Le Petit Journal - Catalan

Était innocent ?

Toujours aucune preuve de la culpabilit­é à l'encontre du père de famille

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BFM et des journaux.

Aujourd'hui, Francisco Bénitez a donc bon dos. On peut l'accabler de tout. Ainsi, après son suicide, un détective privé signala avoir enquêté sur la mort d’une autre jeune femme, Sandra Martin, au début des années 2000. Il affirma que celle-ci était une amie proche de Simone de Oliveira Vares, "toutes deux étant d’origine brésilienn­e". Il s'agissait d'un dossier criminel refermé en 2007, alors que le mari de la victime avait été soupçonné (là aussi) puis blanchi. C'est d'ailleurs ce mari soupçonné qui avait embauché des enquêteurs privés. Or, à cette époque, Francisco Benitez était en poste à une centaine de kilomètres de Tarascon-sur-Ariège, où demeurait la jeune femme... Cette seule proximité de cent kilomètres suffira alors pour imputer également le meurtre de Sandra Martin à "Paco" Bénitez !

Le seul "élément réel" pesant sur Francisco n'est fait que d'une présomptio­n générale, une intime conviction partagée par la justice et les médias, ainsi que par le réseau des amis d'Alisson Bénitez qui affolèrent rapidement l'enquête par Facebook interposé. En dehors de cette conviction générale, il n'y a rien ; et surtout pas de mobile puisque l'adjudant Bénitez adorait sa fille.

Mais que pèse une conviction générale ? Après tout Francisco Bénitez ne serait pas le premier "archi coupable évident" à être accusé de meurtre ! Par exemple, dans le cas des disparues de la gare Perpignan (où, soit dit en passant, Marie-Josée et Alisson se seraient rendues le 14 juillet afin de se rendre à Toulouse, d'après les déclaratio­ns de l'adjudant) ce ne sont pas moins de deux coupables évidents qui se succédèren­t avant que Jacques Rançon ne soit arrêté, confondus par son ADN et qu'il passe aux aveux. Ainsi, à la suite de la disparitio­n de Mokhtaria Chaïb, un suspect de nationalit­é péruvienne, Andrés Avelino Palomino Barrios, dont le diplôme de chirurgie apparaissa­ît douteux, était interpellé au motif que c'était un habitué du « café Figuerres » situé à 600 mères de la gare... De nombreux faits s'accumulaie­nt en sa défaveur (ses connaissan­ces en anatomie, des vols de matériels médicaux effectués dans les hôpitaux où il travaillai­t et des condamnati­ons pour escroqueri­es). Lorsqu'on retrouva le corps de Mokhtaria Chaïb, le péruvien devint le suspect principal car un de ses cheveux était retrouvé près de la scène de crime, sur un passe-montagne abandonné ! Mieux, le 21 juin 2012, Andrés Palomino Barrios sera retrouvé mort, étranglé à son domicile à Valence (Espagne), alors qu'il devait passer en jugement dans ce pays pour exercice illégal de la médecine...

Coupable idéal, n'est-ce pas ? Et pourtant, Andrés Barrios était totalement innocent...

Dans la même affaire des disparues de la gare de Perpignan, ce fut ensuite le tour d'Esteban Reig d'enfiler le costume de "coupable évident". Après tout, cet homme marié et père de quatre enfants, accro aux drogues dures, était un individu extrêmemen­t violent. Toujours armé d’un couteau, il était capable du pire

La pression médiatique a pesé sur l’enquête

et avait même régulièrem­ent menacé son épouse, ainsi que plusieurs autres personnes, de les « découper en morceaux ». Il avait été condamné par les assises du Rhône pour le meurtre particuliè­rement atroce de son colocatair­e, Jean-Marie Guest, alors qu’il vivait à Lyon : après l’avoir poignardé à la suite d’une dispute, il avait soigneusem­ent découpé le cadavre de sa victime (y compris les parties génitales) qu’il avait placé dans des sacs plastiques... Faits troublants : il vivait à Perpignan au moment où les meurtres de Mokhtaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez ont été commis en 1997 et 1998, et il fréquentai­t le quartier de la gare, particuliè­rement le « café Figuerres » ! Mieux encore, selon des confidence­s faites à ses compagnons de cellule, ainsi qu’à sa fille, il aurait reconnu avoir tué et dépecé deux femmes à Perpignan (dont une aurait été séquestrée), et aurait ajouté: « Je préfère les brunes, cheveux longs, assez typées, pas trop grandes, réservées. J'ai quand même eu tout type de femmes mais je préfère les filles du sud », ces détails correspond­ant évidemment aux signalemen­ts de toutes les victimes de Perpignan...

Pourtant, Esteban Reig était lui aussi totalement innocent du crime de Mokhtaria Chaïb !

Après deux ans, une certitude est établie cependant : l’enquête s'est inexplicab­lement laissée enfermer dans une piste unique ce qui était pour elle le plus sûr moyen de faire fausse route. «Je pars à Toulouse avec Allison. Je vous aime». Ce texto envoyé par Marie-José à sa fille Lydia a surpris plus d’un policier toulousain. Parce que ce possible voyage à Toulouse, les policiers de la Ville rose l’ont découvert dans la presse. Et quand ils ont appelé leurs collègues de Perpignan pour proposer leur service, la réponse a été un peu sèche. « En clair on les emmerdait !», lâche un enquêteur Toulousain. On était alors au tout début de l’affaire et Francisco Bénitez n’était pas soupçonné. Depuis, cette « piste» toulousain­e n’a pas donné lieu à des vérificati­ons particuliè­res. Le dossier d’enquête est passé de la sûreté des Pyrénées-Orientales vers le service régional de police judiciaire de Montpellie­r. Des contacts ont eu lieu entre PJ Montpellie­r et PJ Toulouse. « Nous avons effectué une vérificati­on. Un témoin qui pensait avoir aperçu les disparues à Toulouse, lâche un membre de la PJ. Mais cela n’a rien donné de concret. C’était une erreur comme souvent dans ce genre d’affaire.»

Une erreur ? Peut-être, mais qui le prouve définitive­ment ? Et si Francisco Bénitez était innocent ? Quel gouffre cela ouvrirait !

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