«Il faut s’attendre à revoir le loup dans l’Orne»

Docteur en géographie, Nicolas Blanchard a étudié, dans L’Orne et le loup, histoire et territoire, aux éditions de l’Étrave, la présence du loup depuis le 18e siècle.

➜ Comment un loup s’installe-t-il durablement dans un territoire ?

Il faut plusieurs facteurs. Le premier, c’est un territoire naturel intéressant pour le loup.

Le second, c’est la présence de gibier. Dans l’Orne, il serait plutôt servi avec le nombre de chevreuils. Le dernier facteur, c’est la reproduction. Si un couple meneur se reproduit, alors sa zone va se réduire, car il faut nourrir et protéger les louveteaux. Ils s’installent donc sur un territoire. Actuellement en Normandie, ce ne serait pas le cas.

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Je n’ai pas de boule de cristal. Ce que l’on observe toutefois, c’est que le territoire est bien plus propice qu’autrefois quand il y avait des dizaines de loups dans l’Orne. La population est moins importante et nous avons de grands massifs forestiers et des petites forêts. Le loup peut s’adapter partout sur ce territoire, notamment quand la densité de population est comprise entre 40 et 60 hab/km², c’est-à-dire presque partout dans l’Orne.

➜ Comment se défendaiton à l’époque contre le loup ?

Si aujourd’hui le sujet du loup est clivant, à l’époque tout le monde était d’accord : il fallait l’exterminer. On aiguisait les cornes des vaches, on dormait dans les pâtures, on faisait du bruit la nuit. On avait des petites cahutes sur roues pour avancer avec les troupeaux… On parlait de « la bête », c’était l’ennemi à abattre. Un député de l’Orne proposait même des battues dans toute la France pour en finir avec le loup.

➜ Pensez-vous que l’on puisse cohabiter avec lui ?

Le loup n’est pas officiellement de retour dans l’Orne. Mais c’est certain qu’il sera au moins aperçu dans cinq, dix ou quinze ans. Il faut s’attendre à le revoir. Avec ce livre, je souhaite inviter les autorités à se saisir de cette questions dès maintenant. Si l’on y réfléchit à la hâte, des décisions seront prises de manière arbitraire. Certains pensent que le loup pourrait réguler des espèces nuisibles. Il ne doit pas être vu que comme un problème.