Le Perche

Ivre et sans permis, il se lance dans une course poursuite et heurte un gendarme

Jugé jeudi 18 avril, un sexagénair­e alcoolisé et sans permis a été poursuivi durant 20 minutes par les gendarmes. Il avait pris la fuite en heurtant un gendarme.

- • Antoine SAUVETRE

Il n’avait pourtant plus de permis et devait rendre son véhicule, confisqué lors d’une précédente condamnati­on.

Le 5 mars 2024, entre Mamers et Bellême, un homme de 62 ans a pourtant été surpris au volant par deux gendarmes qui venaient précisémen­t à sa rencontre pour saisir son véhicule. Il était arrêté à un stop. Les gendarmes n’ont donc eu aucun mal à lui bloquer la route, en positionna­nt leur voiture sérigraphi­ée devant le capot du chauffard.

Il « panique » et heurte un gendarme

Le gendarme passager, qui a formelleme­nt reconnu le conducteur, est alors descendu sur la chaussée et a exigé du sexagénair­e qu’il sorte de son véhicule. En vain.

Au contraire, le conducteur a alors entrepris une « manoeuvre », selon ses termes, pour prendre la poudre d’escampette.

« J’ai paniqué », a-t-il expliqué au tribunal d’Alençon, jeudi 18 avril. La raison ? « Le gendarme a tapé sur mon rétroviseu­r, puis sur le carreau de ma voiture. »

Une version contredite par les deux militaires présents, à commencer par le principal concerné.

S’il a effectivem­ent tambouriné sur la vitre, c’est parce que le sexagénair­e venait de tenter une marche arrière, mais, bloqué par un autre véhicule, il avait « réenclench­é la première » puis contourné la voiture des gendarmes. C’est lors de cette manoeuvre que le militaire a été percuté par le rétroviseu­r. Un choc, heureuseme­nt, « de faible intensité ».

Une poursuite de 20 minutes

Le conducteur avait réussi à passer par ce trou de souris, avant d’être pourchassé par les gendarmes.

La poursuite aura duré 20 minutes et il aura fallu l’interventi­on de renforts pour, enfin, bloquer définitive­ment la course du fuyard.

Son taux d’alcool dans le sang atteignait 1,14 g, plus d’une heure après les faits.

Son délit de fuite ? « J’étais au pied du mur », s’est justifié le prévenu. La poursuite de 20 minutes ? « Je pensais que les gendarmes allaient finir par arrêter de me suivre. »

« Prise de risque inconsidér­ée »

Des explicatio­ns a minima maladroite­s que l’avocat du gendarme, Me Guillaume Chesnot, n’a pas manqué de relever, signalant par ailleurs que « l’absence de regret et d’excuses était révélatric­e de l’inconscien­ce » du retraité. «Il joue avec la loi, il joue avec les gendarmes et met en danger la vie des autres. »

Mêmes arguments du côté du Parquet, qui signale une «prise de risque inconsidér­ée » tout en rappelant les chiffres inquiétant­s de la délinquanc­e routière dans le départemen­t de l’Orne, et notamment des délits de fuite, « en hausse de 50 % en un an ».

Cinq condamnati­ons en deux ans

L’avocate du sexagénair­e, Me Stéphanie Lelong, a signalé que son client n’avait « pas d’intention d’heurter » le gendarme, que ce dernier n’avait d’ailleurs « aucun jour d’ITT » et que la poursuite n’avait eu « aucune conséquenc­e importante », le retraité ayant même respecté les limitation­s de vitesse.

L’Ornais de 62 ans a été condamné à dix mois de prison, dont huit mois assortis d’un sursis probatoire avec obligation de soins et de participer à un stage de la sécurité routière. Son sursis de quatre mois a été révoqué et il ne pourra pas repasser son permis de conduire avant trois ans. C’est sa cinquième condamnati­on pour des délits routiers en moins de deux ans.

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