Pour la Cour des Comptes, l'avenir sera sombre...
Pour la chambres régionale des comptes (CRC) de MidiPyrénées, l’avenir de la trentaine de stations de ski alpin du massif des Pyrénées est d'ores et déjà en jeu. Confrontées au réchauffement climatique, à une difficulté d’accès, à une baisse de la fréquentation de 14 % entre 2005 et 2014, elles doivent revoir leur modèle économique. « La pérennité des stations de ski des Pyrénées est conditionnée à la nécessité d’atteindre une taille critique et de mettre en ?uvre une véritable stratégie de développement territorial qui ne soit plus exclusivement centrée sur le ski alpin, en particulier en moyenne montagne», est-il écrit dans le rapport de la cour des comptes présenté, le 11 février à Toulouse. « Nous sommes en présence d’un massif essentiellement aux mains des communes qui n’ont plus la surface financière pour venir en aide aux stations», poursuit-il. Or, elles sont de plus en plus sollicitées « pour apurer la dette (…). La prise en charge directe ou indirecte des dépenses des stations par les collectivités de rattachement, limite, par voie de conséquence les investissements dans d’autres secteurs », est-il écrit dans le rapport qui souligne « une aggravation de la vétusté des équipements (…) et une réduction du volume annuel des investissements», continuait le rapport. Mais, dans les Pyrénées Orien- tales, l'intercommunalité ne constitue qu'une suite de vicissitudes quasiment hilarantes à force de n'être animées que par un redoutable clientèlisme ... Ainsi la station d’Eyne s’unit à Saint-Pierre en 1996 pour mettre en commun son domaine skiable dans un « syndicat mixte du Cambre d’Aze » turbulent (ses conseils d’administrations sont émaillés de démissions, de grèves, de claquages de portes), puis passe en 2010 de la communauté Pyrénées-Cerdagne à celle du Capcir-Haut Conflent, défait en 2011 son Office de tourisme intercommunal pour le rendre communal, souhaite s’allier en 2012 seulement à Font-Romeu dans une expérience de label « village éco-terroir » qu’aucune commune voisine ne partage. Font-Romeu, justement, initialement unie à la communauté de Pyrénées-Cerdagne, en sort en 2012; Bolquère et Les Angles, « poids lourds » du ski catalan n’adhèrent à aucune communauté ; Formiguères vient de quitter le Syndicat de préfiguration des stations en difficulté pour faire cavalier seul ; Err finançait, seule, le syndicat d’exploitation du stade de neige du Puigmal qui l’associe pourtant à deux communes voisines : drôle de solidarité intercommunale. Majoritairement, les syndicats d’exploitation sont exigés par les banques pour recouvrir la dette, les domaines sont parfois gérés par des banquiers (cas du Cambre d’Aze), ils res- tent isolés, leur avenir est incertain et les relations avec les conseils municipaux sont tendues. Paradoxalement parce qu’elles ne peuvent en sortir seules, l’endettement enlève à ces stations toute stratégie d’ancrage solidaire et pérenne.