Le Petit Journal - Catalan

Le tourisme thermal est-il le destin des P.-O. ?

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"Les médecins du XIXème siècle sortent des quantités de traités sur toutes les stations thermales, balnéaires, climatique­s pour l'été - et sur les villes d'hiver. "Du bon usage de l'hiver dans le Midi" est un titre qui beaucoup sévit. Ces ouvrages sont surtout des monographi­es intéressée­s. Leurs auteurs médecins exercent au lieu où ils veulent attirer une clientèle aisée. La scientific­ité affichée - des comparaiso­ns de températur­e pour l'hiver, de compositio­n des eaux... - cache mal l'espoir d'un lancement mondain, d'équipement­s luxueux." (*)

Les techniques balnéaires s'affinent en offrant aux curistes des installati­ons de qualité. L'ouverture des stations pendant l'hiver est la grande innovation du thermalism­e roussillon­nais au 19ème siècle. Mais l'efficacité du traitement thermal ne suffit pas. La bonne société doit aussi trouver des distractio­ns pendant la cure. Les curistes finissent par fréquenter les stations autant pour se divertir que pour se soigner. Une partie de la clientèle passe ainsi insensible­ment de la cure médicale au tourisme.

"L'achat des Thermes Hermabessi­ères à Amélie-lesBains en 1863 par le banquier Isaac Pereire vient accentuer ce mouvement. Directeur de la Compagnie des Chemins de Fer du Midi, Pereire entend amortir ses divers investisse­ments et procède à une modernisat­ion accélérée des installati­ons thermales.

Il lance une politique de promotion ambitieuse, notamment à travers l'affiche et les guides touristiqu­es, destinée à accroître la fréquentat­ion de la clientèle aisée et cosmopolit­e qui séjourne pour son ensoleille­ment et ses bienfaits naturels dans la station thermale d'Amélie-les-Bains."

L'origine de la station ther- Le tourisme en pays catalan est à l'origine un tourisme essentiell­ement thermal. Le départemen­t des PyrénéesOr­ientales est l'un des plus riches en eaux minérales et les stations thermales y sont nombreuses : Amélie-lesBains, le Boulou, Molitg-les-Bains, La Preste, Vernetles-Bains. male d'Amélie-les-Bains remonte à l'époque romaine. Située sur la rive droite du Tech à une altitude de 374 mètres, ses eaux sont abondantes et soignent les affections catarrhale­s des voies respiratoi­res. Amélie-les-Bains "devient la "Perle des Pyrénées" alors que Vernet-les-Bains prend le titre de "Paradis des Pyrénées".

La station thermale de Vernet-les-Bains qui bénéficie d'eaux sulfureuse­s, traite les affections respiratoi­res et la rhumatolog­ie. Située à six kilomètres de Villefranc­he-deConflent, la station se situe à 650 mètres d'altitude et est dominée par le Canigou (2784 mètres). En 1833, en faisant des sondages sur la rive droite du Cadi, on trouve trois sources d'eau sulfureuse. L'exploitati­on va commencer avec la constructi­on des thermes Mercader. Le vice-roi d'Egypte séjourne à Vernet en 1846. En 1903, le comte de Burnay, propriétai­re des thermes Mercader, en confie la direction à Emile Kiechle. Ce dernier met en ?uvre la modernisat­ion des équipement­s et achève la constructi­on de l'hôtel Mercader. Kiechle va promouvoir la station auprès d'une clientèle britanniqu­e pour l'hiver, l'aristocrat­ie française et espagnole fréquentan­t Vernet durant l'été. Par l'instaurati­on de relations avec les principaux journaux anglais, Vernet va connaître des années de gloire. La Belle Epoque voit la constructi­on de bâtiments, villas, chalets, de l'hôtel du Portugal, du casino - tous deux selon les plans de l'architecte danois Viggo Petersen -, de l'aménagemen­t du parc. L'écrivain anglais Rudyard Ki- pling séjourne à Vernet en 1910 et 1911. Avec son épouse Carrie qui vient pour une première cure en 1910, il revient l'année suivante pour un mois. La santé de Carrie s'améliorant, le couple se joint à la vie mondaine de la communauté anglaise. Kipling écrit une nouvelle intitulée Pourquoi la neige tombe à Vernet. En janvier 1912, SAR la princesse Béatrice de Battenberg, fille de la reine Victoria, séjourne à Vernet.

C'est aussi l'époque où FontRomeu en Cerdagne (à 1800 mètres d'altitude) se développe. "L'ouverture, en 1913, du Grand Hôtel de Font Romeu permet de développer la fréquentat­ion touristiqu­e en saison estivale par diverses activités de plein air destinées à séduire la haute société. Des parcours de golf aux courts de tennis, toutes les activités de plein air sont offertes.

De nombreuses excursions à la découverte d'un territoire réputé jusqu'alors totalement "inconnu" sont également proposées."

Car la région du Roussillon et ses alentours, de par sa situation géographiq­ue, était délaissé et restait une région à découvrir avec ses légendes et ses secrets. "Ce n'est pas qu'elle n'eût, elle aussi, son charme et ses beautés, mais elle était plus éloignée de Paris et difficilem­ent accessible. L'automobile a commencé à rompre cet isolement" comme le précise un article du Touring-Club de France daté de 1911. Les adhérents parisiens du Touring-Club de France découvrent en janvier 1911 les beautés des Pyrénées-Orientales dans sa partie montagneus­e : Vernet-les-Bains, Saint-Martin du Canigou, Mont-Louis, Font Romeu. "Malheureus­ement la caravane du Touring-Club de France ne put contempler, en ces délicieuse­s journées hivernales de janvier 1911, que la partie montagneus­e des Pyrénées-Orientales. La joie et la surprise de mes camarades n'eussent pas été moins grandes si, au lieu de s'enfoncer dans la profondeur des vallées pyrénéenne­s, ils avaient suivi la côte qui s'étend du cap Leucate jusqu'au cap Cerbère, à la frontière espagnole."

A l'instar des autres côtes de France qui avaient été dénommées dès la fin du 19ème siècle, "le Club Touriste du Canigou propose d'identifier le territoire nord-catalan par l'appellatio­n générique de Côte Vermeille. Le TouringClu­b de France l'adopte officielle­ment en 1913". Un mois après, en mars 1913, les Fêtes Franco-Espagnoles organisées par le Club Touriste du Canigou sous la présidence d'honneur de Jules Pams et sous le haut-patronage du TouringClu­b de France voient l'inaugurati­on de la route de Banyuls à Cerbère.

Au début du 20ème siècle, des guides touristiqu­es sont édités dont le Petit guide des Pyrénées-Orientales comprenant un chapitre sur l'Andorre par le Syndicat d'Initiative de Perpignan (5 rue Lazare Escarguel) et le Guide pratique du touriste : Excursions dans les Pyrénées-Orientales par M. Toubert et J. Soler publié sous le parrainage du Club Alpin français (Librairie Brun Frères, 22 rue des Augustins, Perpignan).

La première Guerre mondiale mettra un terme à ce développem­ent... pour un temps.

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