Vivre avec la menace permanente d'attentats
Le RER-Saint-Michel en 1995, Merah en 2012 et l'après-Charlie où tout s'est accéléré, jusqu'à l'attaque du Thalys vendredi : la France vit avec la menace permanente d'un attentat, entre insécurité et vigilance, un climat qui bouleverse le mode de vie des citoyens.
"Des cycles intenses suivis de phases d'accalmie". Pour Alain Bauer, professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), "on vit avec des attentats depuis les années 1960".
Le 23 janvier, Manuel Valls lançait à des lycéens : "votre génération doit s'habituer à vivre avec ce danger", et ce "pendant un certain nombre d'années".
Une habitude à prendre, ou déjà prise, selon le sociologue Gérard Mermet, spécialiste de l'analyse des modes de vie, et directeur du cabinet d'études Francoscopie.
"Il y a un début d’accoutumance, d'apprentissage qui se fait dans l'opinion : les attentats sont répétitifs, leur fréquence est suffisamment élevée pour qu'on ne les oublie pas".
S'installe un "fatalisme" selon l'expert, avec la conscience que le risque zéro n'existe pas : "Qu'elles que soient les politiques sécuritaires mises en ?uvre, on ne peut rien empêcher".
On se fait plus rationnel, se souvenant qu'"on a plus de chances de mourir de maladie ou dans un accident de voiture que dans un attentat".
Un avis partagé par Alain Bauer : "les gens sont statisticiens et font le rapport risque/enjeu qui les amène à continuer à utiliser les transports en commun".
Il rappelle ainsi qu'en 1995, "les attentats dans le RER n'ont fait baisser que 10% la fréquentation du réseau, preuve de la résilience de la population".