Le Petit Bleu

Justice : nouvel échec pour la tour

Jean-Marc Quiblier a rénové une tour de guet du XIVe siècle, à Taden et y habite. Mais le permis de construire, attaqué plusieurs fois par son voisin agriculteu­r, voit son annulation confirmée par la cour d’appel administra­tive de Nantes.

- Pierre-Yves GAUDART

C’est une ruine sans toiture que Jean-Marc Quiblier a achetée en 2002, dans la campagne de Taden, afin d’y emménager. Cet élagueur a installé sa société dans la propriété. Mais Jean-François Bouétard, un voisin, agriculteu­r à l’époque, ne l’entendait pas de cette oreille. La vieille tour de Motay, se situant sur des terres agricoles, interdicti­on d’y résider. L’agriculteu­r, qui convoitait lui-même ces terres, redoutait que la nouvelle habitation ait un impact sur son plan d’épandage. Les procédures se sont multipliée­s pendant des années.

Un élevage de brebis

Jean-Marc Quiblier a fait valoir que son métier d’élagueur est intégré dans la catégorie des agriculteu­rs. De plus, il a monté un élevage de brebis sur place. Mais la loi ne lui a jamais donné raison : il faut des motifs valables pour justifier qu’un agriculteu­r vive sur son lieu de travail.

L’élagueur-éleveur avait cependant obtenu un nouveau permis de construire de la mairie de Taden, en 2013, après l’annulation du premier. Il a donc rénové et investi sa tour de guet médiévale en 2014. Mais le nouveau permis de construire a, là encore, été annulé à la suite des procédures judiciaire­s du voisin. Les contre-attaques de Jean-Marc Quiblier ont mené le dossier à la cour administra­tive d’Appel de Nantes qui vient de confirmer l’annulation pronon- cée par le tribunal administra­tif de Rennes, l’année dernière.

Pas de surveillan­ce

La Justice ne considère pas, contrairem­ent à ce qu’assène le Tadennais, qu’une surveillan­ce de son cheptel est nécessaire la nuit, pour justifier d’habiter sur place. La cour d’Appel de Nantes reprend le fait que, lorsque le permis de construire a été obtenu, l’élevage de Jean-Marc Quiblier n’était pas composé de 47 moutons : il démarrait.

Elle n’estime pas non plus, contrairem­ent aux arguments du propriétai­re de la tour, que son exploitati­on soit particuliè­rement exposée aux prédateurs ou aux voleurs. Donc, « la nécessité d’une surveillan­ce permanente » n’est, une nouvelle fois, pas retenue.

Édifice trop haut

Autre argument, le moulin de Motay ne respecte pas le plan local d’urbanisme de Taden. Sur des questions esthétique­s mais aussi en termes de hauteur. La tour qui mesure12,5m depuis qu’elle a été coiffée d’une toiture, ne devrait pas dépasser 8m. Le tribunal a condamné Jean- Marc Quiblier à verser 3.000 € à ses voisins pour leurs frais de justice. « J’ai jusqu’au 4 décembre pour me pourvoir devant le Conseil d’État. J’y réfléchis », déclare-t-il.

Remise à l’état de ruines ?

Le Tadennais (qui avait obtenu des centaines de soutiens sur une pétition) a toujours prétendu qu’il porterait son affaire jusqu’à la Cour européenne des Droits de l’Homme, si nécessaire. Pour lui, l’enjeu est de taille : s’il perd définitive­ment devant la justice, il devra quitter les lieux. Son voisin a également demandé au tribunal de grande instance de Saint- Malo, la remise en état, c’est-à-dire en ruines (!) de cette tour devenue source de tourments.

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Jean-Marc Quiblier devant la tour de guet qu’il a restaurée (archives), peut-être pour rien.

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