Neige artificielle ou pistes en Teflon ?
Quand l’enneigement naturel fait défaut, les stations recourent à la neige artificielle – désormais appelée « neige de culture », pour des superficies de plus en plus grandes, désormais la presque totalité des pistes des grandes stations. Elle permet une meilleure préparation des pistes, une tenue plus longue de la neige, une sorte de compensation des principaux aléas climatiques… Toutefois, cette technologie est loin d’être la solution : en plus de ne pas valoir la « vraie » poudreuse pour les passionnés de glisse, elle est surtout coûteuse en énergie et en eau. « Cette eau est puisée dans les torrents, ce qui impacte sur les écoulements naturels, la vie aquatique et par là, les réseaux alimentaires associés, souligne Vincent Vlès, professeur des universités d’aménagement et urbanisme à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (Pyrénées-Atlantiques). En outre, la neige de culture représente un agent supplémentaire et non négligeable d’érosion. Et elle s’accompagne d’équipements lourds consommateurs d’eau et d’énergie, de travaux en altitude dont les biologistes ont démontré qu’ils modifiaient assez considérablement les écosystèmes locaux, les niveaux édaphiques [NDLR : rapport entre le sol et le vivant], les équilibres des bassins versants des vallées. » Pourtant, pour Laurent Reynaud, délégué général des Domaines skiables de France, « il n’y a pas de conflit d’usage de l’eau entre celui de la neige de culture et les autres usages. Bernard Malus, président de la section Pyrénées des Domaines skiables, renchérit : « A la Mongie, on prélève l’eau sur un barrage : mais on n’est loin de vider le lac ! En outre, on ne va pas enneiger l’ensemble de nos pistes : ça coûterait trop cher. A terme, on fermera peut-être des bouts de
stations ».
Quoi qu’il en soit, cette technologie ne permet pas de lutter indéfiniment contre la diminution de l’enneigement. Par conséquent, la neige artificielle est jugée comme « une béquille sur une jambe de bois » par la quasi-totalité des quelques études consacrées au sujet. Elle ne devrait pas permettre de garantir le produit ski au-delà de quinze à vingt ans. « Mais des recherches sont actuellement menées en France et aux Etats-Unis sur des dérivés totalement artificiels de neige de culture, à base d’ai- guilles de pin ou de confettis de Téflon, confie Vincent Vlès. Ils pourraient faire leur apparition sur les pistes d’ici 5 à 10 ans, tout comme les pistes ski intérieures, comme à Dubaï ou Barcelone...»