« Un acte de solidarité »
« (…) Depuis plusieurs mois, nous assistons à l’exode forcé de centaines de milliers de familles fuyant leur pays (Syrie, Irak, Afghanistan, Érythrée, Soudan…) dans la précipitation et le désarroi le plus total. Ces hommes, ces femmes et ces enfants ne quittent pas leur pays pour des raisons économiques, mais ils le fuient en raison de la guerre, du terrorisme, des persécutions et des exactions (viols, violences…) subies au quotidien. (…)
Dans ce contexte d’urgence internationale et d’appel à la solidarité nationale, SaintCast-le-Guildo, commune de la Communauté de communes du Pays de Matignon, a été choisie par les services de l’Etat afin d’accueillir, de façon temporaire, des mineurs étrangers isolés (c’est-à-dire sans famille). Ces mineurs seront entièrement pris en charge par l’Etat et encadrés par les associations mandatées par ses services.
Valeurs fraternelles
J’invite chacune et chacun à ne pas céder à la tentation du repli sur soi ou du rejet de l’autre. Si l’accueil de 30 000 réfugiés ne mettra pas en péril la France, pays de 65 millions d’habitants, il en va de même pour l’accueil de 31 mineurs sur notre territoire intercommunal. Au contraire, cet accueil mettra en avant nos valeurs fraternelles et solidaires qui se sont manifestées lors d’évènements tragiques récents et que nous mobilisons lorsque les circonstances internationales l’exigent. »
Si l’arrivée à Saint-Cast-leGuildo de ces 31 mineurs s’est déroulée paisiblement, c’est peu dire que la mairie a fait face à un vent d’hostilité la semaine précédente. Elle a en effet reçu plusieurs dizaines d’appels et d’emails insultants et menaçants. Comme à Plévenon l’an dernier - qui avait été un temps envisagé pour accueillir des migrants, adultes - la maire de la station Josiane Allory s’est retrouvée la cible de propos extrêmement violents. « Oui, c’est violent quand on vous dit qu’on va vous pendre haut et court pour haute trahison », lâchet-elle.
Une bonne part de ces menaces est venue d’ailleurs que Saint-Cast-le-Guildo. Elles sont liées sans aucun doute à des articles publiés sur plusieurs sites Internet d’extrême droite. L’un d’eux appelait ainsi à téléphoner ou à écrire à la mairie pour se plaindre de « trahison ».
Pour le Préfet, ce déchaînement de violences verbales est inacceptable. Il précise aussi que la municipalité n’a pas été consultée avant l’ouverture de ce centre d’accueil (les centres appartenant aux oeuvres sociales d’EDF ont été mis à disposition de l’Etat dans le cadre d’une convention nationale).
Josiane Allory a donc été mise « devant le fait accompli », confirme-t-elle. « Cela a été une grande surprise.