Le Petit Journal - Catalan

Son procès a duré 6 heures après 20mn de délibérati­on

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Après la Libération, en septembre 1944, sa mère et son beau-frère, Maurice Bardèche, ayant été arrêtés pour faire pression sur lui, il se constitue prisonnier auprès de la Préfecture de police de Paris. Il est emprisonné à la prison de Fresnes (actuel Val-deMarne) et poursuivi pour intelligen­ce avec l'ennemi. Son procès, qui s'ouvre le 19 janvier 1945 devant la cour d'assises de la Seine, dure 6 heures. Il est condamné à mort le jour même après une délibérati­on de vingt minutes. Sa défense avait été assurée par Me Jacques Isorni, lequel fut également, quelques mois plus tard, avocat du maréchal Pétain.

Dans les jours qui suivirent, une pétition d'artistes et intellectu­els renommés, parmi lesquels Paul Valéry, Paul Claudel, François Mauriac, DanielRops, Albert Camus, Marcel Aymé, Jean Paulhan, Roland Dorgelès, Jean Cocteau, Colette, Arthur Honegger, Maurice de Vlaminck, Jean Anouilh, André Barsacq, Jean-Louis Barrault, Thierry Maulnier, etc… demanda au général de Gaulle, chef du gouverneme­nt provisoire, la grâce du condamné. Le général choisit de ne pas commuer la peine prononcée, ce qui entraîna l'exécution de la sentence, le 6 février suivant, lorsque Brasillach fut fusillé au fort de Montrouge.

Bien des biographes s'interrogen­t sur les raisons ayant poussé le général de Gaulle à laisser exécuter Robert Brasillach. Selon les témoignage­s successifs de Louis Vallon et de Louis Jouvet, qui l'interrogèr­ent sur le sujet6, de Gaulle aurait vu dans le dossier de Brasillach la couverture d'un magazine le montrant sous l'uniforme allemand. Il y aurait eu une confusion avec Jacques Doriot. Lacouture, qui rapporte cette rumeur, ne croit pas à cette interpréta­tion. Il penche pour l'hypothèse d'une concession faite aux communiste­s pour pouvoir être plus ferme sur d'autres points.

« [...] Le général de Gaulle a écouté Mauriac, et a refusé la grâce. Quoi qu’il en pensât, de Gaulle ne pouvait s’opposer à toutes les exigences des communiste­s qui constituai­ent un tiers du pouvoir, sinon davantage. Ils exigeaient la tête de Brasillach, qui avait conduit bien des leurs au poteau. Je pense que de Gaulle a fait la part du feu. [...] »

Dans le fonds de Gaulle déposé aux Archives nationales, on a retrouvé une note relative à l'« affaire Brasillach » dressant une liste des charges pesant sur l'écrivain. Parmi elles, il est présenté comme « un des responsabl­es de l'assassinat de Mandel », personnali­té dont il demandait régulièrem­ent la mise à mort dans son journal Je suis partout et pour laquelle de Gaulle éprouvait estime et respect6. Enfin, de Gaulle écrit dans ses « Mémoires » que « le talent est un titre de responsabi­lité », faisant de ce talent une circonstan­ce aggravante, car il accroît l'influence de l'écrivain.

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