Un centre pour les naturistes
Le projet semble titanesque mais Bertrand Pilard le confirme : en 2018, la commune Hénansal hébergera un camping naturiste de grand confort.
« Comme un mini Center Parcs ® naturiste » « Il faut arrêter les fantasmes »
L’homme a l’assurance de ceux qui en ont vu d’autres. Et la trempe d’un entrepreneur qui baisse rarement les bras. Originaire de Saint-Jacut, Bertrand Pilard compte déjà deux campings sur la petite presqu’île aux 11 plages, celui de la Presqu’île et celui des Hotieux. Deux campings classiques où s’habiller est la norme.
Mais depuis quelques années déjà, Bertrand Pilard voulait se montrer plus en adéquation avec sa philosophie de vie. Il cherchait un terrain, ou un camping à reprendre, pour héberger des clients sur la même longueur d’ondes que lui. La plage du Lortuais à Erquy, point névralgique de l’activité naturiste dans la région, lui est apparue comme le lieu à valoriser. Alors, il cherche. Il tâtonne. Se heurte aux élections, parfois aux convictions mais jamais il ne lâche l’affaire.
Pendant plus de trois ans, il visite, propose, hésite et, finalement, il tombe sur La Donnais. Une ancienne auberge, qui faisait déjà camping, aux confins d’Hénansal, La Bouillie et Saint-Alban. Un endroit un peu paumé, complètement oublié mais tout près des grands axes et de la côte. Et de sa fameuse plage. « Aujourd’hui, c’est presque impossible de créer un camping en France. Trop de contraintes. La seule solution est d’en racheter un, très cher, mais on ne va pas virer les gens qui y sont pour faire du naturisme. Ici, il y avait déjà un camping et les terrains sont classés en zone d’activité économique » , ex
plique Bertrand Pilard.
Début 2018
Malgré quelques contrariétés administratives, l’entrepreneur espère pouvoir ouvrir son camping début 2018. Car le lieu sera ouvert toute l’année. Pour l’aménager, Bertrand Pilar ne manque pas d’idées, ni de budget. Près d’un million d’euros devraient être nécessaires pour réaliser les ambitions de l’entrepreneur.
Petite visite guidée autour d’une pelouse et de quelques hangars de guingois. Des mobile-homes devraient arriver dès cet hiver, « J’ai plusieurs com-
mandes et il faut déjà que je réponde à la demande mais ce sera seulement sur un hectare
au départ » , assure Bertrand Pilar. Les premiers seront installés pas très loin du bâtiment principal où cinq chambres d’hôtes sont aussi prévues.
La salle de restaurant de l’ancienne auberge est conservée avec ses pierres et sa cheminée mais devient plutôt « une salle pour les groupes, un endroit où l’on
peut se retrouver s’il pleut. » À côté, sans doute l’un des joyaux du futur camping, Bertrand Pilar a commencé la construction de son spa. Un magnifique sauna en bois d’aulne, créé par un artisan, est
presqu’en fonction. « Le poêle qui le chauffe est finlandais mais tout le reste est local. C’est quelque chose qui me tient à coeur de faire travailler le plus possible les locaux. » Devraient s’adjoindre au sauna, une salle de repos infrarouge et
un jacuzzi. « Bien sûr, ce sera naturiste mais n’importe qui pourra venir au spa, pas seulement les campeurs » , assure
Bertrand Pilar.
Piscine et plage couvertes
Un peu plus loin, au pied d’un immense hangar, devrait s’adosser un bâtiment en verre qui contiendra un des aspects les plus grandioses du camping : une piscine et une plage couverte. Mais une vraie plage avec du vrai sable, déjà stocké sur le site. « Ça fera partie du charme du camping puisqu’il sera ouvert toute l’année. Mais même l’été, parfois, ça peut être utile d’avoir une plage couverte… »
Dans d’autres bâtiments, dont l’un est pratiquement opérationnel, on trouvera des espaces ludiques avec ici, des jeux de bars et une petite scène pour les concerts, là du tir à l’arc ou encore un terrain de boule bretonne.
Un chantier titanesque qui n’effraie pas le Jaguen, parti pour de longs mois de travaux. Quant au voisinage, plutôt amusé par le lancement du projet, Bertrand Pilar en fait son affaire. « J’ai rencontré les voisins dès le départ. Je leur ai tout expliqué et j’ai été accepté par tout le monde. Les naturistes sont des gens normaux. D’ailleurs, je ferai une porte ouverte en invitant les voisins. Il faut arrêter les fantasmes sur les naturistes et nous n’avons rien à cacher (!) Mais quand on viendra dans mon camping, j’aimerais qu’on retrouve les valeurs essentielles et qu’on laisse la société, et ses pressions, à l’entrée. »
Patience
Bertrand Pilard devra cependant patienter encore un peu avant d’envisager la totale conversion de son terrain en camping. Quelques soucis administratifs, notamment la révision du Plan local d’urbanisme intercommunal, l’empêchent de développer la totalité de ses 5 ha de terrains, « bien qu’ils soient classés en zone d’activité économique en zone rurale. » Malgré ce délai, le camping a bel et bien démarré et devrait accueillir ses premiers clients dès cet hiver malgré le paradoxe de la saison…