Le Petit Bleu

Le design de Dinan vise l’Europe

Lib éditeur d’idées, l’entreprise fondée par le designer Erwan Péron, a trouvé son second souffle grâce à l’arrivée de nouveaux associés dinannais. Elle espère se développer en Allemagne avec ses best-sellers et ses nouveautés : couteaux, coquetier ou vas

- Bernadette RAMEL

Déjà copié, jamais égalé. Le hérisson portepics Kipik reste l’un des best-sellers de l’entreprise dinannaise Lib éditeurs d’idées. Il a même une patte aux Etats-Unis, puisqu’il est référencé par le MoMA Design Store, le réseau de magasins du musée d’art moderne de New-York.

Kipik fait partie des onze produits vendus par Lib et diffusés notamment par les enseignes de décoration et arts de la table, en France mais aussi en Suisse, en Belgique, aux Pays-Bas, etc. La société dinannaise, fondée en 2009 par le designer Erwan Péron, a aujourd’hui les moyens de ses ambitions.

« Du talent et de la poésie »

Un nouveau chapitre s’est ouvert en 2016. Pour trouver un second souffle et développer de nouveaux objets à un rythme plus soutenu. « Erwan Péron est venu nous voir parce qu’il avait besoin d’un coup de main. On a écouté, on a regardé. Et on a décidé d’entrer au capital » , explique Vincent Corlay, directeur général de Concept Ty et aujourd’hui gérant de Lib éditeurs d’idées. Laquelle compte désormais six associés, « tous dinannais » et convaincus qu’il y a « du talent et de la poésie dans les produits Lib ».

Parallèlem­ent, l’équipe s’est étoffée, avec Christophe Albert, directeur commercial, et Laurence Heurtier, chargée de la logistique et du montage final des objets.

Erwan Péron, toujours associé et designer ’historique’ de l’entreprise, n’est plus le seul à créér des produits innovants pour Lib.

Mélitine Courvoisie­r a rejoint l’aventure en mars dernier. Elle a 26 ans, habite Besançon, est diplômée de l’école Boulle et de l’école supérieure de design de Saint-Etienne.

« Lorsque nous avons lancé notre recherche, trois designers sont venus vers nous, explique Christophe Albert. Mais Mélitine est la seule à nous avoir raconté l’histoire de ses objets. » Un peu à la manière d’Erwan Péron, qui s’est inspiré de souvenirs d’enfance pour créer par exemple « Nolwenn » , le couteau à beurre qui tient debout…

Mélitine Courvoisie­r imagine un retour en enfance, elle aussi, avec « Piou » . C’est un coquetier en bois, rond et coloré, avec cuillère design intégrée pour casser la coquille. Le tout est stable, facile à ranger et pourquoi pas à empiler si on en achète plusieurs !

Du « made in France »

Autre nouveauté qui va apparaître en boutique sous peu, le « Vaz » . Un vase composé de pièces de bois indépendan­tes, fabriquées dans le Jura. « Plutôt que de retourner au placard quand il est vide, ce vase peut se transforme­r en photophore » , explique Christophe Albert. Pour accentuer son côté décoratif, il est customisab­le avec des cercles de différente­s couleurs - « une pièce laquée en médium » - qu’on peut acheter à part. Avec « Vaz » , Lib vise plutôt les « concept stores » ou les magasins de design car son prix sera de 149€.

Pas donné, certes, mais c’est du « Made in France » . Comme tous les objets Lib et jusqu’aux packagings de la marque. « Pour nous, c’est naturel. Mais clairement, c’est compliqué, convient Vincent Corlay. Ce n’est pas qu’une histoire de coût, mais aussi de savoir-faire qui disparaiss­ent dans les usines… quand elles sont encore là ! »

Et quand la main-d’oeuvre spécialisé­e existe, c’est l’outillage qui manque (par exemple, la machine capable de mouler une pièce en silicone). « Et cet outillage coûte très cher » , certifie Christophe Albert.

Autant dire qu’entre Lib et ses fournisseu­rs (ils sont trois ou quatre pour chaque produit), « il faut qu’il y ait un bon contact et une synergie » . « La tournerie sur bois de Saint-Julien, dans le Jura, est une petite structure mais très réactive. Idem pour le fabricant du Kipik, à Quimper. »

Ces bonnes relations se nouent dès la phase de développem­ent d’un objet, longue et complexe. « On définit le prix public à ne pas dépasser et pour y arriver, tout le monde met la main à la pâte […] On a souvent affaire à des gens passionnés et passionnan­ts. » Parfois la solution technique n’est pas très loin de Dinan. Pour le « Piou » , par exemple, elle était à Pluduno, à l’atelier Fanik, qui s’occupe de sérigraphi­er la décoration sur le coquetier.

Pour « Yana » - le couteau à fromage qui fait aussi des copeaux - « Roger Orfèvre, à Thiers, a été le seul capable de réaliser cette vraie fonction économe » . Pour ne rien gâcher, ce fabricant de coutelleri­e a aussi offert de partager son stand avec Lib, en février prochain, au salon Ambiente à Franckfort, en Allemagne, spécialisé dans l’univers des arts de table et de la décoration. Un must européen, plus important encore que le salon parisien « Maison et objets » déjà très couru. « Pour nous, c’est une opportunit­é de mettre un pied dans la porte. Il y a deux ou trois ans d’attente pour exposer au salon Ambiente » , se réjouit Christophe Albert.

Doubler le chiffre d’affaires

L’objectif de Lib est donc de développer l’export en Europe du Nord, mais aussi de conforter l’assise en France. « Pour ne pas lasser nos clients, il nous fallait de nouveaux produits » , explique en substance Christophe Albert. « Nous allons passer de 16 à 24 références en 2018, confirme Vincent Corlay. Notre objectif est de doubler notre chiffre d’affaires. » Pour 2017, celui-ci s’établit autour de 350.000€, ce qui est déjà « une vraie satisfacti­on » . « On est à l’équilibre dès la première année et ce en lançant cinq nouveaux objets. »

Pour autant, Lib reste une « petite structure » et espère bien « garder son âme » . Celle d’une entreprise attachée à ses racines bretonnes, au « made in France » et à la qualité de ses produits. « On peut devenir le leader du créneau qu’on est en train d’inventer : les objets poétiques et innovants ! », sourit Vincent Corlay. Une belle ambition…

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