Le Petit Journal - Catalan

Les attaques de loups en Cerdagne, dans l'histoire

(Un courrier des lecteurs en 1864 !)

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Dans Le Petit Journal du 17 février 1864 concernant la présence du loup en Cerdagne, on lit ceci :

Voici des faits qui nous font connaître les malheurs que les loups peuvent amener par les grands froids :

On écrit de Cerdagne, le 8 février, au Journal des Pyrénées-Orientales :

Les grands froids qui durent depuis cinq semaines dans nos montagnes ont fait sortir les loups des bois. Chaque soir à la tombée de la nuit, ils descendent par troupes dans la plaine et rôdent autour des villages et des métairies, où ils égorgent de temps en temps quelques moutons ou quelques roquets inexpérime­ntés. On les entend hurler quand ils s'appellent. Ils ne s'attaquent point aux hommes voyageant en compagnie, mais il en est tout autrement lorsqu'ils rencontren­t une personne isolée. Il est donc très imprudent de voyager seul en ce moment, pendant la nuit. En voici plusieurs preuves.

La semaine dernière, vers sept heures du soir, un homme, armé d'un solide bâton, sortait d'un village espagnol, situé à trois kilomètres environ de Puigcerda ; lorsqu'il arriva au pont de Tailletort­e qu'il devait franchir, il aperçut au milieu du pont, un loup qui l'attendait assis à sa façon. En même temps, plusieurs camarades de ce dernier suivaient le voyageur. Ils l'attaquèren­t par derrière, lui emportèren­t son manteau qu'ils mirent en lambeaux et lui arrachèren­t son bâton qu'il brandissai­t pour se défendre. Ce malheureux, se voyant perdu, fut saisi d'une frayeur mortelle et cria au secours ! Bien lui valut qu'on entendit ses cris du village voisin. Plusieurs personnes arrivèrent, on tira un coup de fusil qui dissipa sur-le-champ ces bêtes féroces. Sans ce secours, le pauvre homme allait être dévoré. On envoya chercher un médecin qui le saigna tout de suite, mais il demeura trois jours entiers sans pouvoir proférer une seule parole.

Dans la même semaine, un habitant de Dorres, village situé près des Escaldes, revenait de voyage ; pour se réchauffer, il allait à pied, conduisant son cheval par la bride, lorsque, après avoir franchi le ruisseau qui coule au-dessous de Dorres, il se vit assailli par sept à huit de ces carnivores affamés. Il était décidé à leur abandonner sa monture, quand, à ses cris, arrivèrent plusieurs personnes armées d'une simple lanterne allumée. Cette lumière suffit pour mettre en fuite la troupe de loups. Mais ils se sont vengés sur les chevaux et les troupeaux.

Différents faits à peu près semblables à ceux que je viens de raconter se sont passés ces jours derniers en Cerdagne, notamment près du moulin d'Eyne et du côté de Latour-de-Carol. Veuillez agréer, etc. Un de vos abonnés.

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