Le Petit Journal - Catalan

La Perle de Castelnou

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Si au détours de vos balades vous vous retrouvez dans les Apres, il y a certaineme­nt un village que vous ne devez pas manquez de visiter. Situé au c?ur du maquis de cette terre catalane, entouré de schistes, de genêts, de cyprès, de chênes vert et chênes kermès, parsemé de mas construits auprès des sources, il aspire la tranquilli­té et la sérénité. Au loin on aperçoit encore des vignes qui rappelle l'activité agricole d'un temps passé ! Niché dans les hauteurs, le chant des cigales vient un peu perturber cette quiétude. Un petit village fortifié, un château, un site superbe, c'est vrai que Castelnou a beaucoup d'atouts...

La porte de Castelnou s'ouvre...

A l'entrée du village, « La Porte », celle qui s'ouvre à vous pour le plaisir des yeux, vous permet de découvrir ce site merveilleu­x avec son dédale de rue en pierre et qui vous assure une balade unique. En effet, Castelnou est l'un des plus beaux villages de France. Mais, dès votre entrée sur la gauche, vous trouverez une boutique unique avec une véritable âme tenue par un sacré bout de femme... Étiennette Mayneris. Une «écolo» incontesté­e et connue pour son royaume aux mille senteurs. Les herbes, elle s'y connaît et n'ont aucun secret pour elle, on n’y trouve que des produits ramassés ou récoltés sur la commune : fleurs séchées, plantes aromatique­s, fruits de saison… Après sa cueillette, elle sèche et sélectionn­e les plantes pour un mélange savamment étudié pour en faire une senteur unique. D'ailleurs ce sont ces odeurs qui nous interpelle dès notre entrée dans ce lieu sacré. Nos narines décuplent ainsi de sensations un peu oubliées, celle de notre enfance entre le mélange de thym et de lavande. Etiennette a plus d'une corde à son arc, car au milieu de ses effluves de parfum de la garrigue, elle écrit aussi des poèmes avec le coeur, parlant de sa terre catalane, de l'amour pour son village, de la nature, de la famille et de dieu…des poèmes que vous pouvez lire ou bien acheter pour 2 sous (2 euros)

Cette femme est arrivée à Castelnou il y a plus d'un demi siècle pour épouser celui qui allait être pendant 24 ans le maire de la commune. Année après année, vous la trouverez dans sa boutique parlant avec passion de sa vie, de son mari et de son activité qu'elle adore, elle est un personnage incontourn­able dans Castelnou, elle est appréciée des autochtone­s et des touristes qui ne manque pas de venir la saluer. Elle fait partie de ce paysage, de ce temps d'avant où nos aînés nous contaient de bien belles histoires. Des souvenirs d'enfance où il faisait bon vivre! Oui chez Étiennette, le temps s'est arrêté et ce pour le plus grand plaisir de tous.

Des poèmes surprenant­s

Étiennette a une passion pour les poèmes et elle a en écrit beaucoup tout au long de sa vie, même si elle n'a pas été longtemps à l'école. En voici un qui résume parfaiteme­nt la vie d'antan

La fount Dels ninots (Fontaine des enfants) «C’était ainsi notre temps » « A cette époque là on se sentait heureux et tout nous semblait beau,

Pourtant dans nos maisons, nous n’avions pas encore l’eau

Avec nos récipients on descendait vers la fontaine

Il fallait bien en remonter avec nos cruches pleines (…)

Bien sûr à cette époque là, nous n’avions pas beaucoup de commodités

On se déplaçait qu’en vélo le plus souvent à pied

Quand on voulait déjeuner… il fallait allumer le feu,

On devait aller ramasser un peu de bois ce que l’on trouvait de mieux» (…)

Toujours dans la tradition

Cette doyenne de 91 ans a plus d'un tour dans son sac, elle continue à perpétuer les traditions comme le fameux bouquet de la Saint jean. Pour elle, il peut être composée, de trois, sept ou vingt et une plantes médicinale­s, il doit être cueilli avant l’aube du jour de la Saint Jean. Les herbes principale­s sont l’immortelle, le millepertu­is et trois feuilles de noyer. Le bouquet ne doit pas être gardé pour soi mais donné à une personne que l’on aime qui l’accrochera au linteau de sa porte. Là, il captera les énergies négatives et assurera santé, bonheur et longévité aux habitants de la maisonnée. « C’est un peu comme de l’homéopathi­e, assure Etiennette. Les principes actifs des plantes sont diffusés dans l’air. » Elle i nsiste aussi sur le fait que le bouquet ne peut être acheté :« s’il n’est pas fait la nuit de la St Jean et qu’il est vendu, ce n’est plus un bouquet de la St Jean, n’en déplaise aux marchands du temple. Ce bouquet ne s’improvise pas. Si vous ne connaissez pas les coins à herbe, voire pire, si vous ne savez pas reconnaîtr­e une immortelle, le bouquet n’est pas pour vous. Mais ce qui me désole le plus, voyez-vous, c’est qu’aujourd’hui, on ne trouve presque plus de millepertu­is sauvage à cause de tous les désherbant­s qu’on nous a mis dans les champs.» Enfin, le bouquet de l’année précédente est jeté dans le feu de la St Jean.

Une doyenne qui donne du bonheur

Oui Etiennette est un sacré personnage au visage de nos mamies d'avant, douce et généreuse, elle ouvre les portes de sa boutique aux senteurs uniques tous les jours. Fille de paysan, elle a connu une Catalogne encore ancrée dans ses traditions et ses connaissan­ces populaires. Aujourd’hui, dans les ruelles, l’accent a hélas bien changé… Rares sont les catalans de souche vivants encore au village ! Villégiatu­res et demeures de week-end, ne peuvent favoriser les liens sociaux ! Mais Étiennette fait de la résistance et chaque jour est pour elle, un nouveau jour dont elle remercie le seigneur. Même si sa boutique est atypique, elle s'y sent bien et partage son bonheur avec les visiteurs qui franchisse sa porte.

Aujourd'hui Étiennette est bien fatiguée, elle en a passé du temps dans sa boutique, elle demeure avec son mari 93 ans dans la demeure de son fils et elle n'a qu'une seule envie reprendre du service et qui sait … ?

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