de Laurence Barzilai, qui tient le tabac et la maison de la presse. Elle pointe toutefois le problème du manque de stationnement dans le centre-bourg. « Il faudrait faire des places de stationnement de 15 minutes contre les voitures qui restent toute la journée », ajoute Nadine Taupin, du magasin de prêt-à-porter « Tethys ». Fidéliser le client
Malgré son éloignement du centre, l’ouverture récente d’une station- service dans la zone artisanale est un plus pour ces commerçants, qui « peut faire rester les clients » . « C’est une valeur ajoutée, renchérit Ruddy Lerine, chef de l’hôtel-restaurant « Le Dauphin » depuis 12 ans. A la campagne, la chaîne de consommation c’est : j’achète ma baguette, mes journaux, mon steak, je fais mon plein et je repars. »
Pour autant, la situation n’est pas non plus paradisiaque. « Les commerces font ce qu’ils peuvent, et ils sont solidaires » , constate Fabrice Gloria, également pharmacien. « Il y a du boulot mais c’est compliqué avec la concurrence des grandes surfaces, il faut arriver à fidéliser le client pour qu’il reste à Moulins-laMarche, illustre Johan Lesage, qui tient la boulangerie « La Maison de la brioche » depuis deux ans et demi. On ne veut plus qu’un commerce ferme car cela fait partir les gens. Pour le Crédit agricole, si les habitants des communes alentour ne veulent pas changer de banque, ils ne viendront plus ici. » D’où la volonté de l’Union commerciale que l’agence ban- caire conserve un accueil.
« Les commerces sont en équilibre, mais on est sur la corde raide, poursuit Ruddy Lerine. Ce sera difficile dans les prochaines années. Il faut se projeter, voir plus loin, anticiper. C’est plus compliqué d’être chef d’entreprise aujourd’hui. Les élus veulent que la campagne se maintienne, mais dans le même temps on enlève les pancartes publicitaires, on marche un peu sur la tête. Par ailleurs, nous manquons de pouvoir clientèle, d’un réservoir de clients comme une entreprise, une usine. » Retour des animations
« Quand il y a des animations, on voit que les gens se déplacent » , glisse le chef hôtelier. Justement, l’Union commerciale, relancée en 2016, s’est remise au boulot pour dynamiser la commune avec des animations telles la quinzaine commerciale en décembre, un repas en novembre, la brocante du 14 juillet, la participation à la fête de la musique. Pour l’année prochaine, elle aimerait renouveler le feu de la Saint-Jean et ressusciter la confrérie de la brioche, spécialité moulinoise, ainsi que le concours de la meilleure brioche.
Il ne faut pas non plus oublier que Moulins- la- Marche a un atout touristique indéniable avec la Fête des potiers. « C’est une fête porteuse sur le moment et dans le temps », souligne Ruddy Lerine, au premier plan concernant l’accueil. Son hôtel de sept chambres voit ainsi régulièrement passer Américains, Russes, Anglais, Belges, Italiens… « C’est un fort potentiel, ils peuvent tomber amoureux du secteur et, pourquoi pas, acheter ».
A l’inverse du fleuriste, un exemple d’un commerce en bonne santé : François Chemin, patron de l’entreprise éponyme spécialisée en motoculture de plaisance, envisagerait de s’agrandir en restant à Moulins. C’est positif.