L'amour a toujours été Un business
Magazine • Du 3615 Ulla … aux sites de rencontre
Il y a 33 ans, les premiers sites de rencontre faisaient leur apparition. Depuis, ils n’ont cessé d’évoluer et sont devenus depuis le début des années 2000 partie intégrante du web. Retour sur l’évolution de ces sites dont on ne peut plus se passer !
Le véritable ancêtre des sites de rencontre, c’est bien sûr le Minitel. Lancé en 1982, il a été définitivement débranché en 2012. S’il paraît risible de nos jours, le Minitel était à l’époque une vraie révolution ! Les français sont à l’époque déjà des usagers confirmés par ce petit terminal informatique marron beige de France Télécom . En marge de l’annuaire téléphonique 3611, Les messageries roses et sites de petites annonces de charme piquent la curiosité de nombreux concitoyens qui deviennent rapidement des utilisateurs réguliers. Les premiers « sites de rencontre » naissent donc en 1982, exclusivement en France, sur un appareil à la technologie insensée pour l'époque. Composé à plus de 95% de robots et d’animateurs, le Minitel proposait un service de rencontre bien différent de ce que l’on connaît de nos jours. Et à 90 francs (de l’époque, soit à peu près 25 euros) pour une heure de connexion, le business était florissant.
3615 ULLA
Certains l’ont découvert par les publicités au début des années 1990, d’autres en écoutant chanter les inconnus ''c'est toi que j't'aime, vachement beaucoup.'' Grâce au 3615 Ulla, un service de rencontres pour adultes est lancé en 1987, plus besoin de passer une annonce dans le journal local. Il suffisait de s’inscrire et de choisir un pseudonyme pour discuter en direct avec d’autres utilisateurs en quête d’aventures d’un soir. On pouvait également recevoir des messages sur une boite aux lettres électronique et y répondre. Louis Roncin, fonda- teur d’AGL (Assistance Génie Logiciel) et à l’origine du 3615 Ulla, se souvient : Pour nous c’était très amusant et très excitant. C’était un service très libre, anonyme, et plutôt gentil par rapport à ce que l’on trouve sur Internet aujourd’hui. C’est pourtant son image sulfureuse qui a fait son succès, même si cela nous a valu la colère de plusieurs associations.
Avec plusieurs dizaines de milliers d’inscrits et un temps de connexion moyen de dix minutes, le 3615 Ulla demeure l’un des services les plus rentables du Minitel. Ce qui, à l’époque, suscitait la convoitise : Une ancienne prostituée nommée Ulla nous a intentés un procès à la fin des années 1980. Elle était d’ailleurs défendue par Gilbert Collard ! Nous avions été condamnés à lui verser 50 000 Franc (7622?), mais nous lui en avons ensuite offert dix fois plus pour avoir tous les droits sur le nom, raconte Louis Roncin.
Tout aurait pu continuer comme sur des roulettes, mais, dès le milieu des années 1990, le développement fulgurant d’internet provoquera le déclin du Minitel.
Rapidement, le minitel ne suffisait plus…
En 1998 on voit apparaître Netclub.com (Match.com), puis Meetic en 2001. Depuis, les sites de rencontre n’ont cessé d’évoluer et ont intégré progressivement des services de messagerie instantanée, chat par webcam, plateformes téléphoniques… Ces services évolutifs sont à l’origine de leur succès croissant. Meetic annonce en 2012 un chiffre d’affaires de 165 millions d’euros. Quant à Mecacroquer.com, le site a été lancé en février 2010 et compte aujourd’hui plus 20 000 inscrits. Mais la route a été longue pour que ces sites aient une éventuelle bonne image, et ne soient pas comme certains l'on pensé le repaire de brigands. Mais à force de persuasion, ils sont devenus un nouvel espace d'échange privilégié.
La fin d'une mort annoncée
Des minitels, il y en a eu jusqu'à 9 millions en France, tous les bureaux, toutes les entreprises avaient les leurs, principalement pour servir d'annuaire : avec le 3611, les 3 premières minutes étaient gratuites. '' Aujourd'hui, quand on dit minitel, ça fait ringard, mais c'était de bonnes prémices pour l'internet, c'était le SMS avant l'heure. '' Et on ne parle pas des messageries roses, les 3615 Ulla ou 3615 Cum, et autres noms évocateurs. À l'arrivée, la facture n'était pas toujours rose et on a imputé plus d'un divorce à la boîte beige et marron… Avec un coût de communication facturé jusqu’à 6 francs la minute (0,86 ?), le Minitel a été jugé trop coû- teux (et trop lent!) par de nombreux utilisateurs, qui l’ont progressivement délaissé au profit d’Internet.
Avec la fin du minitel, c'est un bruit, une musique chuintante qui entre au répertoire des sons oubliés. Lorsqu'on allumait la petite boite carrée reliée au téléphone, la recherche de tonalité durait une trentaine de secondes avant le long bip qui autorisait la connexion…''ça doit vous paraître interminable aujourd'hui avec l'internet !'' Sur le petit écran d'une vingtaine de centimètres, le Minitel n'offrait pas une photo, pas une vidéo, pas de couleurs, seulement des lettres en surbrillance. Le réseau support du Minitel a été débranché samedi 30 juin 2012 à 23 h 59, après trente ans de bons et rentables services. Ainsi avec le minitel, un monde nouveau s'est ouvert...