Le Petit Journal - Catalan

Lan maudit chez lui

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d'?uvre du crétinisme excité... Cette lecture m'a affligé ».

Seulement, comme pour Drieu la Rochelle qui aura le même parcours -mais aussi comme pour une foule de d'hommes de gauche tels que Doriot ou Déat-, Brasillach se laisse séduire part les grandes messes de Nuremberg et les premiers succès économique­s incontesta­bles du chancelier Hitler. De 1937 à 1943 (période entrecoupé­e d'une captivité en Allemagne de 1940 à 1941, à la suite de sa mobilisati­on et de la défaite française), Brasillach sera donc rédacteur en chef de l'hebdomadai­re Je suis partout, dans lequel il laissa transparaî­tre sa haine des Juifs, du Front populaire, de la République puis, sous l'Occupation, son admiration du IIIe Reich. Après cela Charles Maurras, le maître de l'Action Française refusera de le revoir après avoir affirmé : « Je ne reverrai jamais les gens qui admettent de faire des tractation­s avec les Allemands. »

En 1943, Brasillach cède sa place à Pierre-Antoine Cousteau, collaborat­eur plus militant, à la tête de l'hebdomadai­re. Persuadé de la justesse de ses idées comme au premier jour, Brasillach est paradoxale­ment évincé à cause de sa constance : fasciste convaincu, il réclame un fascisme à la française, qui soit allié au nazisme mais qui ne soit pas un simple calque ; partisan zélé de la victoire de l'Allemagne nazie, il la juge de moins en moins probable et refuse de mentir en l'annonçant comme certaine à un public qui n'y croit plus.

Après Je Suis Partout, Robert écrit dans L’Écho de la France et La Gerbe des chroniques de théâtre et de cinéma. C’est là qu’il publie Bérénice et finalise son Anthologie de la poésie grecque.

En septembre 1944, sa mère et son beau-frère, Maurice Bardèche, ayant été arrêtés par les communiste­s pour exercer une ignoble pression sur lui, Brasillach se constitue prisonnier auprès de la Préfecture de police de Paris. Il sera poursuivi pour intelligen­ce avec l'ennemi. Incarcéré à Fresnes, Robert retrouve celui qui deviendra un drôle de polémiste : François Brigneau. Confiant, il prépare sa défense avec Jacques Isorni. Cependant lorsqu’il apprend le 9 novembre 1944 que l’écrivain et journalist­e Georges Suarez – un juif fasciste – vient d’être fusillé sur ordre d’un tribunal d’exception, Robert Brasillach comprend qu’il est lui-même jugé par avance...

Son procès, qui s'ouvre le 19 janvier 1945 devant la cour d'assises de la Seine, dure six heures. Il est condamné à mort le jour même après une délibérati­on de vingt minutes. Sa dé- fense avait été assurée par Me Jacques Isorni.

Dans les jours qui suivirent, circula une pétition d'artistes et intellectu­els renommés, parmi lesquels Paul Valéry, Paul Claudel, François Mauriac, DanielRops, Albert Camus, Marcel Aymé, Jean Paulhan, Roland Dorgelès, Jean Cocteau, Colette, Arthur Honegger, Maurice de Vlaminck, Jean Anouilh, André Barsacq, Jean-Louis Barrault, Thierry Maulnier, Charles Dullin, Marcel Achard, etc., Certains écrivains emprisonné­s à cet instant auraient pu se joindre à eux comme Montherlan­t, Simenon ou La Varende.

La pétition demandait au général de Gaulle, chef du gouverneme­nt provisoire, la grâce du condamné. Le général choisit de ne pas commuer la peine prononcée, ce qui entraîna l'exécution de la sentence, le 6 février suivant, lorsque Brasillach fut fusillé au fort de Montrouge.

Seul l'infecte Jean Paul Sartre refusa de s’associer aux signataire­s, et se réjouit même de la condamnati­on de Robert Brasillach.

Bien des biographes s'interrogen­t sur les raisons ayant poussé le général de Gaulle à laisser exécuter Robert Brasillach. Selon les témoignage­s successifs de Louis Vallon et de Louis Jouvet, qui l'interrogèr­ent sur le sujet, de Gaulle aurait vu dans le dossier de Brasillach la couverture d'un magazine le montrant sous l'uniforme allemand. Il y aurait eu une confusion avec Jacques Doriot. Lacouture, qui rapporte cette rumeur, ne croit pas à cette interpréta­tion. Il penche pour l'hypothèse d'une concession faite aux communiste­s pour pouvoir être plus ferme sur d'autres points : « [...] Le général de Gaulle a écouté Mauriac, et a refusé la grâce. Quoi qu’il en pensât, de Gaulle ne pouvait s’opposer à toutes les exigences des communiste­s qui constituai­ent un tiers du pouvoir, sinon davantage. Ils exigeaient la tête de Brasillach, qui avait conduit bien des leurs au poteau. Je pense que de Gaulle a fait la part du feu. [...] »

Toutefois, dans le "fonds de Gaulle" déposé aux Archives nationales, on a retrouvé une note relative à l'« affaire Brasillach » dressant une liste des charges pesant sur l'écrivain. Parmi elles, il est présenté comme « un des responsabl­es de l'assassinat de Mandel », personnali­té dont il demandait régulièrem­ent la mise à mort dans son journal Je suis partout et pour laquelle de Gaulle éprouvait estime et respect. Enfin, de Gaulle écrit dans ses « Mémoires » que « le talent est un titre de responsabi­lité », faisant de ce talent une circonstan­ce aggravante, car il accroît l'influence de l'écrivain.

A Perpignan , le souvenir de Brasillach s'est donc perdu. Pas une rue, pas une impasse, pas une école maternelle ne lui sont dédiées. Seul un petit groupe de fascistes locaux s'est arrogé son nom. Ils n'ont jamais lu un seul roman de Brasillach, mais c'est le côté antijuif qui leur plait... Le seul perpignana­is qui ait tenté de dépasser l'Histoire à propos de Brasillach et de la soumettre aux absolution­s de la littératur­e, c'est André Bonet. Ce dernier est président du Centre Méditerran­éen de Littératur­e qu'il plaça longtemps sous le parrainge de François Nourissier et de Jean D'Ormesson, deux écrivains polis et cachés de la vieille droite royaliste qui n'ose plus se montrer depuis l'après guerre. Bonet est un homme de droite.

En 2002, espérant réussir un petit coup de réhabilita­tion en douce, juste en plein empire socialo-maçonnique, Bonet glisse dans les pages littéraire­s de "L'encyclopéd­ie du conseil général des Pyrénées-Orientales" un article élogieux consacré aux qualités de «littérateu­r » de Brasillach, mais en faisant largement l'impasse sur son passé de collaborat­ionniste durant l'Occupation. Bonet qui aime les écrivains par dessus tout, prendra seulement la précaution d'écrire que Brasillach s'est «lourdement trompé», mais pour ne pas insister davantage et pour en faire aussi la victime d'une «tragédie».

Naturellem­ent, la petite tentative en forme de sournoise justice sera dénoncée par Fabrice Thomas qui, ce jour-là, ne dormait dans sa niche que d'un oeil. Ce dernier, soutenu par les communiste­s pour la circonstan­ce, réclamera même à Christian Bourquin de brûler les deux milles exemplaire­s achetés par le Conseil général !

Un certain Robert Marty, esprit illuminé mais obscure, exigea aussitôt en y consacrant ses jours que Brasillach soit "jeté hors du Panthéon des Lettres Roussillon­naises où il n'aurait jamais dû entrer pendant que tous les miasmes qu'il aura laissés en auront été chassés !". Plus le procureur est grandiloqu­ent, plus nous devrions trembler au moins pour nous mêmes...

A Perpignan le seul nom de Brasillach sonne donc comme le tocsin des esprits vigilants. Même mort, Brasillach n'est pas né à Perpignan ! Cela ne peut pas être ! C'est impossible, on vous dit ! Même mort, ce n'est pas un grand écrivain, c'est juste un antisémite.

On peut condamner l'homme nazi et anti juif. Il a d'ailleurs déjà été exécuté pour cela. Mais l'écrivain hors du commun et son oeuvre magistrale doivent être réhabilité­s. Comme l'a été Louis Ferdinand Céline qui, lui, n'a pas été exécuté !

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 ??  ?? Il assura une chronique littéraire dans le quotidien L'Action française jusqu'en 1939, et dans L'Étudiant français durant la première moitié des années 1930. En accord avec la germanopho­bie répandue au sein de l'Action française, il est à cette époque...
Il assura une chronique littéraire dans le quotidien L'Action française jusqu'en 1939, et dans L'Étudiant français durant la première moitié des années 1930. En accord avec la germanopho­bie répandue au sein de l'Action française, il est à cette époque...

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